Depuis l’origine du christianisme on ne cesse d’essayer de comprendre qui est vraiment Jésus. Qu’ils soient croyants ou athées, chercheurs, historiens et spécialistes en tous genres scrutent les Écritures et fouillent les sols pour comprendre pourquoi cet homme dont la vie publique, qui a duré moins de 3 ans, a bouleversé l’histoire de l’humanité.
Dans l’évangile de Matthieu, au chapitre 16, Jésus interroge ses disciples : "Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant" répond Simon Pierre. La réaction de Jésus est sans ambiguïté : "Heureux es-tu, Simon fils de Yonas, ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais mon Père qui est aux cieux".
Cette réponse ne suffit-elle pas ? Pourquoi continuer à chercher qui est ce Jésus de Nazareth? "La réponse de Pierre est une réponse théologique explique Daniel Marguerat, professeur honoraire de sciences bibliques à l'université de Lausanne, un des plus grands spécialistes des origines du christianisme. Or nous cherchons à comprendre qui fut cet homme dont l’activité publique a duré au maximum trois ans. C’est un laps de temps dérisoire si on le compare à l’enseignement de Mahomet qui a duré 20 ans, ou à Bouddha qui a vécu son illumination pendant 40 ans. Et pourtant une extraordinaire aventure spirituelle est née de cette vie très courte. Je me demande ce qui a permis aux foules et aux disciples d’en déduire en l’observant, qu’au travers de cet homme, c’est Dieu qui se révèle ? Quels gestes, quelles paroles, quels types de rencontres leur ont permis de dire cela ? C’est ce que les chercheurs essaient de reconstituer ".
un historien juif du nom de Flavius Josèphe consacre un paragraphe de 5 à 6 lignes à Jésus
Les sources littéraires sont essentielles pour mener ce travail de recherches historiques. Il en existe de trois sortes : les sources chrétiennes, les sources juives et enfin les sources gréco-romaines. Dans ces dernières il est question du christianisme dès la fin du 1er siècle, en revanche aucun historien romain ne parle pas de Jésus. "Pour certains, c’est la preuve qu’il n’a pas existé explique Daniel Marguerat. Hors cet argument ne tient pas car ce qui intéresse les historiens romains, ce sont les guerres, les hauts faits et les décisions politique concernant l’empire. Dans une obscure province de l’empire, un obscur rabbi en qui certains voient le Messie et qui meurt crucifié comme des milliers d’autres n’a strictement aucun intérêt". En revanche dans les années 90, un historien juif du nom de Flavius Josèphe consacre un paragraphe de 5 à 6 lignes à Jésus de son œuvre monumentale Les Antiquités juives. Et puis il y a bien entendu les sources chrétiennes. Mais les principales sources restent les évangiles, écrits vers 70 pour les plus anciens et vers 90 pour l’évangile de Jean qui est le plus récent. "On pourrait considérer que ces textes n’ont pas de valeur puisque leurs auteurs sont croyants souligne Daniel Marguerat. Mais dans l’Antiquité, aucun auteur n’est objectif ! Et quoi qu’il en soit, ces textes nous fournissent une foule de renseignements d’ordres géographiques, historiques ou pratiques, confirmés par ce que nous savons du monde juif au temps de Jésus".
A-t-on voulu placer la naissance de Jésus dans ce lieu qui le rapprochait de la généalogie de David
Jésus est-il vraiment né à Bethléem ? "Rien n’est moins sûr selon Daniel Marguerat. Cette tradition se heurte à des difficultés. La première c’est que pour un recensement ordonné par l’Empire romain, la présence de la femme n’était pas nécessaire, d’autant plus quand elle est sur le point d’accoucher." Alors pourquoi Bethléem ? "C’est la ville de David dont Joseph est originaire explique l’historien. A-t-on voulu placer la naissance de Jésus dans ce lieu qui le rapprochait de la généalogie de David, c’est possible. Mais ce que dont on est sûr car toutes les sources convergent sur ce point, c’est que le lieu de l’enfance, c’est Nazareth. C’est là que Joseph l’initie à la foi juive avec la participation à la ritualité juive et aux pèlerinages. Et tout porte à croire qu’il est né dans une famille pieuse puisqu’il a été formé à la lecture de l’Ecriture et à son commentaire."
Jésus a très certainement parlé un peu de grec
L’archéologie est également une source précieuse. "Elle a permis de comprendre que le judaïsme au temps de Jésus était beaucoup plus international qu’on ne le pensait raconte Daniel Marguerat. Par exemple à Sépphoris, une capitale d’Hérode Antipas, la moitié des stèles funéraires sont rédigées en grec plutôt qu’en hébreu. C’est assez étonnant et on en a déduit que les juifs qui étaient en communication avec l’occupant romain, les marchands ou les caravaniers, parlaient le grec ! On peut donc avancer sans trop de risques que Jésus était trilingue : il parlait l’hébreu puisqu’il commente l’Ecriture ; il parlait l’araméen qui était la langue véhiculaire d’Israël et des pays alentours et il a très certainement parlé un peu de grec puisqu’il s’entretien avec Ponce Pilate sans interprète, et qu’il parle au centurion romain de Capharnaüm, un non-juif".
On n’a pas retrouvé la maison de Jésus, mais une maison que l’on appelle la maison de Pierre à Capharnaüm et qui pourrait être ce que l’Evangile de Marc désigne comme étant LA maison. C’était probablement la « base arrière » du groupe de Jésus, le lieu où il se retrouvait. A partir du troisième siècle elle a est vénérée comme étant la maison de Pierre, ce qui renforce cette hypothèse mais ne constitue pas une preuve.
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