LE POINT DE VUE DE MARIE-HELENE LAFAGE - Les COP servent-elles encore à quelque chose ? C’est une question que l’on peut légitimement se poser, alors que se tient depuis la mi-novembre la COP 29 pour le climat en Azerbaïdjan, et alors que s’est achevée en Colombie la Cop 16 pour la biodiversité. Marie-Hélène Lafage fait le point.
Le terme de COP est l’acronyme de « Conference of Parties », ou “Conférence des Parties” en français. Ce sont des sommets internationaux qui réunissent chaque année les pays signataires de la Convention des Nations Unies pour lutter contre les changements climatiques. On entendait peu parler des premières COP. C’est à partir de la COP 15 à Copenhague que ces négociations internationales ont été médiatisées, avec la présence de chefs d’État, poussés par leurs opinions publiques de plus en plus sensibilisée. Les COP sont alors devenues des « Sommets pour le Climat », dont on espérait sortir avec un accord signé par tous les pays pour solutionner enfin le problème. Mais rien de mois simple puisqu’il s’agit de trouver un consensus entre pas moins de 200 pays…
En effet, les Accords de Paris ont répondu à cette attente d’un grand accord international, avec un engagement des pays pour maintenir le réchauffement climatique en-dessous de 2°. On se souvient que cela avait été une belle victoire diplomatique. Cet accord en lui-même résultait d’un long travail de négociation au gré des COP précédentes. Cela montre que les COP sont d’abord des espaces de discussion et de négociations internationales, lors desquels des accords peuvent être signés. Cela concerne autant les émissions de gaz à effet de serre que l’aide en direction des pays du Sud, dont on discute actuellement à la COP 29. Lors de la COP28 à Dubaï en 2023, un accord avait été signé pour acter l’objectif de sortie des hydrocarbures.
Malheureusement l’Accord de Paris n’était pas accompagné de moyens de contrôle et de moyens coercitif – c’est-à-dire de pénalités en cas de non respect. Et on sait aujourd’hui qu’on ne pourra pas atteindre l’objectif des 2 degrés qui y était inscrit. Cela pose la question de la structure des accords, de leur caractère contraignant. Aujourd’hui, face à la difficulté de conclure des accords mondiaux, on voit aussi, lors des COP, des sous-groupes de pays faire bande à part pour signer des engagements en espérant en entraîner d’autres. Au final, on peut regarder le verre à moitié vide et se dire que les COP n'ont pas été au rendez-vous. C’est vrai. Ou regarder le verre à moitié plein pour se dire que sans les COP, on n’aurait pas progressé, on n’aurait pas eu les quelques avancées obtenues en mettant le climat à l’ordre du jour de discussions mondiales. Et c’est vrai aussi. Alors les COP n’ont pas été au rendez-vous de l’urgence climatique, mais, comme le disait en 2023 Courrier International, si elles n'existaient pas, on serait bien obligés de les inventer.
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