Fête du Livre RCF - page 2

Bruno TESTA est l'auteur de nombreux livres, en particulier consacrés à son "pays" : Saint-Romain-le-Puy. Dans son dernier roman, il imagine que son héros reçoit une commande de son éditeur et que le défi n'est pas mince : faire venir les touristes à Saint-Etienne, "la capitale des taudis" dixit la presse nationale ! Et le confinement lui permet de se mettre au boulot ! Avec sa verve coutumière et son talent à faire vivre les gens de chez nous avec truculence et bonhomie, notre héros va voir ce noble dessein se transformer en une errance nocturne et drolatique dans les rues désertes de notre cité pour terminer à La Mine, au pied des crassiers de Michon, un bar clandestin aux habitués haut en couleur ! Cela suffira-t-il à faire venir à, pleins TGV, les touristes chez nous ? Pas sûr, mais quel plaisir pour le lecteur ! 

Eglantine Gabaix-Hialé nous livre un témoignage bouleversant sur son parcours personnel et son chemin de vie : des années de voyages et de rencontres au milieu de la guerre et du chaos, en Irak, en Syrie, en Arménie, au Liban, les pays dans la terrible actualité de la guerre, du terrorisme, du génocide. Et pourtant... " Ecouter ceux qui ont tout perdu, ceux qui ont fui les bombes, la barbarie, la douleur, la peur, c'est aussi témoigner de leur sourire, de leur persévérance, de leur légèreté. Oui, la lumière déchire le noir, mais il y a autre chose. Comme une transparence, comme un insaisissable...". Une rencontre forte avec une jeune femme apparemment fragile mais d'une énergie et d'une profondeur qui nous font du bien... Une rencontre animée par Anne-Marie Vergnon.

En ce 3ème jour de la 37ème Fête du livre de Saint-Etienne, il est temps de faire un premier bilan ! Rencontre avec Marc Chassaubéné et Jean-Pierre Kotchian, en charge de la culture dans l’équipe municipale. Un échange convivial entre les trois animateurs des rencontres avec les auteurs (plus d’une vingtaine cette année), Anne-Marie Vergnon, Solange Simon et Jean-Claude Duverger et les élus, heureux de constater que cette édition a bien été une Fête, comme l’avait voulu son créateur Jacques Plaine. Public largement au rendez-vous, libraires solidaires, encore davantage partie prenante de la Fête et dans l’ensemble satisfaits, auteurs « bichonnés » et appréciant l’accueil des stéphanois, animations sur les différents lieux de la ville et mise en avant de tous les genres de livres et pour tous les âges, ouverture sur d’autres pratiques culturelles, parrains au top, nombreux débats et rencontres, mobilisation des bénévoles  etc…., tout le monde semble déjà reparti pour la 38ème !

Vient le temps des remerciements et des félicitations à la commissaire Axelle Redon et à ses équipes et pour nous à nos amis et partenaires de «  Lire à Saint-Etienne » et à l’équipe de RCF qui a rendu possible ces trois jours de direct ! RCF la radio historique de la Fête et un partenaire média résolu pour faire vivre la culture sur notre territoire !

Pour ce 3ème jour de la 37ème Fête du livre de Saint-Etienne, le plaisir de rencontrer Denis Chaumier, qui a accompli sa carrière de journaliste à L’Equipe et à France-football et a écrit de nombreux ouvrages sur le foot ! Les anniversaires sont l’occasion de faire des cadeaux et ce livre est désormais incontournable pour les innombrables amoureux de nos Verts. Ce livre est aussi un cadeau que nous fait Denis Chaumier et sera certainement aussi offert en famille et aux amis, puisque l’amour de ce club est largement transgénérationnel et largement hexagonal !

De sa fondation en 1933 à aujourd’hui, en passant par ses dix titres de champion de France, ses six coupes de France, sa victoire en coupe de la Ligue en 2013, ses épopées européennes et, évidemment, la finale de la coupe d’Europe des clubs champions perdue à Glasgow en 1976 contre le Bayern Munich, l’AS Saint-Étienne constitue un patrimoine sportif et humain de première catégorie qui invite au plus grand respect et à la plus grande fierté.

