LA CHRONIQUE DE GUILLAUME D’ABOVILLE - Notre pays semble de plus en plus divisé, avec des convictions de plus en plus irréconciliables. Comment faire pour retrouver une unité ? Éléments de réponses avec Guillaume d'Aboville, directeur général d'Enfants du Mékong et une anecdote venant des plateaux du Haut Vietnam.
Comment faire pour retrouver une unité ? Laissez-moi vous raconter une anecdote qui peut être une clef de lecture.
En 2014, j’étais dans la région de Da lat, dans les hauts plateaux du Haut Vietnam ; après plus de 11h de route chaotique, nous arrivons dans un petit village perché dans la montagne. Là, vivent une centaine de Hmongs, peuple guerrier qui a gardé ses traditions.
Le chef du village nous accueille avec tout le village. Tension et émotion de l’instant. On sent l’immense simplicité de l’habitat. Et la précarité de ceux qui vivent avec ce que leur donne le fruit de leur travail aux champs. Mais surtout la dignité immense de ceux qui sont fiers de leurs traditions.
Les enfants ne vont pas à l’école ; comme leurs parents. Par qui commencer ? Comment éviter les passe-droits et éviter les jalousies ?
Le chef de village réunit tout le village : on écoute, assis en tailleur, les palabres en Hmong sans en comprendre un mot. Puis, l’ancien se lève avec le chef du village. Ils nous disent : "Les anciens savent que la survie du village réside dans l’éducation des enfants." Après écouté chaque famille, nous avons établi la liste des 20 familles les plus pauvres et motivées. Pour les autres, on va mettre en place un système d’entraide.
Quelle leçon ai-je apprise ce jour-là. Si cela marche à l’échelle d’un village, alors ça peut marcher à l'échelle d'un pays.
Ce n’est pas Enfants du Mékong qui a un avis. Ce sont les pauvres qui nous donnent chaque jour une leçon de vie. Quand on les écoute, on peut transformer le monde. Ce qui semble impossible devient possible. Mère Térésa a eu cette folie d’aimer les mourants et les sidéens. Elle a été reconnue comme un acteur incontournable de la recherche contre le sida.
Servir les pauvres impose d’avoir une vision stable et d’espérance.
Servir les pauvres exige de chercher le bien commun.
Servir les pauvres suggère de déployer une subsidiarité.
Quand une société organisée se met à écouter et servir les plus vulnérables, elle retrouve étonnamment son fondement propre : une vision qui dépasse et qui unifie.
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En partenariat avec ENFANTS DU MÉKONG
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