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Le Mot de l'Administrateur du diocèse RCF - page 6

Émission présentée par Didier-Marie de Lovinfosse

La parole est donnée à Don Didier-Marie de Lovinfosse. Chaque semaine, il propose son regard sur l'actualité.

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Episodes

  • DR RCF
    11 mars 2022

    CHRÉTIENS D’UKRAINE, CHRÉTIENS POUR L’UKRAINE

    2 min

    En ce début de semaine, le Conseil permanent de la Conférence des évêques de France a rencontré Monseigneur Hlib LONCHYNA, administrateur apostolique de l’Éparchie de Saint-Vladimir pour les Ukrainiens de rite byzantin en France. Il s’agit de la petite communauté catholique ukrainienne (environ 10% de la population du pays), sachant que la majorité des Ukrainiens sont orthodoxes (environ 65%).
    À la question que nous lui posions « que pouvons-nous faire pour l’Ukraine ? », Monseigneur Lonchyna a répondu que les Ukrainiens recevaient avec gratitude tous les secours matériels et l’accueil dans les pays occidentaux, mais qu’ils nous demandaient avant tout notre prière. La prière pour tenir bon, la prière pour ne pas désespérer, la prière pour avoir la force du pardon devant l’injustice et la violence dont ils sont victimes. Il a répété les paroles qu’il avait prononcées le 4 mars dans une veillée œcuménique de prière pour la paix à Vincennes : « Le mal ne peut pas régner, la bonté et l’amour vaincront. Mais cela coûtera beaucoup de victimes, de ruine et de sang… Prions afin que le Seigneur accepte nos prières et porte soulagement à ceux qui souffrent. Persévérons dans la foi et la confiance. »
    Parmi les associations qui peuvent recevoir vos dons pour l’Ukraine et pour les réfugiés, mentionnons : l’Œuvre d’Orient, l’Aide à l’Église en détresse, l’Ordre de Malte, la Mission polonaise en France. Il en existe bien d’autres encore.
    Je vous signale aussi une veillée de prière pour la paix qui se tiendra ce vendredi 11 mars à 20 heures 30 au Temple protestant de Blois, 30 rue des Minimes.

    Terminons en citant le Pape François :
    « Toute guerre laisse le monde pire que dans l’état où elle l’a trouvé. La guerre est toujours un échec de la politique et de l’humanité, une capitulation honteuse, une déroute devant les forces du mal. »
    Et prions pour que l’humanité ne se laisse pas prendre aux pièges que lui tendent les forces du mal.

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    4 mars 2022

    De quoi Jésus a-t-il eu peur ?

    3 min
    À Gethsémani, Jésus a connu « l’effroi et l’angoisse » nous dit l’évangile de Marc, ainsi que « l’agonie » selon l’évangile de Luc. Jésus a donc eu peur. De quoi a-t-il eu peur ? Sans aucun doute de la souffrance et de la mort qui l’attendaient dans les heures qui allaient suivre. Pourtant, dire cela, ce n’est pas aller assez loin dans le mystère de Gethsémani, et cela pour deux raisons au moins :
    D’abord, l’effroi ressenti par Jésus devant la mort est bien plus profond que le nôtre. En effet, par toute une part de nous-mêmes nous avons une complicité avec la mort car nous sommes pécheurs. Pour Jésus, la mort est le contraire de ce qu’il est : il est la Vie ! La souffrance et la mort sont totalement étrangères à sa nature.
    Mais surtout, l’effroi de Jésus a porté sur autre chose de plus mystérieux et de plus angoissant encore. Plus que le don de sa propre vie, ce qui lui a fait peur est que ce don puisse ne pas être reçu. Car ce don est le plus grand et le dernier que Dieu peut nous faire : au-delà de son propre Fils, il n’a plus rien à donner, et si pour notre malheur nous refusons ce don, nous sommes perdus pour toujours.
    « Mon âme est triste à mourir » dit Jésus (Mt 26, 38) : l’agonie est un combat avec une autre forme de mort qu’on peut appeler la « mort de tristesse ». Comme l’a écrit un théologien contemporain, « ce n’est pas la perspective de la mort qui provoque l’agonie de Jésus, mais sa possible inutilité en ceux pour qui il se livre. »