Ce gros et beau livre est désormais la « somme «  sur  90 ans de légende des Verts. Très bien organisé, il permet une lecture en continu et donc chronologique avec des chapitres qui scandent les grandes étapes de l’histoire du club, mais aussi un « butinage » ludique pour retrouver portraits de joueurs célèbres ou inconnus, des entrées thématiques qui jalonnent chaque chapitre, des archives et des interviews souvent inédites, une iconographie d’une richesse étonnante, avec toujours un mélange de précision impeccable et d’émotion très touchante.

Le dialogue avec Denis Chaumier est bien sûr frustrant, vu sa brièveté, mais la lecture prolongera le plaisir en rêvant que, comme le dit la légende que « Les grands clubs ne meurent jamais «  Immense merci du peuple vert à Denis Chaumier, désormais stéphanois à jamais et clin d’œil à Philippe Gastal, la mémoire du club et le fondateur du musée des Verts.

C'est par la rencontre avec frère BENJAMIN, animée par Anne-Marie Vergnon, que nous terminons nos entretiens avec les écrivains et les acteurs de la 37ème Fête du livre de Saint-Etienne. Frère Benjamin est un des auteurs présents sur le stand de la librairie Culture et Foi.

Il a maintenant 40 ans et il nous raconte, avec enthousiasme, son parcours de croyant, traversé bien sûr par les doutes mais animé aussi par le sentiment que, comme chacun de nous, nous dit-il, "il a du prix aux yeux de Dieu !" Frère Benjamin est prêtre salésien depuis 2016, directeur du collège Don Bosco Giel en Normandie, chanteur, créateur de contenus sur les réseaux sociaux qui l'ont largement contribué à le faire connaître, et fondateur de la chorale Cap Coeur d’Argenteuil. Il y recueille par milliers des messages de jeunes avec qui il échange sur le sens de la vie, l’existence de Dieu, le pardon et les souffrances qu’ils rencontrent. Aujourd’hui, à l’aide de sa propre histoire, celle d’un fils sans père qui a trouvé la foi auprès de Marie à Medjugorje, il témoigne comment Dieu peut répondre à nos interrogations, comment lui seul comble nos solitudes. Avec force et simplicité, il nous livre son cœur d’enfant abandonné, d’adolescent habité par la foi et de prêtre heureux et convaincu de la puissance de l’amour de Dieu. À mettre entre toutes les mains pour retrouver l’espérance.

Marc Alexandre OHO BAMBE : Souviens-toi de ne pas mourir sans avoir aimé (éditions Calmann-Levy)

Poète, écrivain et slameur connu sous le nom de Capitaine Alexandre, Marc Alexandre Oho Bambe est l’auteur de plusieurs recueils de poésie. Il a également publié deux romans remarqués. Souviens-toi de ne pas mourir sans avoir aimé est son troisième roman. Jaromil en est le personnage principal. L’auteur dit de lui qu’il a le Jazz à l’âme. Un jour, il reçoit dans sa boîte aux lettres un colis contenant un courrier, des cassettes audio, un disque Mo’Better Blues, et la photo d’un homme qui lui ressemble trait pour trait, seul héritage du père qu’il n’a pas connu. Bouleversé, il part en quête de réponses, et écrit à sa fille, pour lui dire. Tout lui dire. Ce livre est un objet littéraire hors-norme qui efface les frontières entre poésie et roman et offre un regard poignant sur la paternité, l’absence, la solitude et l’amour. Il nous offre à la fin de la rencontre une bouleversante lecture d'un extrait de son livre. Marc Alexandre Oho Bambe était le parrain des « Mots en scène » de cette 37ème Fête du livre. Les lecteurs se sont pressés en nombre pour découvrir son spectacle de clôture « La vie poème ». Accompagné par Caroline Bentz, il nous a bien, comme il est dit dans la présentation,  proposé « un chemin d’écriture, une musique de mots pour interpeller demain ».

Une interview réalisée par Solange Simon pendant la Fête du Livre de Saint Etienne sous le chapiteau RCF Lire à Saint-Etienne

 Rendez-vous avec les libraires : Alexandra Charroin-Spanderberg. Comme chaque année, à l'occasion de la Fête du livre de Saint-Etienne, nous sommes heureux de donner la parole à un (ou une) libraire stéphanois, dans la fraicheur du dimanche matin, au 3ème jour de la Fête, sous le chapiteau RCF Lire à Saint-Etienne.

