"Le Christ est ressuscité, il est vraiment ressuscité !" disent les chrétiens au jour de Pâques. Ils proclament la victoire de Jésus sur la mort : désormais avec le Christ, la mort biologique n'est plus la fin de la vie. Pour autant, la mort ne cesse pas d'être une question. Que nous dit la Bible, et en particulier les livres de la Sagesse et de Job, de la mort ? En quoi la question de l'au-delà interpelle l'homme dans son rapport à Dieu ?
Le désir d’immortalité traverse l’humanité. “Ce sont des questions universelles, qui accompagnent la vie de l’homme depuis toujours.” Devant le mystère de la mort, l’être humain n’a cessé de s’interroger. Et d’entretenir des croyances au sujet de l’au-delà. Ainsi, “la mort est intrinsèquement liée à la croyance de Dieu”, observe Antonella Bellantuono, docteure en histoire des religions, enseignante à la faculté de théologie de l'université catholique de Lille, spécialiste de la Septante et de la littérature juive hellénistique. Dans la Bible, deux textes interrogent la place de la mort : le Livre de la Sagesse et le Livre de Job, qui en livrent une conception bien différente.
Le Livre de Job raconte l'histoire d'un homme intègre et droit, surnommé “l’homme le plus riche des fils d’Orient” (Jb, 1, 3), touché par la mort de ses proches. “Il ne doute pas forcément de Dieu mais il se questionne sur sa vie et la motivation pour laquelle il est né. Il ne comprend pas pourquoi Dieu ne lui parle pas”, explique Antonella Bellantuono. "Dans le texte de Job, on parle de la souffrance qui vient avant la mort, qui oblige l’homme à se confronter à son destin et sa précarité."
Le Livre de la Sagesse apporte, lui, une aide pour devenir “sage”. “Ce livre est adressé à celui qui possède le pouvoir, au roi et aux hommes pour suivre la sagesse de Dieu.” Dans le livre de la Sagesse, il y a la conception d’un Dieu qui peut soumettre l’Homme à des épreuves “pour corriger son être”, analyse la spécialiste. “L’homme est encouragé à bien agir, parce que nous avons peur de la mort et du jugement”, ajoute l’enseignante.
"Avant le Christ, la mort était une fin, pour le corps et l’âme. Comme dans l'Odyssée d’Homère : il descend en enfer, se trouve en face du royaume des morts, où les âmes sont des ombres sans personnalité", précise Antonella Bellantuono.
Dans les représentations juives, “il n’y avait pas de paradis”. La mort “était un lieu obscur, où même les rois d'Israël n’avaient pas de valeur”, argumente la spécialiste de la littérature juive hellénistique. Dans le judaïsme, “la mort est la chose la plus dangereuse où Dieu est absent, c’est un lieu plein de vermine”, ajoute l’historienne.
Beaucoup d'historiens expliquent le succès du christianisme grâce à sa conception d’une autre vie après la mort. Les esclaves, par exemple, sont devenus chrétiens, avec l’espérance d’une vie prochaine meilleure. Pour la spécialiste des religions, le Christ nous a libérés de la peur de la mort. "Sa mort est liée au Salut et a permis à l’homme de se libérer des péchés. Avant, l’homme mourrait avec ses péchés."
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