À l’occasion de la Journée mondiale du migrant et du réfugié ce dimanche 29 septembre, la pastorale des migrants des diocèses normands organise quatre temps mémoriels dans les ports normands.
L’idée a germé après la visite du pape François à Marseille en 2023. À cette occasion, le successeur de Pierre avait invité les chrétiens à se préoccuper des personnes qui meurent dans la Méditerranée : « Ne nous habituons pas à considérer les naufrages comme des faits divers et les morts en mer comme des numéros. Ce sont des vies brisées et des rêves anéantis. Je pense à tant de frères et de sœurs noyés avec les espérances qu'ils portaient dans leur cœur ».
Parmi les migrants arrivés en Normandie, nombreux sont ceux qui sont passés par la Méditerranée au péril de leur vie, mais la région est aussi confrontée aux traversées de la Manche. Chaque année, des milliers de personnes bravent les eaux dangereuses de la Manche, sur de petites embarcations, dans l’espoir d’un avenir meilleur outre-Manche. En 2024, 46 personnes ont déjà perdu la vie en tentant de rejoindre l’Angleterre. « À Cherbourg, beaucoup de migrants ont pour objectif de monter dans les camions qui vont prendre les ferries, pour gagner l’Angleterre. Ils n’ont pas l’intention de faire une demande d’asile pour la France. Nous avons des discussions avec eux pour les prévenir du danger », explique Jean-Claude Groud, délégué de la pastorale des migrants dans le diocèse de Coutances et Avranches. À Ouistreham aussi, Agnès Ravenel, déléguée de la pastorale des migrants dans le Calvados, rencontre de nombreux jeunes Soudanais qui veulent traverser la Manche.
À la suite de cet appel du pape, les pastorales des migrants des six diocèses normands ainsi que la Mission de la mer, en concertation avec les évêques, ont décidé d’organiser des temps de prière en hommage aux migrants disparus en mer. Cette journée mémorielle a eu lieu le dimanche 22 septembre à Ouistreham. Dans ce port du Calvados, près du poste de secours, une centaine de personnes était rassemblée en cercle autour d’une stèle et d’une gerbe de fleurs. « L’objectif pour nous était de prier, de témoigner et de sensibiliser les personnes qui se promenaient sur le port. Il faisait beau donc il y a eu du passage, des personnes qui ont lu les panneaux, se sont intéressées à ce que l’on faisait », se réjouit Agnès Ravenel. Les autres temps mémoriels ont eu lieu le samedi 21 septembre au Havre, le samedi 28 septembre au Tréport et enfin le dimanche 27 octobre à Cherbourg.
Ces rassemblements sont aussi l’occasion de faire découvrir les actions de la pastorale des migrants. Comme les autres associations locales, les membres de la pastorale réalisent des œuvres très larges : appui administratif, conseil juridique, recherche d’hébergement... Dans le Calvados, la pastorale loge 24 familles de migrants au sein de l’association le Temps d’un toit, avec l’aide d’une cinquantaine de bénévoles. Mais la pastorale des migrants se doit de prendre aussi en compte la dimension spirituelle. « C’est important de considérer la personne humaine dans la globalité de ses besoins. Accompagner les migrants sur le plan social, scolaire, sanitaire, juridique, mais aussi répondre à leur besoin spirituel. On doit être attentif à ne pas être seulement dans l’opérationnel, qui est extrêmement chronophage, et s’intéresser aussi à la dimension spirituelle », explique Jean-Claude Groud. Également diacre permanent, il est quelques fois sollicité par ces confrères d’autres associations qui cherchent à mieux comprendre les religions et notamment la religion musulmane.
Repas partagé, soirée de témoignages, atelier dans les paroisses, les pastorales des migrants organisent régulièrement des temps pour susciter la rencontre et interpeller les communautés chrétiennes. « Ce qui est fondamental, c’est que toutes les communautés chrétiennes se posent la question de la place accordée aux migrants dans nos églises. Que les paroisses se posent la question : "Y a-t-il des migrants chez nous et quelle place leur faisons-nous ?" Si ne serait-ce qu’une fois par an, on prenait le temps de réfléchir à ces questions, cela donnerait de bons fruits pour l’avenir », insiste Jean-Claude Groud.
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !