Ce dimanche les catholiques célèbrent la fête du baptême de Jésus. L'évangile de Luc décrit ce moment fondateur où Jésus est baptisé par Jean dans le Jourdain. Un rite de purification qui existait déjà à l'époque antique. Mais pourquoi Jésus a-t-il eu besoin d'être purifié ?
Évangile du dimanche 12 janvier (Lc 3, 15-16, 21-22)
Le peuple était en attente, et tous se demandaient en eux-mêmes si Jean n’était pas le Christ. Jean s’adressa alors à tous : « Moi, je vous baptise avec de l’eau ; mais il vient, celui qui est plus fort que moi. Je ne suis pas digne de dénouer la courroie de ses sandales. Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et le feu...
Comme tout le peuple se faisait baptiser et qu’après avoir été baptisé lui aussi, Jésus priait, le ciel s’ouvrit. L’Esprit Saint, sous une apparence corporelle, comme une colombe, descendit sur Jésus, et il y eut une voix venant du ciel : « Toi, tu es mon Fils bien-aimé ; en toi, je trouve ma joie. »
Source : AELF
En ce dimanche 12 janvier, l’Église catholique célèbre la fête du Baptême du Seigneur. Une fête qui marque la fin du temps liturgique de Noël et le début du temps ordinaire. C’est le début du ministère public de Jésus : âgé d’environ trente ans, d’après l’évangile, Jésus est baptisé par Jean. Et c’est à partir de ce moment-là qu’il va accomplir sa vocation, ce pourquoi il est venu sur terre.
Pour décrire cette scène fondatrice du baptême de Jésus, l’évangéliste Luc, qui est "un bon écrivain", rappelle le Père Benjamin Osio, de la congrégation du Saint-Esprit, donne un certain nombre de précisions d’ordre historique. Dès le début du chapitre 3, Luc indique que cela se passe en "l’an quinze du règne de l’empereur Tibère, Ponce Pilate étant gouverneur de la Judée…" Si l’auteur se montre ainsi "attentif aux détails" c’est pour faire de ce moment un moment fort dans l’esprit du lecteur.
La scène se passe au bord du Jourdain, où Jean baptise. Contrairement à Jésus, ce dernier a déjà commencé son ministère. "Il devance Jésus et prépare ses chemins, c’est sa mission il en est bien conscient", explique le Père Osio. À l’inverse Jésus est resté jusque-là, "confiné dans sa maison, dans sa famille, dans son métier, dans une vie sociale". Ce qui se passe dans ce texte est "une inauguration". Il s’agit d’un moment où "Jésus décide de rendre sa vie publique, de commencer son ministère public".
Au temps de Jésus, l’occupation romaine pèse sur les habitants de Judée. Il s’agit d’une époque difficile. On devine que l’attente d’un messie annoncé par les prophètes était d’autant plus prégnante. C’est en tout cas ce que décrit Luc : "Or le peuple était en attente, et tous se demandaient en eux-mêmes si Jean n’était pas le Christ." (Lc 3, 15) Mais Jean, image même de l’humilité, ne se prend pas pour le messie. "Jean échappe à cette tentation d’orgueil c’est la clé, nous dit le Père Osio. Je suis celui que le Père me demande d’être, je ne me prends pas pour quelqu’un d’autre."
Le baptême que propose Jean est "un baptême de conversion". Le baptême n'est pas une invention chrétienne, l’idée de se purifier dans une eau vive était courante à l’époque. "Il y a une dimension publique dans ce baptême de Jean, observe Benjamin Osio, il s’agit de reconnaître ses péchés peut-être même publiquement, de reconnaître qui on est ce que l’on a fait, de le regretter. Et puis de plonger dans l’eau et non seulement de recevoir une grâce de purification."
Pourquoi donc Jésus, fils de Dieu, aurait besoin d’être purifié ? Aurait-il commis quelque péché ? "Aucun péché, ça c’est sûr !" répond Le Père Osio. À l’époque antique, si l’eau est associée à la purification, elle symbolise aussi la mort. "Plonger dans l’eau c’est plonger dans la mort et ressurgir à la vie", explique le Père Osio. En un sens le baptême de Jésus résume toute sa vie. "Il récapitule et accomplit à travers ce geste ce qui va être tout son ministère, toute sa vie, jusqu’à sa mort et sa résurrection. Il récapitule l’histoire du salut." En se faisant baptiser, Jésus se montre pleinement humain.
Ce baptême fait aussi figure "d’engagement". Le baptisé "s’engage à pratiquer la justice, le partage… On est responsable incivilement, personnellement devant Dieu devant les autres pour ce que l’on est, pour ce que l’on fait". Jésus a-t-il eu pleinement conscience de sa vocation, de ce à quoi il s’engageait ? Luc donne à cette scène un aspect grandiose : "le ciel s’ouvrit", dit-il. Et la voix de Dieu retentit, qui vient "confirmer" l’appel du Fils, nous dit le Père Osio. "Sans doute Jésus n’a-t-il pas conscience de comment sa vocation va se dérouler. Mais il sait qu’il a une mission à accomplir pour son père, pour l’humanité, et que c’est l’histoire de sa vie."
Peu de nos contemporains connaissent les Évangiles. Ils n'y sont pas hostiles mais ils n'ont plus d'occasion d'y avoir accès. C'est partant de ce constat que, avec l'éclairage d'un bibliste, Béatrice Soltner propose chaque semaine un texte d'Évangile pour qu'il soit entendu (ou réentendu), pour en savourer la nouveauté et faire l'expérience que - si incroyable que ce soit à l'heure de l'instantanéité - cette parole écrite il y a plus de 2.000 ans nous rejoint toujours au plus profond.
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