Dans l'Évangile de ce dimanche, Jésus raconte une parabole et utilise l'image du bon grain et des mauvaises herbes pour évoquer le mystère du mal et nos tentatives pour l'éradiquer.
Commment faire disparaître les mauvaises herbes ? Comment éradiquer l'ivraie qui envahit les champs ? La question est légitime pour le cultivateur qui désire engranger le maximum de récoltes, ce grain blond et abondant venu couronner les efforts d'un dur labeur.
Pour Jésus, agrobiologiste avant l'heure, les herbes folles et autres graminées sauvages n'ont pas besoin d'être arrachées. Mieux vaut attendre plus tard et laisser monter ensemble bonnes et mauvaises graines. On évitera ainsi de détruire les pousses prometteuses dans un tri sélectif bien trop précoce. Histoire potagère dans l'Évangile de ce dimanche, puisque Matthieu nous parle du mystère de la graine qui se transforme en arbre. Explications de la bibliste Marie-Reine Mezzarobba.
Les paraboles, le chapitre 13 de l'Évangile de Matthieu en regorge. Parabole du semeur, de la graine de moutarde, du levain dans la pâte, du trésor dans un champ... Des histoires qui paraissent simples mais qui ne sont "pas toujours logiques". C'est "quelque chose qu'il ne faut pas prendre au pied de la lettre", prévient Marie-Reine Mezzarobba. Il faut en effet entrer dans une démarche de foi pour les comprendre.
"La présence du mal dans le monde est une énigme pour nous." Dans le texte de Matthieu, les serviteurs s'étonnent du mal et se demandent quelle est son origine : la réponse de Jésus à cet égard est très floue, il parle d'un "ennemi".
Avec le jésuite et psychanalyste Denis Vasse (1933-2018), on peut identifier le mal comme étant "quelque chose qui vient s'attaquer à la vie en nous", résume la bibliste. "On a des élans d'amour, de vie, des moments où on comprend les choses et puis il y a des choses contraires qui viennent, y compris de notre propre cœur, se moquer de la vie en nous, et ça c'est assez impressionnant parce qu'on ne sait pas d'où ça vient et on ne sait pas comment ça arrive."
Pleins de bonne volonté, les serviteurs veulent enlever les mauvaises herbes : en voulant éradiquer le mal, ils cèdent à la tentation de la pureté. "L'éradication du mal, qu'est-ce qu'on est tentés par ça ! Essayer de cultiver une pureté, de se surveiller pour ne pas faire ci, ne pas faire ça, quitte à ne plus rien faire du tout parce qu'on n'est pas assez purs."
Face à notre volonté de perfection - une perfection que l'on construirait soi-même - Jésus nous dit de laisser faire, que le bien et le mal "seront séparés en temps utile". Et qu'il ne faut pas se focaliser sur ce qui ne va pas : ce qui peut s'appliquer aussi bien vis-à-vis de soi, dans nos relations amicales ou dans l'éducation d'un enfant.
Jésus leur proposa une autre parabole : « Le royaume des Cieux est comparable à un homme qui a semé du bon grain dans son champ. Or, pendant que les gens dormaient, son ennemi survint ; il sema de l’ivraie au milieu du blé et s’en alla. Quand la tige poussa et produisit l’épi, alors l’ivraie apparut aussi. Les serviteurs du maître vinrent lui dire : “Seigneur, n’est-ce pas du bon grain que tu as semé dans ton champ ? D’où vient donc qu’il y a de l’ivraie ?”
Il leur dit : “C’est un ennemi qui a fait cela.” Les serviteurs lui disent : “Veux-tu donc que nous allions l’enlever ?” Il répond : “Non, en enlevant l’ivraie, vous risquez d’arracher le blé en même temps. Laissez-les pousser ensemble jusqu’à la moisson ; et, au temps de la moisson, je dirai aux moissonneurs : Enlevez d’abord l’ivraie, liez-la en bottes pour la brûler ; quant au blé, ramassez-le pour le rentrer dans mon grenier.” »
Il leur proposa une autre parabole : « Le royaume des Cieux est comparable à une graine de moutarde qu’un homme a prise et qu’il a semée dans son champ. C’est la plus petite de toutes les semences, mais, quand elle a poussé, elle dépasse les autres plantes potagères et devient un arbre, si bien que les oiseaux du ciel viennent et font leurs nids dans ses branches. »
Il leur dit une autre parabole : « Le royaume des Cieux est comparable au levain qu’une femme a pris et qu’elle a enfoui dans trois mesures de farine, jusqu’à ce que toute la pâte ait levé. » Tout cela, Jésus le dit aux foules en paraboles, et il ne leur disait rien sans parabole, accomplissant ainsi la parole du prophète : J’ouvrirai la bouche pour des paraboles, je publierai ce qui fut caché depuis la fondation du monde.
Alors, laissant les foules, il vint à la maison. Ses disciples s’approchèrent et lui dirent : « Explique-nous clairement la parabole de l’ivraie dans le champ. » Il leur répondit : « Celui qui sème le bon grain, c’est le Fils de l’homme ; le champ, c’est le monde ; le bon grain, ce sont les fils du Royaume ; l’ivraie, ce sont les fils du Mauvais. L’ennemi qui l’a semée, c’est le diable ; la moisson, c’est la fin du monde ; les moissonneurs, ce sont les anges. De même que l’on enlève l’ivraie pour la jeter au feu, ainsi en sera-t-il à la fin du monde. Le Fils de l’homme enverra ses anges, et ils enlèveront de son Royaume toutes les causes de chute et ceux qui font le mal ; ils les jetteront dans la fournaise : là, il y aura des pleurs et des grincements de dents. Alors les justes resplendiront comme le soleil dans le royaume de leur Père. Celui qui a des oreilles, qu’il entende !
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