Nous avons tous pris conscience, lors des confinements liés à la pandémie, combien les librairies étaient vitales pour notre pays : La Librairie, comme « commerce de première nécessité « . Nous avons la chance en particulier dans notre territoire d’avoir un très beau réseau de librairies indépendantes, fédérées dans la SASLI (Seule Association Stéphanoise de Libraires Indépendants), qui travaillent en bonne solidarité, conscients qu’il faut être uni pour survivre. Alexandra Charroin-Spanderberg est gérante associée de la Librairie de Paris et vient d’être élue vice-présidente du Syndicat de la Librairie Française (SLF) qui fédère plus de 700 librairies indépendantes partout en France.

Avec elle, nous faisons le point sur l’état de la librairie chez nous et sur notre territoire national. Les librairies sont des commerces fragiles économiquement et les libraires sont d’abord des passionnés qui doivent pouvoir « tenir le coup » en face de la concurrence nettement déloyale de modes de distribution qui éliminent l’humain, alors que la lecture peut nous rassembler et nous ouvrir aux autres. Alors les libraires se battent, innovent, investissent, font de leur librairie de vrais lieux de culture et de rencontres. A nous, lecteurs, de leur réserver nos achats, de leur demander conseil et de faire vivre économiquement ces commerces qui contribuent en outre à vitaliser nos villes !

Grand bonheur et grande fierté de recevoir Jean-Claude MOURLEVAT, au micro d'Anne-Marie Vergnon, en ce deuxième jour de la Fête du livre de Saint-Etienne. Alors que de nombreux lecteurs, petits et grands, se pressaient autour de lui pour lui faire signer ses livres, il vient passer 30' avec nous sous le chapiteau RCF Lire à Saint-Etienne pour évoquer la troisième histoire de son Jefferson, le plus humain des hérissons (ou l'inverse d'ailleurs...) : "Jefferson se fâche", après "Jefferson" (2018) et "Jefferson fait de son mieux" (2022). Il évoque en particulier à la fin de l'entretien l'émotion qu'il partage avec ses lecteurs lorsqu'à l'occasion de rencontres et de dédicaces ceux-ci lui confient combien la lecture de certains de ses livres les accompagnent encore, bien longtemps après !

" Ce matin-là, Jefferson est surpris par le silence qui règne dans sa maison. Pas un bruit au dehors, et pour cause : le pays des animaux est sous la neige. Alors que notre hérisson étudiant aide son ami Gilbert, le cochon, à déneiger devant son garage, il aperçoit une botte qui dépasse du tas de neige. Au bout de la botte, c’est le corps inconscient du pauvre chat Émile que leur pelle va dégager. Cette terrible découverte plonge les compères dans une nouvelle enquête : le chat photographe a été assommé et son appareil photo a été volé…"

Jean-Claude Mourlevat vit près de Saint-Étienne. Il est auteur jeunesse depuis 1997 de nombreux romans, parmi lesquels Le combat d'hiver (Prix Jeunesse France Télévision 2006, Prix Sorcières 2008, Prix des Incorruptibles 2008),  et Jefferson (Prix des libraires du Québec 2019, Prix des Incorruptibles 2020). En 2021, il est lauréat du Prix Astrid Lindgren,  communément considéré comme le prix Nobel de la littérature jeunesse, décerné pour l’ensemble de son œuvre. Il est le premier lauréat français depuis la création du prix et rejoint notamment Maurice Sendak, Philip Pullman, Kitty Crowther ou Shaun Tan. 

Jean-Yves LOUDE : " Le chemin des vierges enceintes " (éditions Chandeigne). 

En ce samedi 14 octobre, nous terminons notre matinée de rendez-vous littéraires par une rencontre avec Jean-Yves LOUDE. Une quarantaine de livres publiés à ce jour : romans, récits de voyages, ouvrages d'ethnologie, essais, romans pour la jeunesse, Jean-Yves Loude est ethnologue et est animé depuis toujours par une double passion : écrire pour voyager et voyager pour écrire. Au micro d'Anne-Marie Vergnon, il lève pour nous le mystère de ce titre très énigmatique et nous raconte son voyage avec Viviane Lièvre et la fièvre qui les gagne au fur et à mesure du trajet, une vraie enquête quasi policière avec aussi les exigences du travail scientifique des l'ethnologue ! Une autre voie vers Compostelle, c'est aussi le sous-titre de ce très beau livre ! Et d'ailleurs, avons-nous déjà vu des "vierges enceintes " ?

