Parfois, à la messe, la beauté d'un chant, plus qu'une lecture ou une homélie, nous saisit et nous fait entrer dans le mystère de la foi. Qui écrit ces chants que l'on chante à la messe ? Un bon chant liturgique est-il un chant que tout le monde peut chanter ? À travers le chant liturgique, se pose la question de la participation des fidèles.
En ce temps de l'Avent, on a déjà en tête quelques chants de Noël. "Douce Nuit" ou "Il est né le divin enfant" sont souvent repris en chœur par toute l'assemblée lors de la messe de minuit. Justement, un bon chant liturgique doit permettre à tous les fidèles de prier et donc de participer à la liturgie. Mais qu’est-ce qu’un bon chant liturgique ? Et qui sont les auteurs-compositeurs d'aujourd'hui ?
Qu’est-ce que la liturgie ?
La liturgie, d’après son étymologie en grec, signifie "action du peuple". Dans l’Église catholique, c’est donc "le peuple chrétien qui se rassemble en mémoire du Christ", explique le Père Étienne Uberall.
La liturgie, ce n’est pas que la messe dominicale, c’est aussi par exemple ce que l’on appelle la prière des heures, ainsi que tous les sacrements. La liturgie est structurée par le missel romain.
Un chant liturgique doit pouvoir aider à prier dans le cadre spécifique de la liturgie. Il y a une "intelligence de la liturgie", souligne Béatrice Sépulchre, liturgiste formée à l’ISL (Institut supérieur de liturgie de Paris) et membre de GPS Trio. Et cela passe par l’intelligence mais aussi "par l’émotion, par le cœur, par le corps".
"Dans l’absolu un bon chant liturgique, c’est d’abord un texte, souligne le Père Uberall. Contrairement à la chanson de variété où il y a d’abord une musique et souvent un texte qui va être déposé sur des notes, le chant liturgique, la plupart du temps, part d’un texte écrit par un poète de qualité." Pour le prêtre de Strasbourg, membre du comité de rédaction de Chantons en Église, un bon auteur-compositeur de chants liturgiques doit être "à la fois poète et théologien".
Ainsi, Jacques Berthier, Henri Dumas, Jo Akepsimas, Didier Rimeau, Joseph Gelineau, Marie-Pierre Faure, mais aussi Michel Scouarnec ou Charles Singer sont quelques-uns des grands noms de la liturgie francophone d’après le concile Vatican II. "La plupart étaient prêtres, formés à la théologie", précise Étienne Uberall. Et avaient le souci d’être "au service de l’assemblée liturgique".
Le chant liturgique doit pouvoir être chanté par tous. "L’enjeu, pour Étienne Uberall, c’est de dire « nous » et non pas « je ». Nous ne sommes pas une somme d’individus nous sommes le corps du Christ." Pour Béatrice Sépulchre, c’est tout "le défi, l’objectif du chant", de pouvoir "permettre à tout le monde de participer et de prier, et de peut-être aussi rencontrer les personnes qui sont là, et entrer dans un mystère, quelque chose qui nous dépasse."
Parfois, il suffit qu’un chant soit d’une tonalité trop élevée pour que l’assemblée ne puisse pas le chanter. Parfois, c'est son côté triste ou ennuyeux qui décourage les fidèles. Ou encore la formation d’une chorale. "Dans le diocèse de Lyon, dans la paroisse où je suis, où on a des prêtres de la communauté Saint-Martin, ils recréent des petits groupes chorals… L’assemblée chante moins, l’assemblée n’est plus valorisée par son chant", regrette Marie-Bernadette, chantre dans une paroisse de Lyon. Dans une autre paroisse, témoigne Marie, la chorale a même créé "une division" au sujet du répertoire de cette chorale, jugé trop traditionnel par certains.
Pour qu’une chorale ne soit pas synonyme de confiscation de la liturgie, Béatrice Sépulchre suggère d'en "diversifier" le répertoire. La liturge remarque par ailleurs que les chorales, comme par exemple "Ecclesia Cantic" ou "des chorales multiculturelles ou interreligieuses… sont une porte d’entrée pour la foi et notamment pour des jeunes."
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Que deviennent les chants anciens qui ont fait les beaux jours de la liturgie paroissiale ? Il arrive que l’on redécouvre certains chants tandis que d’autres se démodent. "Il y a des chants qui aujourd’hui n’évoqueraient plus ce pourquoi ils ont été écrits à une certaine époque", admet le Père Uberall.
Il y a eu un tournant avec les communautés nouvelles. Ainsi la communauté de l’Emmanuel, "qui a fait son répertoire d’abord à destination de sa propre communauté, raconte le Père Uberall, ils se sont aperçus que leur répertoire faisait écho dans les paroisses". Le prêtre de Strasbourg tient même à "rendre hommage" à leur "souci de qualité" au service de la vie paroissiale. "Je rends hommage à tous ceux qui dans ces communautés-là ont pris conscience de l’importance du chant."
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