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[Évangile du dimanche] Le grain tombé en terre

RCF, le 12 mars 2024 - Modifié le 18 mars 2024
Enfin une Bonne Nouvelle[Évangile du cinquième dimanche de Carême] Le grain tombé en terre (Jn 12, 20-33)

 

Dans l'évangile de ce dimanche de Carême, Jésus parle d'un grain de blé dans la terre. Il ne donne pas un cours de botanique mais annonce, dans un langage symbolique, sa mort sur la croix. Mort que l'évangéliste Jean associe à la gloire de Dieu. On est là en plein dans le caractère subversif de la foi chrétienne.

 

Dans l'évangile de ce dimanche, Jésus dit qu’il faut mourir à son état de graine pour devenir une plante : il y a une perte, un passage ©UnsplashDans l'évangile de ce dimanche, Jésus dit qu’il faut mourir à son état de graine pour devenir une plante : il y a une perte, un passage ©Unsplash

 

Évangile du dimanche 17 mars (Jn 12, 20-33)

Il y avait quelques Grecs parmi ceux qui étaient montés à Jérusalem pour adorer Dieu pendant la fête de la Pâque. Ils abordèrent Philippe, qui était de Bethsaïde en Galilée, et lui firent cette demande : « Nous voudrions voir Jésus. » Philippe va le dire à André, et tous deux vont le dire à Jésus. 

Alors Jésus leur déclare : « L’heure est venue où le Fils de l’homme doit être glorifié. Amen, amen, je vous le dis : si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit. Qui aime sa vie la perd ; qui s’en détache en ce monde la gardera pour la vie éternelle. Si quelqu’un veut me servir, qu’il me suive ; et là où moi je suis, là aussi sera mon serviteur. Si quelqu’un me sert, mon Père l’honorera. Maintenant mon âme est bouleversée. Que vais-je dire ? “Père, sauve-moi de cette heure” ? – Mais non ! C’est pour cela que je suis parvenu à cette heure-ci ! Père, glorifie ton nom ! » Alors, du ciel vint une voix qui disait : « Je l’ai glorifié et je le glorifierai encore. » 

En l’entendant, la foule qui se tenait là disait que c’était un coup de tonnerre. D’autres disaient : « C’est un ange qui lui a parlé. » Mais Jésus leur répondit : « Ce n’est pas pour moi qu’il y a eu cette voix, mais pour vous. Maintenant a lieu le jugement de ce monde ; maintenant le prince de ce monde va être jeté dehors ; et moi, quand j’aurai été élevé de terre, j’attirerai à moi tous les hommes. » Il signifiait par là de quel genre de mort il allait mourir.

Source : AELF

 

Les évangiles ne sont pas des "récits biographiques" mais "une confession de foi", rappelle Pierre Reversat, pasteur de l'Église protestante unie de France à Saint-Agrève (Ardèche). L'évangile du cinquième dimanche de Carême est un extrait de l'évangile de Jean, écrit environ 80 ans après la mort de Jésus. L'évangéliste y associe toujours Jésus à l'image du Christ, c'est-à-dire au Messie, celui qui est consacré par Dieu. On note aussi que la symbolique de la croix y tient une place centrale. C'est particulièrement dans l'évangile de ce cinquième dimanche de Carême. 

 

Des non juifs célèbrent la Pâque juive

On peut s'étonner de trouver des Grecs à Jérusalem en pleine Pâque juive. "Quand on parle de Grecs dans le Nouveau Testament, explique le pasteur Pierre Reversat, c'est souvent l’allusion aux païens, c’est-à-dire un terme générique pour parler des non juifs. On peut parler de prosélytes ou de craignant Dieu, c’est-à-dire des païens qui sont en train de se convertir à la vraie foi juive."

Qu'est-ce qui attire ces hommes à Jésus ? Le texte cette fois ne parle pas d'une étoile qui guide les mages. Sans doute ont-ils entendu l'enseignement de Jésus, dont les évangiles disent souvent qu'il est différent. "Sans doute aussi parce que contrairement à tous les autres êtres humains, ce qu’il dit, le fait, suppose Pierre Reversat, il n’y a pas de dissonance entre ce qu’il dit et ce qu’il fait. Et puis, c’est quelqu’un qui s’adresse à tout le monde, ce qui n’était pas le cas forcément des grands prêtres ou d’autres religieux."

Évoquer les Grecs, c'est-à-dire "des gens qui ne viennent pas du judaïsme", c'est annoncer "un universalisme déjà là présent". Pour Pierre Reversat, un peu comme les trois rois mages après la Nativité. Les Grecs sont là pour montrer "que la foi ne se situe pas uniquement à partir du premier peuple élu". L'image de "Jérusalem comme aimant de toutes les nations, c’était déjà la volonté des prophètes dans l’Ancien Testament", rappelle le pasteur.

 

Nous sommes dans la subversion. La foi chrétienne est centrée sur quelque chose de subversif

 

La gloire de Dieu inversée

Dans l'évangile de Jean il y a souvent des quiproquos. Ici c'est autour du mot "gloire". Quand Jésus dit : "L’heure est venue où le Fils de l’homme doit être glorifié", il annonce sa mort sur la croix. Comment peut-on associer l'idée de gloire et l'échec d'une condamnation à mort ? "La gloire de Dieu c’est sa présence qui nous illumine, explique Pierre Reversat, qui peut faire peur dans l’Ancien Testament, on serait presque tué par cette gloire de Dieu."

Dans le christianisme le sens du mot gloire est renversé. "Cette gloire de Dieu c’est la fragilité suprême de la mort sur la croix, ce qui est extrêmement choquant." Ce n'est donc pas une gloire de puissance mais de faiblesse. "Nous sommes dans la subversion. La foi chrétienne est centrée sur quelque chose de subversif. C’est la religion qui est dépassée maintenant, qui est détruite, et tout pouvoir humain est pouvoir diabolique, est détruit par la croix."

 

→ À LIRE : Pâque ou Pâques : quelle est l'origine du mot ?

 

De la Pâque juive à Pâques

De façon assez solennelle, Jésus entreprend un discours sur… la botanique ! Et parle d’un grain de blé planté en terre. Mais il faut lire ce passage dans toute sa portée spirituelle. "Nous sommes au cœur du message et de l’œuvre de Jésus le Christ et donc de Dieu, c’est-à-dire la Résurrection", résume Pierre Reversat.

Jésus dit qu’il faut mourir à son état de graine pour devenir une plante : il y a une perte, un passage. "Devenir une nouvelle créature c’est mourir au péché. Le péché c’est la séparation d’avec Dieu. Ce que Jean appelle le monde ce n’est pas l’ensemble des êtres humains, c’est ceux qui sont contre Dieu, séparés de Dieu... La conséquence du péché c'est la solitude spirituelle."

Le terme hébreu "pessa'h" signifie "sauter au-dessus" : "Sauter au-dessus de la mort", précise le pasteur. "Et voici qu’une nouvelle Pâque arrive - d’où le pluriel, Pâques avec un s. C’est-à-dire maintenant qui est-ce qui va sauter au-dessus de la mort ? C’est Yeshouah, c’est Jésus Christ lui-même et cela va porter du fruit."

 

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