Des statues de Marie dans l’attente de Jésus, la main posée sur son ventre rond et proéminent ? Elles ont existé. Elles ont, pour la plupart, disparu.
Entre le XIIIe siècle et la fin du XIVe siècle, les sculptures de la Vierge enceinte jouissent d’une ferveur populaire, en France, en Espagne, au Portugal. Les femmes confient espoirs et angoisses à Celle qui partage leur sort.
Cependant, sensibles aux critiques des Protestants, les membres du Concile de Trente, exigent, en 1563, la mise à l’écart de ces images jugées « irregardables ». Tout comme les Vierges parturientes alitées et les représentations de Marie allaitant son enfant. En conséquence, les sculptures des Vierges de l’Attente sont retirées des églises. Détruites, emmurées, cachées, volées ? On l’ignore. Aujourd’hui, peu de ces figurations d’une Vierge « trop humaine » subsistent. Il faut les chercher.
La mission est confiée à Jean-Yves Loude, écrivain, ethnologue, et Viviane Lièvre, ethnologue, photographe, connus pour leurs enquêtes policières sur les conséquences de la traite négrière ou sur les mémoires assassinées dans la coulisse de l’Histoire. Très vite, le couple d’investigateurs associe ces disparitions à la logique d’un discours d’exclusion élaboré par des hommes religieux aux dépens de la moitié de l’humanité. Ils décident d’enquêter le long d’un chemin vers Saint-Jacques de Compostelle qui ne suivra aucune balise officielle. Leur itinéraire prévoit 14 stations, toutes dédiées à des représentations de la Vierge enceinte : entre Le Puy-en-Velay et Santiago, en passant par des cathédrales, des couvents, des chapelles discrètes, des musées, des villages retirés, dans le sud de la France, puis en Alentejo, Ribatejo, au centre et au nord du Portugal, dans le Douro, le Minho, le Trás-os-Montes, pour finir en Galice.

Site lié avec 420 photographies de Viviane Lièvre permettant de faire un périple visuel du livre : http://le-chemin-des-vierges-enceintes.org/

11h30 samedi : Rencontre avec les trois finalistes du prix Exbrayat, la lauréate Rania BERRADA et les deux finalistes Sylvie BARON et Marie DE LATTRE.

Pour la première fois cette année, les 3 finalistes du Prix Charles Exbrayat sont des romancières qui ont fait connaissance à l’occasion de la Fête du livre et qui viennent de rencontrer les élèves qui choisiront en avril prochain la gagnante du prix Exbrayat des lycéens : les élèves leur ont d'ailleurs fait des surprises ! Elles nous témoignent de leur joie de rencontrer des lecteurs et des lectrices motivés et ouverts. C'est l'occasion aussi de rappeler comment le prix Exbrayat est organisé pour choisir et faire lire les ouvrages sélectionnés, au terme de plusieurs mois d'échanges, avec trois émissions RCF " A plus d'un titre " à Rochetaillée, Planfoy et Tarentaize ! Finalement le prix a été décerné par 350 votants. 

Sylvie Baron « Les petits meurtres du mardi « (Calmann-Lévy), Rania Berrada «  Najat ou la survie « (Belfond), Marie De Lattre «  La promesse « (Robert Laffont) échangent avec chaleur et bienveillance sur leur travail d’écriture. Pour Rania et Marie, c’est leur premier roman publié : fierté bien légitime d'avoir trouvé un vrai écho auprès des lecteurs et le sentiment que leur livre a touché et ému. Elles restent toutes deux avec la question (parfois angoissante) de la suite : un second roman ? Sylvie, qui a déjà publié une bonne quinzaine de livres et dont l’objectif est clair : écrire des histoires ancrées dans nos territoires et confronter ses personnages romanesques aux grandes questions d’aujourd’hui, les encourage « confraternellement » à persévérer et à aller au bout de leurs créations ! Une rencontre animée avec une grande joie par Jean-Claude Duverger.