    Il est utile d’évaluer nos propres peurs à l’aune de cette peur. Car notre monde est un monde qui a peur, et son manque de courage se traduit dans sa peur panique de la mort. Lorsque des États sont contraints de s’engager dans des conflits, ils ne veulent pas courir le risque d’un seul soldat tué, alors que ceux qui nous veulent du mal sont prêts à mourir et même à se donner la mort pour tuer et détruire le plus possible. Si bien que la partie n’est pas égale entre ceux qui ne veulent mourir à aucun prix et ceux qui vont jusqu’à regarder la mort comme un but désirable qui fera d’eux des « martyrs ». Mais songeons surtout que si certains jeunes gens sont prêts à mourir pour n’importe quoi, c’est parce qu’ils étaient d’abord à la recherche de raisons de vivre et qu’on ne leur en a pas donné.
    Jésus est venu dans le monde avec une raison de vivre et une raison de mourir : l’amour infini qu’il partage avec le Père pour toute l’humanité qui s’en va à sa perte. Et la seule peur qu’il connaît est que cet amour soit méconnu, que cette parole de vie ne soit pas reçue. C’est sa seule tristesse. « Il n’y a qu’une tristesse, écrivait Léon Bloy, c’est de n’être pas des saints » : c’est de n’avoir peur que pour notre vie d’ici-bas, et d’oublier les vraies raisons de vivre et de donner sa vie que Jésus nous a enseignées.
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    25 février 2022

    Volonté de puissance

    3 min
    Il a été beaucoup question ces dernières semaines des visées hégémoniques de la Russie sur l’Ukraine, et à l’heure où je parle les hostilités ont commencé. Cela éclipse pour le moment les visées tout aussi hégémoniques de la Chine sur Taïwan et de bien d’autres pays sur ce qu’ils considèrent comme leur zone légitime d’influence. Notre monde, encore bercé du rêve de paix universelle, est unanime à condamner cette volonté de puissance, mais il avoue ne pas savoir comment y mettre un terme autrement qu’en rappelant des principes.
    Je redoute qu’il n’y ait dans ces rappels une grande méconnaissance de la nature humaine. Cela se traduit par la difficulté à mettre les problèmes en perspective historique : or quand on le fait on se rend compte que les conflits armés, avec la préparation belliqueuse qui les précède, sont presque toujours la conséquence d’humiliations subies. C’est pour la Russie l’humiliation des années 90, avec la mise à l’écart de ce grand pays par les puissances occidentales et en particulier les États-Unis, et l’ambition corrélative d’étendre leur zone d’influence à tous les anciens pays du bloc soviétique, au mépris de ce que la Russie a toujours considéré comme son indispensable espace de sécurité. Quant à l’agressivité actuelle de la Chine dans l’espace maritime de l’Extrême Orient, elle a évidemment quelque chose à voir avec l’arrogance passée des pays européens qui l’avaient humiliée sans vergogne et sans retenue au dix-neuvième siècle et dans la première moitié du vingtième.
    Ces pays européens auraient pourtant pu apprendre beaucoup de leur propre histoire : la deuxième guerre mondiale et la montée du nazisme qui l’a provoquée résultaient directement de l’humiliation du traité de Versailles, où les plénipotentiaires allemands n’avaient même pas eu le droit d’assister aux négociations. Et le traité de Versailles avec ses clauses humiliantes découlait directement de l’humiliation de la France par l’Allemagne bismarckienne après la défaite de 1871. Mais l’unité allemande, dirigée contre la France, s’était elle-même largement édifiée sur le ressentiment suscité par les guerres napoléoniennes et les ambitions démesurées de la France révolutionnaire.
    On peut ainsi remonter de cause en cause, c’est-à-dire d’humiliation en humiliation, vers des causes toujours plus lointaines mais dont nous sommes pourtant les héritiers. Qu’est-ce qui peut mettre un terme à ces enchaînements d’humiliation et de haine ? Sûrement pas la négation de l’histoire sur laquelle notre Europe actuelle essaie en vain de se bâtir. Mais plus sûrement sur la mémoire des artisans de paix qui ont toujours surgi aux moments les plus critiques et démontré par leur engagement qu’il n’y a de fatalité ni dans l’humiliation ni dans l’esprit de vengeance, mais que le salut réside toujours dans la volonté des peuples de progresser dans la connaissance mutuelle et dans le partage avec les autres du meilleur de leur héritage.
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    18 février 2022

