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La Règle de saint Benoît : alterner travail, prière "et respiration"

RCF, le 28 mars 2024 - Modifié le 29 mars 2024

 

Elle a été écrite il y a près de 1500 ans pour des hommes. La Règle de saint Benoît, l’une des règles monastiques les plus célèbres, inspire et guide aujourd'hui des milliers d'hommes et de femmes dans le monde. Malgré les siècles, l'esprit de la règle ne vieillit pas : il s'agit d'alterner travail, prière "et respiration".

 

Pour la Semaine sainte, RCF vous propose d'aller à la rencontre des moniales bénédictines de la congrégation de sainte Bathilde, installées au monastère de Saint-Thierry (Marne) ©RCFPour la Semaine sainte, RCF vous propose d'aller à la rencontre des moniales bénédictines de la congrégation de sainte Bathilde, installées au monastère de Saint-Thierry (Marne) ©RCF

 

La Règle de saint Benoît continue d'inspirer des milliers de moines et des moniales aujourd'hui un peu partout dans le monde. Pour la Semaine sainte, les équipes RCF ont installé leurs studios au cœur du monastère de Saint-Thierry (Marne), où vivent une vingtaine de bénédictines de la congrégation de sainte Bathilde. Sœur Marie-Anne nous explique ce que signifie vivre selon une règle monastique.

Qu’est-ce que la Règle de saint Benoît ?

La Règle de saint est une règle monastique écrite par Benoît de Nursie au VIe siècle. Il était ermite et vivait dans une grotte – devenue le sanctuaire du Sacro Speco, près de Rome - lorsqu'on est venu le solliciter pour diriger une communauté de moines après la mort de son supérieur. Benoît a fini par accepté mais cela ne s’est pas passé comme prévu.

"Lorsque saint Benoît est arrivé, raconte Sœur Marie-Anne, il a voulu remettre un petit peu d’ordre, réglementer la vie de ces moines qui vivaient un peu selon leur propre idée. Et en fait ça ne leur a pas plu, ces moines, qui pourtant avaient supplié Benoît de venir les diriger. Ils ont même cherché à empoisonner Benoît !" De cet épisode, Benoît a tiré une leçon. "Il a compris qu’on ne pouvait pas trop exiger des frères et qu’il fallait pouvoir s’adapter à chacun."

Sa règle monastique peut quand sembler exigeante. Au long de ses 73 chapitres, quasiment tous les détails de la vie quotidienne sont réglementés. Malgré tout, ce qui frappe, c’est quand même la grande "sagesse" de cette règle, selon sœur Marie-Anne, qui remarque que "saint Benoît regarde ses frères et connaît aussi ses faiblesses et la faiblesse de tout homme".

 

La Règle de saint Benoît ? "On ne la prend pas au pied de la lettre"

Une règle de vie monastique écrite il y a près de 1.500 ans pour des hommes peut-elle s’appliquer à des femmes du XXIe siècle ? En lisant la Règle de saint Benoît, on est frappé parfois par sa tonalité plutôt sévère. Par exemple, au chapitre 45, un passage peut sembler dur : "Celui qui fait une erreur en disant un psaume, un répons, une antienne et n’en fait pas réparation sur le champ devant tous subira un châtiment plus sévère." Sœur Marie-Anne nous rappelle d'abord que cette règle, les moniales ne la prennent "pas au pied de la lettre". "On n’est pas fondamentalistes heureusement ! Il y a des passages d’ailleurs qui choquent et heureusement qu’ils choquent aujourd’hui. Je pense qu’on a quand même évolué depuis le VIe siècle."

Mais il faut comprendre que saint Benoît accorde une grande importance au "corps communautaire", explique Sœur Marie-Anne. "C’est une dimension importante dans la Règle de saint Benoît, quand on fait quelque chose qui va blesser le corps communautaire ou même au cœur de l’office lorsqu’on fait une fausse note… On fait satisfaction, c’est-à-dire une petite inclinaison pour montrer qu’on s’est rendu compte qu’on a fait un écart."

Vivre selon la Règle de saint Benoît, ce n’est pas vivre pour la règle. On vise une vie harmonieuse dans une communauté. "Il reste juste qu’il y ait des repères pour que la communauté puisse vivre en bon ordre et le bon ordre crée la paix malgré tout. Et lorsqu’on se trompe ou lorsqu’on fait une erreur ça va impacter la communauté donc il faut que celui qui a fait une erreur ou a blessé le corps communautaire, puisse manifester son regret."

 

Dans la règle, il y a vraiment cette attention de l’aîné, du plus jeune, du malade et celui qui est bien portant... Il y a ce va-et-vient qui permet à chacun de prendre sa place

 

La Règle de saint Benoît un outil de management ?

Il y a beaucoup de choses dans la Règle de saint Benoît qui ont de quoi nous inspirer pour vivre dans le monde d’aujourd’hui. Comme par exemple l'alternance entre travail, prière et respiration - et notamment l’alternance entre travail intellectuel et travail manuel, comme le fait remarquer Sœur Marie-Anne. 

Il y a aussi l’attention aux autres. "Dans la règle, il y a vraiment cette attention de l’aîné, du plus jeune, du malade et celui qui est bien portant. Et sans cesse, il y a ce va-et-vient qui permet à chacun de prendre sa place et d’être en communion avec les autres sans se sentir un poids pour la communauté quand on est faible ou malade." La Règle de saint benoît prévoit notamment que les aînés malgré leur grand âge puissent participer à la vie communautaire et rendre des services.

Pour certains, la Règle de saint Benoît peut même inspirer les dirigeants d’entreprise et servir d’outil de management. Sœur Marie-Anne émet toutefois quelques réserves à ce que certains appellent le "moinagement". La moniale souligne que "toute la sagesse de la Règle de saint Benoît, y compris pour le mode de gouvernement de la communauté, a son ressort dans la vie spirituelle, dans la vie en Christ… Si on dépouille la Règle de saint Benoît pour en faire juste un manuel de bon cadre dirigeant, j’ai quelques questions là-dessus !"

Mais la Règle de saint Benoît est bien "un manuel de vie chrétienne", précise Sœur Marie-Anne. "Et si un cadre dirigent un chef d’entreprise veut vivre son métier avec la vie chrétienne, il peut s’appuyer sur la Règle de saint Benoît, bien sûr !"

 

Pernille Simone ©RCF
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
Vivez Pâques 2024 et la Semaine sainte avec les bénédictines
Pernille Simone ©RCF
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