Né dans le Maine-et-Loire, Guillaume Nail est l’auteur de plusieurs romans jeunesse. On ne
se baigne pas dans la Loire est son premier roman adultes. A l’origine de cette envie de
changer de catégorie, la découverte du drame de Juigné-sur-Loire qui, en 1969, causa la
mort de dix-neuf enfants. Même si l’auteur souhaite rendre hommage à ces disparus, son
roman, il tient à le préciser, est une fiction dans laquelle sa connaissance de l’adolescence
est omniprésente. On aurait envie de dire que le fleuve Loire est le personnage principal du
roman. En ouverture et en clôture, un chapitre lui est consacré. Personnage principal sans
doute et il n’y a pas de suspense dans ce livre original dans lequel l’intérêt n’est pas de savoir
ce qui va se passer mais comment cela s’est passé. Le roman de Guillaume Nail commence
un après-midi d’août, dernier jour de colo. Le lecteur fait connaissance avec le directeur,
Benoît, la monitrice, Pauline, et quelques colons représentatifs du monde de l’adolescence.
Dans la deuxième partie, l’auteur nous révèlera les failles de ses personnages.

Léonor de Récondo a publié neuf livres pour lesquels elle a obtenu différents prix. Elle est
également violoniste baroque. Elle se produit dans le monde entier et a enregistré de
nombreux disques.
Le roman se passe à Venise. En 1699, naît Ilaria. A sa naissance, ses parents la confient à la
Pieta, institution qui recueille les enfants abandonnés et les voue à la musique. Dans cette
communauté féminine, la petite fille apprend le violon avec le maestro Vivaldi. Elle joue lors
des concerts où les Vénitiens se pressent, fascinés par le talent des interprètes dissimulées
derrière les grilles de l’église. Mais Ilaria étouffe, rêve d’ailleurs. Son amitié avec la jeune
Prudenza l’ouvre au monde.
Le grand feu, c’est l’amour qui la foudroie, à l’aube de ses quinze ans, pour le frère de
Prudenza. Transportée, Ilaria mêle amour charnel et amour de la musique au point de les
confondre.
Dans une langue virtuose, Léonor de Récondo révèle la passion qui brûle en Ilaria et la
consume. Flambloyante, absolue, irréversible.
Interview réalisée, à l’occasion de la Fête du Livre 2023, par Solange Simon

« C’est peut-être loin du rivage que je me sens le plus solidement ancré dans notre planète »,
confie le navigateur. De la Bretagne à la Polynésie, des mers du Nord aux baies du Sud,
l’auteur nous embarque au gré des vents et des mots, avec poésie et sagesse, dans un voyage
atemporel, là où les mers voient défiler des générations d’aventuriers, de James Cook à
Bernard Moitessier.
Au fil de l’eau, il revisite des rencontres historiques entre Européens et Océaniens, ravive des
journaux de bord oubliés et témoigne de ses expériences, comme la rencontre exceptionnelle
avec des dauphins messagers. Il dévoile un lien sensible et intime à la mer, aux vents, aux
astres et à tous les êtres vivants qui cohabitent dans ce milieu océanique. Comme en amour, la
passion porte ses adeptes vers l’émerveillement, vers ses déboires aussi. Car les forces de la
nature révèlent au marin qu’il n’est pas maître des lieux. Si l’appel du large invite à
l’humilité, il transporte aussi les voyageurs vers de nouveaux horizons culturels.
Olivier Le Carrer est journaliste et navigateur, ancien rédacteur en chef du magazine
« Bateaux » pour lequel il a testé des milliers de voiliers aux quatre coins du monde.
Sybille le Carrer, elle, illustre le récit.
Interview réalisée par Solange Simon, à l’occasion de la Fête du Livre 2023

Samedi 16h : Zoé Brisby : « Les mauvaises épouses «  (Albin Michel)

Une couverture très vintage, une image d’un bonheur lisse et joyeux, avec une belle jeune femme qui vous regarde avec un sourire éclatant et serein, nettement en décalage avec le titre du roman…Cette icone du mariage clean serait-elle donc une « mauvaise épouse » ? La rencontre avec Zoé BRISBY est à l’image de son livre : une réalité historique bien ancrée dans l’Amérique triomphante des années 50 et des questions qui percutent notre quotidien, à travers l’histoire romanesque de personnages forts et impactants. Le dialogue est animé par Jean-Claude Duverger.