    Deux femmes, deux livres

    3 min
    On ne compte plus les livres de femmes qui écrivent sur la condition féminine. Certaines d’entre elles se risquent à inclure dans leurs analyses le christianisme et la condition des femmes dans l’Église. Le résultat peut être très différent selon que l’essayiste a une idée théologique ou seulement sociologique de la nature de l’Église. On peut parfois aboutir à une incompréhension totale.
    Il n’en va pas ainsi des deux livres dont je veux vous parler cette semaine, parce qu’ils sont écrits par des femmes de foi, même si elles représentent deux visions assez différentes. La première de ces deux femmes est une bibliste bien connue, de surcroît agrégée des Lettres et docteur en Sciences des religions : il s’agit d’Anne-Marie Pelletier. Dans une étude serrée parue au Cerf en 2019 et intitulée L’Église, des femmes avec des hommes, Anne-Marie Pelletier prend d’abord acte des brèches qui ont été ouvertes au XXe siècle, et surtout depuis le concile Vatican II, dans le discours ecclésial sur la place des femmes. Parmi les papes, elle cite en particulier saint Jean-Paul II, Benoît XVI et bien sûr François. Mais elle constate que les changements opérés dans le discours sur les femmes n’ont pas produit pour le moment de véritable partage de parole et de responsabilité « en vue de l’édification de la communauté », invitant à se méfier en particulier des discours qui magnifient trop facilement une image abstraite de la femme, tout en s’accommodant de la mise à l’écart des personnes concrètes dans la vie ecclésiale. C’est la rançon d’une réflexion sur les femmes produite par des hommes qui se sont autorisés à penser et à légiférer pour elles, c’est-à-dire à leur place. La césure historique de l’encyclique Humanae Vitae en est pour elle une illustration douloureuse, en même temps qu’une date importante pour la distance prise par de nombreuses femmes par rapport à l’Église.
    En des pages brillantes, Anne-Marie Pelletier propose ensuite une lecture de grands textes bibliques, à commencer par celui de la création où Dieu fait surgir l’Humain avant de distinguer les sexes. On remarquera aussi son insistance sur la présence et le rôle des femmes dans l’entourage de Jésus, ainsi que son analyse de la parole de saint Paul « il n’y a plus l’homme et la femme » (Galates 3, 28), parole qui n’élimine en rien la distinction mais qui proclame, bien au contraire, la fin de l’inimitié et de la domination. Enfin, dans des chapitres inspirants, Anne-Marie Pelletier met en garde contre la traduction des revendications en termes de pouvoir ou de partage de pouvoir : il s’agit de bien autre chose, de prendre conscience de la manière dont les femmes, à partir de leur manière propre d’appréhender la vie, savent exprimer Dieu.
    Le second livre, plus concis, est tout aussi inspirant. On le doit à Sandra Bureau, vierge consacrée et docteur en théologie elle aussi. Son titre dit son intention : Église de Marie, Église de Pierre (édité par Mame en 2021). Dans l’Église, le ministère pétrinien, exercé par des hommes à la suite de Pierre et des autres apôtres, ne va pas sans son correspondant féminin, dont la source est en Marie. Comme au Cénacle, l’homme et la femme n’ont pas vocation à être face à face, mais bien côte à côte pour que l’Église soit telle que le Christ la veut. Mais ce seront toujours les femmes qui apprendront aux hommes à être vraiment membres de l’Épouse qui dit son oui à l’Époux.
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    11 février 2022

