Alors que la fonte des glaces s’accélère, que la déforestation s’amplifie, à l'heure de la guerre économique et de l'accentuation des inégalités dans un contexte géopolitique tendu, certains n’hésitent pas à proclamer que la fin du monde est proche. Le discours n’est pas nouveau, chaque époque voit resurgir des prophètes de malheur qui sèment le doute et surtout la peur. L'évangile du dimanche évoque cette question de la fin, non pas pour nous décourager mais pour nous encourager à rester bien vivants, à tenir notre place au cœur de ce monde déchiré. Commentaires du bibliste Jacques Nieuviarts, prêtre de la communauté des Augustins de l'Assomption.
Évangile du dimanche 13 novembre (Lc 21, 5-19)
Comme certains parlaient du Temple, des belles pierres et des ex-voto qui le décoraient, Jésus leur déclara : 06 « Ce que vous contemplez, des jours viendront où il n’en restera pas pierre sur pierre : tout sera détruit. » Ils lui demandèrent : « Maître, quand cela arrivera-t-il ? Et quel sera le signe que cela est sur le point d’arriver ? »
Jésus répondit : « Prenez garde de ne pas vous laisser égarer, car beaucoup viendront sous mon nom, et diront : “C’est moi”, ou encore : “Le moment est tout proche.” Ne marchez pas derrière eux ! Quand vous entendrez parler de guerres et de désordres, ne soyez pas terrifiés : il faut que cela arrive d’abord, mais ce ne sera pas aussitôt la fin. »
Alors Jésus ajouta : « On se dressera nation contre nation, royaume contre royaume. Il y aura de grands tremblements de terre et, en divers lieux, des famines et des épidémies ; des phénomènes effrayants surviendront, et de grands signes venus du ciel. Mais avant tout cela, on portera la main sur vous et l’on vous persécutera ; on vous livrera aux synagogues et aux prisons, on vous fera comparaître devant des rois et des gouverneurs, à cause de mon nom. Cela vous amènera à rendre témoignage. Mettez-vous donc dans l’esprit que vous n’avez pas à vous préoccuper de votre défense. C’est moi qui vous donnerai un langage et une sagesse à laquelle tous vos adversaires ne pourront ni résister ni s’opposer. Vous serez livrés même par vos parents, vos frères, votre famille et vos amis, et ils feront mettre à mort certains d’entre vous. Vous serez détestés de tous, à cause de mon nom. Mais pas un cheveu de votre tête ne sera perdu. C’est par votre persévérance que vous garderez votre vie. »
Source : AELF
Dans deux semaines, ce sera le début de l'Avent et la fin de l'année liturgique. Or, "le point culminant" de l'année liturgique, c'est "la révélation totale", rappelle le Père Nieuviarts. Notons également que ce chapitre 21 de l'évangile de Luc précède le récit de la Passion. On a donc là "les parole ultimes de Jésus", rapportées par l'évangéliste.
Il adopte pour cela les codes d'un genre littéraire spécifique, le genre apocalyptique. "Apocalyptique veut dire révélation", précise le bibliste. Des textes au style apocalyptique, il y en a plusieurs dans la Bible : on les reconnaît à leurs nombreux symboles et images. "Un style qui part des interrogations du temps présent et qui les projette dans des images formidables ou étonnantes et parfois redoutables", décrit le Père Nieuviarts.
Les textes apocalyptiques, comme le Livre de Daniel, ont été écrits au moment où les juifs étaient persécutés, vers les IIIe ou IIe siècle av. J.-C. "Ces textes mettent en scène la victoire de Dieu sur les puissances de ce monde." Finalement, ce sont des encouragements destinés à ceux qui traversent des épreuves. "Ce sont des livres d’espérance qui passent par des cascades d’images redoutables."
Ainsi, l’évangile de ce jour évoque cette question de la fin des temps non pas pour nous décourager mais pour nous encourager à rester bien vivants et tenir notre place au cœur même de ce monde déchiré. "Il ne faut pas se laisser impressionner par des gens qui annoncent la fin des temps. Soyez vigilants au monde présent et attentifs aux bourgeons du règne de Dieu qui sont en train de pousser !" Une lecture de cet évangile nous invite à nous mettre debout, à relever nos manches et à compter sur Dieu qui ne nous décevra pas.
Peu de nos contemporains connaissent les Évangiles. Ils n'y sont pas hostiles mais ils n'ont plus d'occasion d'y avoir accès. C'est partant de ce constat que, avec l'éclairage d'un bibliste, Béatrice Soltner propose chaque semaine un texte d'Évangile pour qu'il soit entendu (ou réentendu), pour en savourer la nouveauté et faire l'expérience que - si incroyable que ce soit à l'heure de l'instantanéité - cette parole écrite il y a plus de 2.000 ans nous rejoint toujours au plus profond.
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