Ils n’ont pas le palmarès de Léon Marchand, ni celui de Teddy Riner, mais eux aussi sont passionnés par le sport et en pratiquent régulièrement. Eux, ce sont le père René Pichon, l’abbé Franck Ruffiot et le pasteur baptiste Julien Marié. Qu’ils courent, qu’ils combattent ou qu’ils pédalent, ils font tous un lien entre leur pratique sportive et leur foi. En plein Jeux olympiques de Paris, RCF vous propose de découvrir leur parcours.
C’est en marchant en forêt que le père René Pichon nous répond. À 78 ans, ce prêtre de Chambéry a la bougeotte. Les kilomètres qu’il a courus le matin même n’ont pas entamé son énergie, au contraire, cela semble même l’avoir vivifié davantage. Voilà plus de 60 ans qu’il s’adonne à la course à pied. Il va même parfois jusqu’à pratiquer deux activités physiques par jour, sûrement en raison des habitudes prises lors de ses années d’athlétisme à haut niveau avec le club d’Aix-les-Bains. "J’ai été champion de la région Rhône-Alpes et je suis arrivé huitième à une course nationale. Pour arriver à ces résultats-là, il fallait quand même s’entraîner deux fois par jour", se rappelle-t-il.
Le sport fait rencontrer Dieu comme souffle, comme esprit
Son entrée au séminaire ne l’a pas empêché de poursuivre, même s’il n’avait "pas des conditions exceptionnelles pour l’entraînement", admet-il. C’est d’ailleurs à 23 ans, lorsqu’il était séminariste, qu’il a terminé huitième d’une course nationale. Très vite, le sport et la foi se sont donc emmêlés, jusqu’à devenir deux aspects complémentaires de sa vie. "Pour moi, ça a un peu changé mon image de Dieu […] en ce sens que le sport fait rencontrer Dieu comme souffle, comme esprit", sourit-il.
Ce souffle, c’est d’ailleurs ce qui l’aide à se dépasser. Et c’est l’une des vertus du sport, selon le prêtre savoyard : "en fait la compétition c’est quelque chose de bien, parce que c’est l’émulation. C’est dans la grande compétition qu’on se dépasse le plus", explique celui qui a écrit L’âme du sport et le sport de l’âme.
Le dépassement de soi, c’est également le lien que fait Julien Marié, pasteur baptiste de l’Église évangélique de Limoges (EPE), entre la foi et le sport. À 43 ans, il est passionné de cyclisme depuis son plus jeune âge. S’il ne fait plus de compétition depuis longtemps, il continue d’enfourcher son vélo au moins une fois par semaine. "Dans le sport, on peut trouver quelques similitudes aussi avec un parcours de foi, notamment la persévérance, le renoncement à soi-même, le renoncement à écouter les petites voix qui nous disent d'arrêter, de descendre du vélo par exemple", dit-il. Une force qui lui a permis d’arriver treizième sur une cinquantaine de participants, lors du championnat de France de cyclisme du clergé en 2023.
Et si la compétitivité est parfois pointée du doigt comme un vice, les trois chrétiens sportifs que nous avons interrogés y voient tous du positif et ce, même dans un sport de combat comme l'escrime. "Avoir un adversaire, ce n'est pas avoir un ennemi. Il y a une manière de combattre qui soit charitable", affirme l’abbé Franck Ruffiot, prêtre diocésain à Vesoul, qui pratique le fleuret depuis une dizaine d’années dans le club de Rioz. Il ajoute : "s'il y a de la compétition, de la compétitivité, mais dans un cadre juste, ça fonctionne très bien", souligne-t-il, prenant en exemple les règles très strictes du fleuret.
Le père René Pichon a lui aussi besoin réfléchi sur la question. Il voit plutôt en l’adversaire un frère avec qui se tirer mutuellement vers le haut. "L’adversaire ce n’est pas un ennemi, c’est quelqu’un contre qui je lutte, non pas pour lui faire du mal mais pour le pousser à aller au-delà de lui-même et lui c’est pareil, du coup on progresse tous les deux", explique-t-il en précisant que c’est la foi qui lui donne cet état d’esprit.
Enfin, pratiquer un sport en club présente un autre grand intérêt pour l’abbé Franck Ruffiot : "c'est pour moi un excellent moyen de participer à la vie du monde. Quand je me rends les premières fois dans un club et que je ne suis pas connu, je viens en tenue de sport. Et donc, on ne m'identifie pas du tout comme prêtre, mais comme sportif. Ça fait sauter quelques barrières". Et une fois la confiance de ses compagnons d’arme gagnée, "l’aspect spirituel vient parfois dans les discussions", sourit-il.
Pratiquer un sport ou une activité en club en dehors de l’Église peut même être "un formidable terrain d’évangélisation", ajoute l’escrimeur au col romain, qui estime que ce serait bénéfique pour chaque prêtre pour son bien-être et donc bénéfique "pour son ministère". Le père René Pichon partage le même avis et estime même que l’activité physique devrait faire partie intégrante du séminaire : "ça donnerait un souffle et un dynamisme qui manque dans la formation des prêtres".
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