    Retour sur l'espérance

    4 min
    C’est une tradition pour les évêques de France de publier un document avant les élections présidentielles. J’ai déjà eu l’occasion m’exprimer le mois dernier sur celui qui est proposé cette année (intitulé L’espérance ne déçoit pas), mais c’était avant sa mise en vente : c’est pourquoi je reviens aujourd’hui sur ce sujet.
    Pourquoi cette tradition de publier un tel document ? C’est d’abord un texte destiné aux candidats, et qui est envoyé à chacun d’eux personnellement. Il est en effet légitime et nécessaire, quelles que soient leurs options personnelles, qu’ils connaissent les préoccupations des catholiques sur les sujets majeurs de notre société ; peut-être aussi, et même sans doute, sur des sujets qu’eux-mêmes, en tant que candidats, ne considèrent pas comme majeurs. Car pour le dire clairement, les questions à se poser dans notre pays ne se réduisent pas au pouvoir d’achat ou à la maîtrise des changements climatiques, même si ces questions sont graves et parfois vitales. Les religions en général, et la religion catholique en particulier, invitent à opérer des déplacements de perspective : elles soulèvent la question du sens, qu’on pourrait être tenté de mettre sous le tapis en la renvoyant aux préférences individuelles et en oubliant qu’une société qui ne se demande pas où elle veut aller est une société qui ne mérite pas de survivre.
    Par le fait même, le texte ne s’adresse pas qu’aux candidats, mais à tout citoyen et à toute personne de bonne volonté. Le titre L’espérance ne déçoit pas, emprunté à saint Paul (Romains 5, 5), n’a pas été choisi au hasard. Comme le dit Mgr de Moulins-Beaufort, « nos sociétés occidentales sont inquiètes, habitées de peurs… Les motifs d’inquiétude sont nombreux et valent la peine d’être nommés et considérés. Proclamer notre espérance, au nom de notre foi chrétienne, c’est rappeler que la destinée de l’humanité ne s’arrête pas à la crise humanitaire, sanitaire et écologique… C’est aussi rappeler que la vie sociale est fondée sur le choix de vivre ensemble dans la paix et qu’une élection présidentielle est l’occasion de renouveler ce choix. »
    Allons plus loin. Le philosophe Emmanuel Kant résumait tout le questionnement humain par trois questions fondamentales : que pouvons-nous connaître ? que devons-nous faire ? que nous est-il permis d’espérer ? La première question touche notre capacité de comprendre le monde, la seconde notre appréhension du bien et du mal et nos décisions morales, et la troisième notre destinée ultime, par-delà la limite de la mort. Non seulement la foi chrétienne apporte des réponses spécifiques à chacune de ces trois questions, mais elle nous rappelle aussi, que nous soyons croyants ou non, que nous ne pouvons en négliger aucune. C’est d’ailleurs pour cette raison que Kant les récapitule dans une seule interrogation : « qu’est-ce que l’homme ? » Nous constatons aujourd’hui des divergences de plus en plus profondes sur la manière de nous comprendre comme êtres humains. Pour que ces divergences ne se creusent pas plus encore jusqu’à des oppositions irréconciliables, engendrant des condamnations et des guerres sans merci, il nous faut absolument apprendre à nous écouter sans complaisance et avec un total respect. C’est le but de la politique, au sens le plus noble du terme.
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    3 février 2022

