L'évangile de ce dimanche est un extrait du célèbre "discours du pain de vie", au chapitre 6 de l'évangile de Jean. Jésus, pour dire qui il est, se décrit comme "le pain qui est descendu du ciel". Il fait référence à la manne, cette nourriture tombée du ciel dans le Livre de l'Exode. Mais en hébreu "man" est une question, qui veut dire : "Qu'est-ce que c'est ?"
Évangile du dimanche 11 août (Jn 6, 41-51)
Les Juifs récriminaient contre Jésus parce qu’il avait déclaré : « Moi, je suis le pain qui est descendu du ciel. » Ils disaient : « Celui-là n’est-il pas Jésus, fils de Joseph ? Nous connaissons bien son père et sa mère. Alors comment peut-il dire maintenant : “Je suis descendu du ciel” ? »
Jésus reprit la parole : « Ne récriminez pas entre vous. Personne ne peut venir à moi, si le Père qui m’a envoyé ne l’attire, et moi, je le ressusciterai au dernier jour. Il est écrit dans les prophètes : Ils seront tous instruits par Dieu lui-même. Quiconque a entendu le Père et reçu son enseignement vient à moi. Certes, personne n’a jamais vu le Père, sinon celui qui vient de Dieu : celui-là seul a vu le Père.
Amen, amen, je vous le dis : il a la vie éternelle, celui qui croit. Moi, je suis le pain de la vie. Au désert, vos pères ont mangé la manne, et ils sont morts ; mais le pain qui descend du ciel est tel que celui qui en mange ne mourra pas. Moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel : si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement. Le pain que je donnerai, c’est ma chair, donnée pour la vie du monde. »
Source : AELF
De nouveau, il est question de nourriture dans l'évangile du dimanche. Et de nouveau, Jésus lui-même se désigne comme nourriture pour le monde. Ce texte fait partie de ce que les commentateurs nomment le discours du pain de vie, au chapitre 6 de l’évangile de Jean - même si c'est un thème qui revient souvent chez Jean.
Rappelons que l'évangile de Jean a été écrit vers l’an 100. C’est le plus récent des quatre évangiles. "Il y a un peu de recul avec l’histoire, explique le Père Antoni, et une forme de réflexion théologique qui a pu se mettre en place." Cet évangile qui se démarque des trois autres - les synoptiques - est "très spirituel" et aussi "très dense". Le Père Antoni insiste sur la complexité du discours du pain de vie, qui peut "faire peur à pas mal de commentateurs" !
Dans l’évangile de ce dimanche, Jésus répond à des "Juifs" qui le questionnent et qui veulent savoir qui il est. C’est là une clé de la technique narrative de Jean : il permet à Jésus de se révéler au contact d’autres personnes. « Quand Jean dit : "les Juifs", c’est un collectif mais c’est aussi une forme de personne, analyse le Père Antoni. Attention ce ne sont pas les croyant juifs, ce sont les opposants. » Jean place donc en vis-à-vis Jésus et un groupe de personnes : c’est par ce jeu d’opposition et de questions-réponses en forme de joute oratoire, que Jésus peut délivrer son message.
Contrairement à l’évangile du dimanche précédent, ce n’est pas exactement à une foule anonyme que Jésus s’adresse. Ces "Juifs" sont comme un seul et même personnage. Tout au long de l’évangile de Jean, ils tiennent le rôle d’opposant. « Au début ils murmurent, puis ils récriminent jusqu’à hurler : "Crucifie-le". C’est comme un personnage, si vous voulez, qui traverse l’évangile en étant tout le temps en opposition avec Jésus. »
Jean montre en particulier que "les Juifs" ne croient pas Jésus quand celui-ci dit : "Moi, je suis le pain qui est descendu du ciel." Comment un homme peut-il en effet se dire nourriture et donner sa chair à manger ? Nous-mêmes, qui pouvons trouver irrecevable cette parole, n’avons pas de peine à imaginer combien l’enseignement de Jésus a choqué ceux qui l'ont reçu.
Si Jean précise que les interlocuteurs de Jésus sont des "Juifs", c’est bien pour faire référence à quelque chose qui leur est familier : en l'occurrence la manne. Il s'agit de la nourriture tombée du ciel dans la bible hébraïque, citée au deuxième livre de la Torah - le Livre de l’Exode pour les chrétiens. En hébreu "man" est une question. Cela signifie : "Qu’est-ce que c’est ?"
Pour s’approcher du Seigneur et pour le reconnaître, il faut être en questionnement et surtout pas en certitude
En lisant cet évangile, il semble que "les Juifs ont oublié", nous dit le Père Antoni, que "man" était une question. "Et ils oublié que pour s’approcher du Seigneur et pour le reconnaître, il faut être en questionnement et surtout pas en certitude. Ils ont oublié que la vérité se cherche encore et encore."
C’est là tout l’enseignement de Jésus quand il dit qu’il se donne en nourriture. "Il y a quelque chose, là, à reconnaître dans la présence du Christ comme étant à la fois l’héritier de cette expérience du peuple juif avec la sortie d’Égypte et la manne, analyse Sébastien Antoni, et également à retrouver pour eux le questionnement que la manne elle-même portait, à elle toute seule, dans sa question."
Cette manne nous invite à considérer que "Dieu est toujours neuf pour chacun" et que "ce n’est pas un savoir qui nous serait transmis et donné et auquel il n’y a qu’à adhérer et accepter, c’est plus un questionnement".
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