 Summer et son mari Edward vivent dans le désert du Nevada, sur la base militaire Nevada Test Site, chargée d’étudier la bombe de plus près. À chaque lancer, ils sont aux premières loges de l’onde de choc et il n’y a que Summer pour ne pas savourer le spectacle. Edward et tous leurs voisins la trouvent un peu sotte avec ses craintes : l’Amérique est grande, forte et protectrice, cette bombe en est justement la preuve, comment peut-elle avoir le moindre doute ? Alors Summer s’efforce d’en être et organise, la saison venue, des apéritifs atomiques. Mais sa docilité volera en éclat avec l’arrivée d’une autre bombe sur la base : Charlie. Elle est tout ce que Summer n’est pas, forte, indépendante et sensuelle. Tandis que les hommes s’extasient sur le miracle de la science et la puissance de l’Amérique, Summer et Charlie prennent ensemble le chemin jouissif de la liberté. Ce roman a obtenu le prix Waknine. Zoé Brisby, historienne de l'art, vit et travaille à Paris. Ses romans, traduits en plusieurs langues et sélectionnés pour plusieurs prix littéraires, ont déjà conquis des milliers de lecteurs à travers le monde.

Pour la suite de nos entretiens avec les auteurs invités à la Fête du livre de Saint-Etienne, Anne-Marie Vergnon reçoit Thomas Cantaloube pour «  Mai 67 «  paru aux éditions Gallimard dans la prestigieuse collection Série noire. Thomas Cantaloube a été journaliste pendant 25 ans avant de se consacrer pleinement à l’écriture de fiction. Ses deux premiers romans, Requiem pour une République (2019) et Frakas (2021), ont été salués par la critique et ont obtenu de nombreuses récompenses dont le prix Landerneau, le prix 20 minutes/Quais du polar, le prix Mystère de la critique, et le prix Noir de l’Histoire. 

Bien sûr, le titre est volontairement énigmatique et la première question d’Anne-Marie Vergnon : « Mai 68 oui, mais Mai 67 ? » va nous permettre de découvrir un fait historique largement oublié aujourd’hui. Thomas Cantaloube nous rappelle alors que pour les guadeloupéens, mai 67 fait partie de leur histoire et encore aujourd’hui cette tragédie a laissé de nombreuses traces dans les mémoires et dans les cœurs ! Que s’est-il donc réellement passé sur l’île ? Voici donc la présentation du roman proposée par la Série noire.

« Mai 1967, la Guadeloupe est sous pression. Une manifestation dégénère en une émeute sévèrement réprimée par la préfecture. Dans les jours qui suivent, les rumeurs évoquent des dizaines de morts, et de nombreux Guadeloupéens sont arrêtés et enfermés en métropole, avant d’être jugés pour sédition. Lucille, la compagne du journaliste Luc Blanchard, en fait partie.
Pour l’innocenter, Blanchard se lance dans une enquête qui le mène jusqu’aux plus hautes instances du gouvernement gaulliste. Et ses révélations sont un caillou de plus dans la chaussure d’édiles totalement dépassés par la colère contre un pouvoir qui cherche à étouffer les aspirations des populations d’outre-mer, mais aussi celles de la jeunesse qui descend dans la rue en mai 68. »  Mai 67 entremêle ainsi différents questionnements : la manière dont Paris gère et perçoit ce bout de France lointain, la question de la « décolonisation », le racisme, le poids des inégalités économiques, la violence sociale et l’anticommunisme apeuré de la Guerre Froide. Le tout imbriquant faits réels et personnages romanesques, dans la meilleure tradition du polar historique et politique français.

Invité d’honneur de la 37ème Fête du livre, Dominique Rocheteau nous fait la joie de nous proposer son livre en avant-première (sortie officielle le 19 octobre) et de venir à notre rencontre alors que de nombreux lecteurs attendent sur son stand notre icone de la grande époque des Verts.

Son livre est à son image, modeste mais déterminé. Il a décidé de l'écrire poussé par deux désirs profonds : «  Transmettre et dire Merci « !

