On a tendance à imaginer que Dieu sait tout de nous. Qu’il connaît nos préférences, nos désirs, nos refus et qu’il sait ce qui va nous arriver demain. Un Dieu qui nous percerait à jour avant même que nous ayons à lui dire quoi que ce soit ! L’Évangile de ce dimanche vient renverser cette idée. Explications d’Arnaud Alibert, prêtre de la congrégation des Augustins de l’Assomption.
Évangile du dimanche 27 octobre (Marc 10, 46-52)
Jésus et ses disciples arrivent à Jéricho. Et tandis que Jésus sortait de Jéricho avec ses disciples et une foule nombreuse, le fils de Timée, Bartimée, un aveugle qui mendiait, était assis au bord du chemin. Quand il entendit que c’était Jésus de Nazareth, il se mit à crier : « Fils de David, Jésus, prends pitié de moi ! »
Beaucoup de gens le rabrouaient pour le faire taire, mais il criait de plus belle : « Fils de David, prends pitié de moi ! » Jésus s’arrête et dit : « Appelez-le. » On appelle donc l’aveugle, et on lui dit : « Confiance, lève-toi ; il t’appelle. »
L’aveugle jeta son manteau, bondit et courut vers Jésus. Prenant la parole, Jésus lui dit : « Que veux-tu que je fasse pour toi ? » L’aveugle lui dit : « Rabbouni, que je retrouve la vue ! » Et Jésus lui dit : « Va, ta foi t’a sauvé. » Aussitôt l’homme retrouva la vue, et il suivait Jésus sur le chemin.
Source : AELF
Jésus passe par Jéricho, dans la vallée du Jourdain, pour se rendre à Jérusalem. Malgré tout le brouhaha de la foule qui l’entoure, Jésus entend le cri de Bartimée, un mendiant aveugle sur le bord de la route. "Ça ne me surprend pas de Jésus, c’est le Jésus qu’on aime, décrit Arnaud Alibert, évidemment il y a tout un tas de personnes autour de lui qui veulent le confiner dans un rôle, dans une posture, dans un personnage. Et lui, invariablement, il est celui que nous espérons."
Pourtant, la question qu’il pose à Bartimée étonne : "Que veux-tu que je fasse pour toi ?" Jésus ne devine-t-il pas que l’aveugle désire être guéri de sa cécité ? "C’est complétement surprenant d’avoir un Jésus qui vient et qui prend le temps d’écouter notre désir." Selon Arnaud Alibert, c’est une attitude qui va régaler les psychanalystes ! "Le Seigneur aime notre désir et il n’y a pas vraiment de rencontre de personne à personne s’il n’y a pas de rencontre de désir à désir."
Dans cet Évangile, avec douceur et compréhension, et aussi une écoute inouïe, Jésus se met à notre niveau. Il nous apprend que "ce qui est évident a besoin d’être énoncé". Ce qui est quelque part "une école d’humilité : quand on est face à Dieu dans la prière on est appelé à redire des évidences qui nous habitent".
D’ailleurs, quand Jésus dit à Bartimée "Va, ta foi t’a sauvé", il est question de salut et non pas de guérison. Il n’y a que deux personnes dans les Évangiles qui appellent Jésus "Rabbouni" - une façon familière de dire "maître" en hébreu. Il s'agit de Bartimée et de Marie de Magdala, au matin de Pâques (dans l'Évangile de Jean au chapitre 20, verset 16). "Elle dit 'Rabbouni' une fois qu’elle a compris que Jésus est le ressuscité." Rabbouni, c’est "le mot qui vient à la bouche de l’homme quand il rencontre le Ressuscité". C’est une confession de foi.
Peu de nos contemporains connaissent les Évangiles. Ils n'y sont pas hostiles mais ils n'ont plus d'occasion d'y avoir accès. C'est partant de ce constat que, avec l'éclairage d'un bibliste, Béatrice Soltner propose chaque semaine un texte d'Évangile pour qu'il soit entendu (ou réentendu), pour en savourer la nouveauté et faire l'expérience que - si incroyable que ce soit à l'heure de l'instantanéité - cette parole écrite il y a plus de 2.000 ans nous rejoint toujours au plus profond.
Suivez l’actualité nationale et régionale chaque jour
En partenariat avec Les Facultés Loyola Paris
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !