Florent de Bodman - Le programme Abécédarian : 111 bébés suivis pendant 40 ans
En partenariat avec 1001mots
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Une grande étude du ministère des Solidarités a été publiée mardi, le jour de la Saint-Valentin. Un chiffre marquant : seule la moitié des familles qui voudraient une place en crèche en obtiennent une.
Depuis 10 ans, on a créé beaucoup de nouvelles crèches. Mais ça ne suffit pas : aujourd’hui, un enfant sur cinq seulement est gardé par une crèche. La demande reste beaucoup plus forte que l’offre, parce que les familles plébiscitent la crèche.
Donc il y a plus de crèches, mais toujours une forte pénurie. Et c’est assez étonnant pour un besoin aussi essentiel, et qui concerne autant de gens. On pourrait comparer avec d’autres besoins importants, comme le fait d’acheter de l’essence
pour sa voiture. En France, on serait choqués s’il n’y avait pas assez d’essence à vendre pour tous les conducteurs. Vouloir faire garder son bébé en crèche, c’est comme se retrouver dans un monde où il y aurait de l’essence seulement pour la moitié des acheteurs... Un monde où il y aurait en permanence d’immenses files d’attente anxiogènes devant les stations-services.
Et cette pénurie, elle va avec de fortes inégalités d’accès aux crèches. D’abord des inégalités selon l’endroit où on habite. Pour avoir une place en crèche, il faut habiter dans une grande ville. En région parisienne, il y a trois fois plus d’accès aux crèches que dans les communes rurales ! Mais depuis 10 ans, on a un peu réduit ces inégalités entre les territoires. Car c’est dans les petites villes qu’on a construit le plus de crèches. Si vous prenez des villes comme Saumur ou Bayeux, l’écart par rapport à Paris s’est vraiment réduit.
Les inégalités sociales face aux crèches ne se sont malheureusement pas réduites en 10 ans, ou très peu. Si on compare les enfants des cadres avec les enfants des ouvriers, les premiers ont toujours quatre fois et demie plus de chances de se retrouver à la crèche ! La crèche reste un privilège des familles riches.
C’est d’autant plus décevant qu’Emmanuel Macron voulait changer cela. Il y a cinq ans, il avait lancé un plan pour réduire les inégalités dès la petite enfance. Il voulait améliorer fortement l’accès des familles pauvres aux crèches. Cinq ans plus tard, malheureusement, il n’a pas changé la donne là-dessus.
Si le gouvernement actuel veut faire mieux, il y a un point-clé : il devrait se fixer un objectif précis et quantifié. Par exemple : offrir une place en crèche pour un tiers des familles pauvres dans cinq ou dix ans. Et surtout, il devrait ensuite mesurer cet indicateur très régulièrement : donc faire une enquête chaque année, et non pas tous les dix ans comme c’est le cas actuellement.
Pour en savoir plus
> L’étude du ministère des Solidarités [PDF]
> Le résumé de l’étude dans Le Monde
> Les propositions du think tank Terra Nova
Chaque semaine, retrouvez Florent de Bodman ou Nathalie Encinas pour décrypter l'actualité touchant à la petite enfance et relayer les actions de 1001mots.
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Florent de Bodman est le cofondateur de l’association 1001mots et l'auteur de l’essai "À portée de mots" (éd. Autrement, 2021).
Nathalie Encinas, puéricultrice, est la directrice d’un service petite enfance dans l’Essonne, administratrice de l’association 1001mots.
Avec le soutien de la Fondation d'Entreprise Groupe ADP.
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