Joueur emblématique de la grande équipe de Saint-Étienne des années 1970, champion de France à trois reprises, finaliste de la coupe d’Europe des clubs champions en 1976, vainqueur de l’Euro en 1984, celui qu’on surnommait « l’Ange vert » a eu mille vies dans le foot : joueur, agent, directeur sportif, président de comité d’éthique, responsable de centre de formation, directeur de stage…
Cette expérience, Dominique Rocheteau a choisi de la partager et d’en livrer quelques enseignements majeurs à tous ceux que le sport et le football passionnent : aux grands-parents et aux parents autant qu’aux enfants, et bien sûr aux jeunes sportifs. En une vingtaine de chapitres, il aborde les thèmes qui lui sont chers : la passion du sport – le foot, mais aussi le rugby et le cyclisme –, l’éthique, les éducateurs, le public, l’émotion des vestiaires, le public, l’arbitrage, la violence, le racisme, l’argent, les médias, le boycott comme arme politique… Il le fait sans donner de leçons, plutôt comme on délivre une passe, en forme d’héritage. Il cite d'ailleurs Aimé Jacquet qui évoque la beauté de la passe, le geste de base du footballeur, pour laquelle il faut mettre tout son talent et son application, puisque c'est une sorte de "cadeau" que l'on fait à son partenaire, une magnifique métaphore de l'esprit d'équipe ! D'ailleurs, "Le Jeu doit l'emporter sur l'enjeu et le je...".
« Le football a changé comme le monde qui l’entoure. Nombreux sont ceux qui se reconnaissent moins en lui, en ses valeurs, en ses principes, en son identité. Mais il demeure un sport populaire qui rassemble, qui transcende et qui exalte. Il n’oppose pas les générations entre elles mais cherche à les réunir dans une longue chaîne indissociable. Pourvu que jamais elle ne se brise. »

Zac DELOUPY  « L’affaire Chaland «  (éditions Jarjille )

Le stéphanois Zac Deloupy est l’auteur de l’affiche de la 37ème édition de la Fête du livre ! Nous sommes heureux de le recevoir pour évoquer ses travaux récents, ses séries de dessins sur les réseaux, cette affiche qui a recueilli une large adhésion et pour évoquer son dernier album «  L’affaire Chaland » paru aux éditions Jarjille, avec la complicité d’’Alep pour le scénario ! Une rencontre animée par Jean-Claude Duverger

Max et Lola profitent des premiers instants de calme après la naissance d’Esteban… Arrive alors, une alléchante proposition d’achat de planches originales du dessinateur Yves Chaland. Mais quand c’est trop beau, c’est qu’il y a anguille sous roche, ou rapace dans le ciel comme dirait Lucia !

Zac Deloupy est né à Saint-Étienne. Après un diplôme des Beaux-arts d’Angoulême, section bande dessinée, il travaille comme illustrateur indépendant tout en publiant, depuis 2002, pour l’édition jeunesse. En 2004, il co-fonde les éditions Jarjille où il publie Collisions sur des textes d’Alain Brechbuhl et Comixland avec Alep, ainsi que la quadrilogie Une aventure de la librairie l’Introuvable qui raconte les aventures de deux libraires stéphanois. Chez Delcourt en 2016 paraît un album important : Love story à l’iranienne, avec Jane Deuxard. Cet album a remporté de nombreux prix, dont les prestigieux Prix France Info 2017, et BD Zoom 2017 (Suisse). Il a participé à l’album collectif Correspondances réunissant auteurs Français et Québécois (Lyon BD festival-2016). En 2018, paraît Algériennes 1954-1962, qui rencontre un large écho, sur un scénario de Swann Meralli, relatant la guerre d’Algérie vue par les femmes (éditions Marabulles) puis Pour la peau, album érotique co-écrit avec Sandrine Saint-Marc aux éditions Delcourt. En 2020, lors du premier confinement, il réalise et auto-publie une série de 40 dessins, compilés sous le titre Covidland.. Zac Deloupy a participé à diverses revues : La revue dessinée, Pandora (Casterman), Fluide Glacial, les Cahiers de la BD, Egoscopic, Siné Mensuel, L’Aventure.

Christian LABORIE : A l’ombre des souvenirs interdits (Presses de la cité)

Pour cette 1ère journée de la 37ème Fête du livre de Saint-Etienne, Anne-Marie Vergnon reçoit Christian Laborie qui nous présente son dernier livre «  A l’ombre des souvenirs interdits » paru aux Presses de la cité, dans la collection Terres de France. C’est l’occasion de rencontrer un auteur qui touche un très large public avec des histoires enracinées dans nos territoires et dans lesquelles des personnages attachants sont confrontés aux soubresauts de la grande Histoire. C’est aussi l’occasion de se mettre dans la peau des lecteurs et des lectrices fidèles, qui aiment ces grandes traversées romanesques !

Née en 1961, Lina Larsac a grandi en harmonie dans une famille bourgeoise et aimante à Guéret : avec son grand frère, ses parents, qui se sont connus en Martinique d’où est originaire sa mère.

