Dans l'Évangile de ce dimanche, il est question de couper son bras ou son pied... Les paroles de Jésus étonnent par leur violence. Et s'il voulait pousser les disciples dans leurs retranchements ? En tout cas, l'évangéliste Marc aime présenter les disciples comme des gens qui décidément ne comprennent pas le message du Christ. Un peu comme nous aujourd'hui, finalement !
Évangile du dimanche 29 septembre (Mc 9, 38-48)
Jean, l’un des Douze, disait à Jésus : « Maître, nous avons vu quelqu’un expulser les démons en ton nom ; nous l’en avons empêché, car il n’est pas de ceux qui nous suivent. »
Jésus répondit : « Ne l’en empêchez pas, car celui qui fait un miracle en mon nom ne peut pas, aussitôt après, mal parler de moi ; celui qui n’est pas contre nous est pour nous. Et celui qui vous donnera un verre d’eau au nom de votre appartenance au Christ, amen, je vous le dis, il ne restera pas sans récompense.
« Celui qui est un scandale, une occasion de chute, pour un seul de ces petits qui croient en moi, mieux vaudrait pour lui qu’on lui attache au cou une de ces meules que tournent les ânes, et qu’on le jette à la mer. Et si ta main est pour toi une occasion de chute, coupe-la. Mieux vaut pour toi entrer manchot dans la vie éternelle que de t’en aller dans la géhenne avec tes deux mains, là où le feu ne s’éteint pas.
Si ton pied est pour toi une occasion de chute, coupe-le. Mieux vaut pour toi entrer estropié dans la vie éternelle que de t’en aller dans la géhenne avec tes deux pieds. Si ton œil est pour toi une occasion de chute, arrache-le. Mieux vaut pour toi entrer borgne dans le royaume de Dieu que de t’en aller dans la géhenne avec tes deux yeux, là où le ver ne meurt pas et où le feu ne s’éteint pas.
Source : AELF
Ce passage de l’Évangile de Marc suit un épisode où les disciples se demandent qui des douze est le plus grand et où Jésus leur dit que la vraie grandeur c’est d’être petit. Au début de ce texte, les disciples semblent encore empêtrés dans cette grandeur.
"Marc ne rate jamais une occasion de nous montrer les disciples comme des gens qui ne comprennent pas vite, explique Anne Faisandier, qui comprennent à côté, qui ne comprennent pas du tout même, parfois !" Mais il y a là quelque chose de rassurant, en un sens, cela nous autorise à être nous-mêmes empêtrés devant un texte comme celui de l’Évangile du jour...
Dans ce texte il est question d’expulser les démons. Un langage que l’on utilise peu aujourd’hui. Et qui renvoie à l’idée de préparer le terrain, faire de la place pour accueillir la parole de Dieu.
Chasser les démons cela revient à enlever tout ce qui peut faire obstacle à la parole de Jésus. "Une parole qui ne s’imposera pas, note Anne Faisandier, ce n’est pas une parole qui passe en force, la parole du Christ, c’est une parole fragile."
Ce passage d’Évangile étonne par sa violence. Il est question de couper son bras ou son pied, de s’arracher un œil… Ici, Anne Faisandier précise que Jésus s’adresse à ses disciples qu’il pousse dans leurs retranchements. On est au chapitre 9 de l’Évangile de Marc : bientôt va suivre le récit de la Passion. Ce qui va se passer est tout sauf un triomphe.
Jésus invite ses disciples à comprendre que leur "trop-plein de satisfaction ou de pouvoir" c’est précisément ce qui les empêche de comprendre son message. Pour Anne Faisandier, "plus vous êtes proche de Jésus, plus vous devez être exigeants avec vous-même, vous regarder honnêtement et en vérité".
Peu de nos contemporains connaissent les Évangiles. Ils n'y sont pas hostiles mais ils n'ont plus d'occasion d'y avoir accès. C'est partant de ce constat que, avec l'éclairage d'un bibliste, Béatrice Soltner propose chaque semaine un texte d'Évangile pour qu'il soit entendu (ou réentendu), pour en savourer la nouveauté et faire l'expérience que - si incroyable que ce soit à l'heure de l'instantanéité - cette parole écrite il y a plus de 2.000 ans nous rejoint toujours au plus profond.
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