Dans l'évangile de ce dimanche, qui suit la fête de Noël, Jésus est encore nourrisson. Sa famille accomplit les rites de la vie juive de l'époque : la circoncision pour le nouveau-né et le rite de purification pour Marie. Cet évangile nous rappelle le sens de l'incarnation : Dieu n'a pas joué à être un homme, il l'est devenu pleinement, en épousant une culture et notre humanité. Explications du Père Sébastien Antoni, prêtre assomptionniste.
Évangile du dimanche 31 décembre (Luc 2, 22-40)
Quand fut accompli le temps prescrit par la loi de Moïse pour la purification, les parents de Jésus l’amenèrent à Jérusalem pour le présenter au Seigneur, selon ce qui est écrit dans la Loi : Tout premier-né de sexe masculin sera consacré au Seigneur. Ils venaient aussi offrir le sacrifice prescrit par la loi du Seigneur : un couple de tourterelles ou deux petites colombes.
Or, il y avait à Jérusalem un homme appelé Syméon. C’était un homme juste et religieux, qui attendait la Consolation d’Israël, et l’Esprit Saint était sur lui. Il avait reçu de l’Esprit Saint l’annonce qu’il ne verrait pas la mort avant d’avoir vu le Christ, le Messie du Seigneur. Sous l’action de l’Esprit, Syméon vint au Temple.
Au moment où les parents présentaient l’enfant Jésus pour se conformer au rite de la Loi qui le concernait, Syméon reçut l’enfant dans ses bras, et il bénit Dieu en disant : « Maintenant, ô Maître souverain, tu peux laisser ton serviteur s’en aller en paix, selon ta parole. Car mes yeux ont vu le salut que tu préparais à la face des peuples : lumière qui se révèle aux nations et donne gloire à ton peuple Israël. »
Le père et la mère de l’enfant s’étonnaient de ce qui était dit de lui. Syméon les bénit, puis il dit à Marie sa mère : « Voici que cet enfant provoquera la chute et le relèvement de beaucoup en Israël. Il sera un signe de contradiction – et toi, ton âme sera traversée d’un glaive – : ainsi seront dévoilées les pensées qui viennent du cœur d’un grand nombre. »
Il y avait aussi une femme prophète, Anne, fille de Phanuel, de la tribu d’Aser. Elle était très avancée en âge ; après sept ans de mariage, demeurée veuve, elle était arrivée à l’âge de quatre-vingt-quatre ans. Elle ne s’éloignait pas du Temple, servant Dieu jour et nuit dans le jeûne et la prière. Survenant à cette heure même, elle proclamait les louanges de Dieu et parlait de l’enfant à tous ceux qui attendaient la délivrance de Jérusalem.
Lorsqu’ils eurent achevé tout ce que prescrivait la loi du Seigneur, ils retournèrent en Galilée, dans leur ville de Nazareth. L’enfant, lui, grandissait et se fortifiait, rempli de sagesse, et la grâce de Dieu était sur lui.
Source : AELF
Dans l'évangile du dimanche qui suit la fête de Noël, Jésus est encore nourrisson. Le prénom qu’il reçoit signifie : "le Seigneur sauve". Cette dimension du salut est très importante pour l'évangéliste Luc. "Ce Jésus apporte le salut, il sauve, il le porte dans son nom - le Seigneur sauve, l’ambition de Dieu pour toute l’humanité c’est de la sauver", explique le Père Antoni.
La circoncision est le premier grand rite de la vie juive pour les garçons. On voit bien que la famille de Jésus observe de près les rites de la tradition juive. "Dieu entre vraiment dans l’histoire et en entrant dans l’histoire, note Sébastien Antoni, il entre dans une culture. Et il entre dans une manière de faire de comprendre le monde, de comprendre Dieu et de prier. Il épouse toutes les conditions de la vie juive."
Le rite de la purification concerne Marie, car au temps de Jésus, dans le judaïsme, toute femme devait être purifiée après avoir accouché. Mais il faut être très prudent avec cette notion de purification : elle n’a rien à voir ici avec l’idée de saleté, au contraire ! "Ça a même été repris dans la culture chrétienne, où après la messe on purifie le calice, mais ce n’est pas de la vaisselle sale, nous dit le père Antoni, c’est qu’il a contenu de la vie." De même, le rituel qui concerne une femme ayant accouché est une sorte de passage "pour revenir à la vie ordinaire". Quelque part, ce rite rappelle que "donner la vie, ce n’est pas anodin".
Dieu n'a pas joué à être un homme, il épouse une culture, il épouse notre humanité comme elle est
Autre rite de l’époque, le sacrifice de deux colombes ou tourterelles. Le père Antoni remarque que la vie de Jésus "commence par deux petites tourterelles" et qu’à "la fin de sa vie, il sera vendu pour deux pièces d’argent, le prix d’un esclave. Comme pour dire que la vie de cet homme elle ne vaut pas grand-chose !" Et pourtant, ajoute le Père Antoni, "le précieux d’une vie, de nos vies, de toute vie, se loge dans la considération que Dieu en fait. Et nous sommes tellement aimés par Dieu !"
À Noël, on célèbre l'incarnation. Le Père Antoni nous rappelle ce que cela signifie : "L'incarnation, ça veut dire que Dieu prend chair et Dieu n'a pas joué à être un homme, il épouse une culture, il épouse notre humanité comme elle est. Donc il est forcément présent dans la réalité de nos événements du monde, et de notre vie comme elle est. Il n'y a pas à s'inventer une vie..."
Peu de nos contemporains connaissent les Évangiles. Ils n'y sont pas hostiles mais ils n'ont plus d'occasion d'y avoir accès. C'est partant de ce constat que, avec l'éclairage d'un bibliste, Béatrice Soltner propose chaque semaine un texte d'Évangile pour qu'il soit entendu (ou réentendu), pour en savourer la nouveauté et faire l'expérience que - si incroyable que ce soit à l'heure de l'instantanéité - cette parole écrite il y a plus de 2.000 ans nous rejoint toujours au plus profond.
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