L'amour, tout le monde en parle, tout le monde le cherche. Mais que peut-on en dire puisque ce mot recouvre tant de sens et tant de malentendus ? Dans l'évangile de ce dimanche, Jésus nous parle d'amour et d'amitié. Et nous enseigne ce qu'est la "joie parfaite".
Évangile du dimanche 5 mai (Jn 15, 9-17)
En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés. Demeurez dans mon amour. Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour, comme moi, j’ai gardé les commandements de mon Père, et je demeure dans son amour. Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous, et que votre joie soit parfaite. Mon commandement, le voici : Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime.
Vous êtes mes amis si vous faites ce que je vous commande. Je ne vous appelle plus serviteurs, car le serviteur ne sait pas ce que fait son maître ; je vous appelle mes amis, car tout ce que j’ai entendu de mon Père, je vous l’ai fait connaître.
Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, c’est moi qui vous ai choisis et établis, afin que vous alliez, que vous portiez du fruit, et que votre fruit demeure. Alors, tout ce que vous demanderez au Père en mon nom, il vous le donnera. Voici ce que je vous commande : c’est de vous aimer les uns les autres. »
Source : AELF
L’évangile de ce dimanche, tiré de l’évangile de Jean, est un extrait de ce que l’on appelle le discours de l’adieu. On est là à un moment très important, décisif, de la vie de Jésus. Juste avant sa Passion, il transmet son testament à ses disciples. Il leur dit "ce qu’il y a de plus important, ce qui doit leur servir de viatique pour la suite de leur existence", commente la bibliste Anne Soupa. Elle rappelle que juste avant, il y a ce "geste décisif" du lavement des pieds, où Jésus "enjoint à ses disciples d’être au service les uns des autres".
L'amour ça se déguste aussi, ça se vit de manière approfondie, il faut que tout le corps, tout l’esprit s’en imprègne
"Comme le Père m’a aimé", commence par dire Jésus. Il indique par là que le Père est la source de l’amour. "Et donc il faut être relié à la source pour comprendre ce que c’est que cet amour", selon Anne Soupa. On peut aussi comprendre à travers cette phrase de Jésus que "l’amour, ce qu’est pas quelque chose d’isolé… Je donne, je reçois, je reçois, je donne : continuellement nous sommes pris là-dedans."
Jésus définit l’amour comme "une relation qui ne cesse pas", selon la bibliste, et en même temps il parle de "demeurer dans l’amour". L’amour est-il déjà là ? Est-il question de s’y tenir, de s’y loger ? Pour Anne Soupa, "il faut s’arrêter et rester dans quelque chose qui nous enveloppe et dans lequel on se complait. Parce que l’amour ça se déguste aussi, ça se vit de manière approfondie, il faut que tout le corps, tout l’esprit s’en imprègne." L’amour tel que Jésus nous propose de le vivre, imprègne tout notre être.
"Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime." Cette phrase très célèbre de Jésus peut faire peu. L’amour semble si exigeant ! "C’est quelque chose de prodigieusement exigeant", convient Anne Soupa. Et cependant, n’est-ce pas ce que fait une femme qui donne naissance à un enfant, "elle donne son corps", souligne la bibliste. Donner son temps, sa patience, c’est aussi ce que font un grand nombre de soignants, d’éducateurs, d’aidants…
L’amour véritable, au fond, ce sont les enfants qui nous l’apprennent. Quand ils "testent l’amour de leur entourage", observe Anne Soupa. "Que ce soit les parents ou d’autres, ils ont besoin d’être certains de l’amour, l’amour ne supporte pas la contrefaçon. Est-ce que tu m’aimes pour de vrai ? Jésus qui sonne sa vie, c’est le test ultime. Il a aimé pour de vrai." C’est ce qu’exprime l’évangéliste Jean, quand il écrit : "Jésus, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’au bout." (Jn 13, 1) "Je pense que ce don inconditionnel il fonde notre capacité à aimer", estime Anne Soupa.
Dans ce discours où il est question d’amour, un mot revient souvent dans la bouche de Jésus : "commandements". Quel rapport entre amour et commandements ? Et quels sont ces commandements qui reviennent tant de fois dans la Bible ? "Les commandements du Père, rappelle Anne Soupa, c’est tout ce que Jésus a fait : enseignement, guérison, réintégration des exclus, écoute des pauvres… Jésus a pris à la fois la loi mosaïque [de Moïse, ndlr] très au sérieux et il l’a prodigieusement accomplie en assumant une vie tournée vers les autres, complètement."
On comprend que l’amour tel qu’il est enseigné par Jésus comprend une "sortie de soi", un élan vers l’autre. Et s’il procure une "joie parfaite", c’est parce qu’il y a "une sorte d’acmé dans la joie de faire le bien", selon la bibliste. Anne Soupa rappelle que "le mysticisme chrétien se transforme en éthique et la joie qui en résulte est une joie parfaite parce que la croissance du bien est une source de jouissance. Elle apporte la réconciliation avant d’apporter la paix, elle apporte la bonne conscience au sens fort du mot, la conscience du bien qui a été accompli. C'est un instrument qui permet la vie sociale."
Peu de nos contemporains connaissent les Évangiles. Ils n'y sont pas hostiles mais ils n'ont plus d'occasion d'y avoir accès. C'est partant de ce constat que, avec l'éclairage d'un bibliste, Béatrice Soltner propose chaque semaine un texte d'Évangile pour qu'il soit entendu (ou réentendu), pour en savourer la nouveauté et faire l'expérience que - si incroyable que ce soit à l'heure de l'instantanéité - cette parole écrite il y a plus de 2.000 ans nous rejoint toujours au plus profond.
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