Elle, médecin, y a rencontré son mari, cadre administratif à la préfecture. Pour grave faute professionnelle, le père est muté à Mende. À onze ans, Lina vit comme un déracinement ce changement de vie. Elle se sent abandonnée, pense qu’on ne lui dit pas toute la vérité.
Vive, intelligente, Lina passait pour une petite fille modèle. Mais à l’entrée en 6e, en cette année 1972, elle se referme sur elle-même. Elle ressent une profonde fêlure, plus douloureuse que celles perçues jusqu’à présent. Au collège, sa rencontre avec Alice, fille d’agriculteurs, lui apporte une amitié bienfaisante. Mais c’est une autre jeune fille, à la peau brune comme elle, qui va confirmer son mal intérieur, ce doute permanent, le pourquoi de sa colère…
Ainsi débute la quête d’identité de Lina, petite Réunionnaise adoptée à l’âge de quatre ans.

Les Rives Blanches, la fresque romanesque des Rochefort, mais aussi Dans les yeux d’Ana, Les Enfants de Val Fleuri et Les Fiancés de l’été sont parmi les plus grands succès de Christian Laborie aux Presses de la Cité.

Isabelle FLATEN : Un honnête homme ( Anne Carrière éditions )

Pour la suite de cette première journée de la 37ème Fête du livre de Saint-Etienne, Anne-Marie Vergnon reçoit Isabelle Flaten qui nous présente : «  Un honnête homme «  (éditions Anne Carrière), son 13èmeroman. Derrière ce titre plutôt énigmatique, le lecteur découvre le pari étonnant que s’est donné la romancière :  réécrire l’histoire de Madame Bovary du point de vue de Charles, son mari,  et dresser le portrait d’un homme sensible, en avance sur son temps ! Nous avons tous des souvenirs parfois lointains, souvent scolaires du roman de Flaubert, un des chefs d’œuvre de notre littérature et donc du personnage d’Emma Bovary et de son destin tragique.

Une petite bourgade de province, ses notables, ses domestiques et sa rumeur. Charles Bovary, un jeune homme mal assuré, vient s’y établir à l’issue de ses études, suivant docilement la voie que sa mère a tracée pour son fils unique. Il épouse en premières noces une femme plus âgée que lui et richement dotée. Mais, en âme sensible et dévouée, Charles rêve de grand amour et veut fonder une famille. Dans un exercice virtuose, l’auteure réécrit l’histoire de Madame Bovary du point de vue de Charles et dresse le portrait d’un homme, au XIXe siècle, qui peine à remplir le rôle que la société lui a assigné. Différent et vulnérable dans les sentiments qu’il exprime, dans la place qu’il donne à l’amour et au désir, Charles Bovary émerge d’entre les lignes du récit conté par Isabelle Flaten comme un homme de notre temps.

Le plaisir du lecteur est indéniable et, paradoxalement, Anne-Marie Vergnon souligne que cette histoire de Charles Bovary, « Un honnête homme », donne envie de lire avec un œil renouvelé Madame Bovary de Flaubert. Une belle complicité entre la romancière et la lectrice !

Les entretiens sous le chapiteau RCF Lire à Saint-Etienne nous permettent de donner la parole bien sûr d'abord aux écrivains, mais aussi à celles et ceux qui font vivre toute l'année la lecture et les livres chez nous. Les librairies (organisées à Saint-Etienne avec l'association SASLI) et les médiathèques sont des lieux privilégiés de rencontre en proximité avec toutes les formes de lecture et ceux qui les dirigent ou les animent sont en général des passionnés, eux-mêmes souvent "accros" à la culture et à la lecture !

Philippe Georjon est une des personnalités qui animent la vie culturelle depuis les médiathèques de Saint-Etienne, un réseau historiquement dense et en continuelle adaptation pour suivre les changements des habitudes des usagers, petits et grands, qui utilisent les lieux et leurs ressources de plus en plus diversifiées. Il échange avec Solange Simon et évoque les diverses formes que prennent au fil de l'année les "actions culturelles" pilotées par le réseau des médiathèques de Saint-Etienne. C'est aussi l'occasion de saluer le travail fait sur tout notre territoire en faveur de la lecture et de la vie des livres : libraires, maisons d'édition, médiathèques locales, réseau départemental basé à Montbrison,  bibliothèques pour tous, associations comme Lire à Saint-Etienne etc....