Du 24 septembre au 25 septembre, c'est la fête de Yom Kippour. Le jour du "grand pardon" est pour les juifs un jour de jeûne, de prières et de pénitence. Quel héritage chez les chrétiens ? Explications de Michèle Behr, conservatrice de la bibliothèque de l'Université catholique de Lyon.
Le jour du "grand pardon" met fin à la période des dix jours de pénitence, qui a débuté avec Roch Hachana. Au cours de ces "dix jours terribles", les juifs prient et demandent pardon à ceux à qui ils ont nuit. De manière à pouvoir se présenter l’esprit clair pour le cérémonial de Kol Nidré, qui ouvre Yom Kippour.
Une fête juive commence une heure avant le coucher du soleil et se termine une heure après le coucher. Ainsi, pendant 25 heures, les juifs ne devront ni manger ni boire. Jeûne, mais aussi prières et chants, à la synagogue et chez soi. Yom Kippour est une fête qui se célèbre dans le calme et la plénitude. "Si tout se passe bien à Yom Kippour, le livre des péchés sera blanc", explique Michèle Behr.
Dans la tradition, avant le Ier siècle, Yom Kippour était ce jour où le grand prêtre entrait dans le Temple de Jérusalem et prononçait le nom divin. Il avait alors devant lui deux boucs : l’un était sacrifié, l’autre était envoyé au milieu du désert. Symboliquement, ce bouc envoyé au désert était porteur des péchés d’Israël.
Si le "bouc émissaire" est désormais une expression du langage courant, on peut aussi à partir de cette tradition, méditer la notion d’effacement des péchés. À ce sujet, la rabbin Delphine Horvilleur a écrit : "Aucun groupe humain ne peut espérer s’exonérer de ses fautes ou de ses errements en les attribuant à un autre groupe… "
Jeûne, prière, demande de pardon… Autant d’éléments que l’on retrouve dans le christianisme, et notamment pendant le Carême. Mais y a-t-il encore un lien ? "Que ce soit dans la liturgie catholique que dans la liturgie protestante, quand on fait une demande de pardon, remarque Michèle Behr, c’est dans la relation avec Dieu, c’est moins dans la relation horizontale entre les hommes."
Yom Kippour est une fête à part pour les juifs. Elle "correspond à une mystique et à une éthique propre au judaïsme", souligne Michèle Behr, qui ajoute toutefois que la fête "pourrait nous inspirer pour nos mettre dans un rapport différent entre hommes et avec Dieu". On pourrait trouver des échos de l’effacement des péchés dans notre approche du jugement dernier. Dans le judaïsme, il est dit qu’après Roch Hachana, Dieu quitte le trône de gloire pour aller vers le trône de miséricorde.
Cette émission, réalisée sous forme d’entretiens, a pour objectif la découverte des racines juives du christianisme. La culture et les références chrétiennes étant de moins en moins connues, il est important d’en rappeler les racines et donc le sens. Et c’est dans la tradition juive qu’il faut chercher cet enracinement, tant dans le domaine de la prière que de l’éthique ou des textes évangéliques.
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