    Les vieux et les vieilles

    3 min
    À intervalles réguliers, on reparle des maisons pour personnes âgées dépendantes, en utilisant le sinistre acronyme « EHPAD », pour dénoncer tel ou tel scandale de maltraitance à leur égard. C’est ce qui vient de se produire ces derniers jours avec la mise en cause du groupe Orpea, cette entreprise privée fondée en 1989 par un neuropsychiatre français, et vouée, selon sa propre présentation accessible sur internet, à « créer et gérer des maisons de retraite pour accompagner le grand âge ».
    Depuis la parution d’un brûlot intitulé Les Fossoyeurs, on sait que ce groupe est accusé de chercher par tous les moyens à « optimiser son profit » en rationnant les résidents et en pratiquant une maltraitance chronique. Aussitôt, le monde politique s’est ému et s’est déclaré bouleversé et révolté, la ministre concernée a pris soin de préciser qu’elle avait « bien expliqué [sa] colère [et son] émotion » aux représentants du groupe venus la rencontrer, assurant sa volonté de « frapper fort » parce que, ajoutait-elle avec élégance, « on ne veut plus que des groupes considèrent le grand âge comme une pompe à fric ».
    Ces indignations vertueuses et ces promesses de sanctions seraient de bon aloi si elles entrouvraient une porte sur la question fondamentale que recouvre l’existence même de ces établissements. Cette question est celle de la mise à part des vieux et des vieilles. Je dis bien « les vieux et les vieilles », et non les « seniors », car la première condition pour poser sainement une question est de désigner les personnes par leur nom plutôt que de chercher mille tournures euphémistiques, comme s’il était indécent de dire qu’une vieille personne est vieille. Le travestissement du langage est la première étape de la mise à l’écart, de la mise au rancart qui caractérise tellement aujourd’hui ce que le pape François appelle la « culture du déchet ».
    En tant qu’homme et en tant que chrétien, je soutiens que la cause des « dysfonctionnements » (encore un joli mot) dans notre manière de traiter les gens âgés réside d’abord dans notre manière de les voir comme des êtres désormais inutiles, encombrants, et qu’il est préférable de reléguer dans des lieux à part pour qu’ils ne dérangent personne. En disant cela, je ne jette surtout pas la pierre à leurs familles, car je sais à quel point notre mode de vie actuel est peu propice à l’accueil, qu’il s’agisse des migrants ou des vieux et des vieilles. C’est en fait toute une civilisation productiviste et égoïste qu’il faut questionner sur les choix qu’elle fait et qu’elle ne cesse de ratifier en désignant des coupables lorsque des scandales éclatent pour se défausser sur eux. À la veille de nouvelles échéances électorales dont il est à craindre qu’elles n’aillent pas regarder si profond, c’est le troisième terme de notre devise républicaine, le mot « fraternité » qu’il s’agirait de remettre à sa vraie place – en vérité la première place.
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    28 janvier 2022

    La sainteté des gens ordinaires

    3 min
    Chaque année, la retraite pastorale est une pause bienfaisante dans le quotidien des prêtres et des diacres (et aussi de l’évêque). Elle dure une semaine, tantôt dans le diocèse, tantôt en-dehors. Cette année, la communauté des Béatitudes nous accueillait à nouveau pour une retraite prêchée par le Père Gilles François, prêtre du diocèse de Créteil et chargé de la cause de béatification de Madeleine Delbrêl.
    Qui est Madeleine Delbrêl ? Une femme née en 1904 et morte en 1964. Le catholicisme de sa famille était surtout sociologique, et durant son adolescence elle devient athée, au point d’écrire en 1922 : « Dieu est mort, vive la mort ! » Mais voilà qu’elle rencontre des jeunes de son âge pour qui le Christ est un vivant, le Vivant : « Le Christ, écrit-elle, ils auraient pu avancer une chaise pour lui ! » Cela la conduit en 1924 à s’agenouiller pour prier, et à partir de ce moment elle restera « éblouie par Dieu », selon sa propre expression.
    Une autre grande date de sa vie est 1933. Encouragée par son accompagnateur spirituel, le Père Lorenzo, elle s’établit à Ivry sur Seine, qui est à l’époque la capitale française du communisme et la circonscription électorale de Maurice Thorez. Elle y restera jusqu’à sa mort, renonçant dès 1935 à l’abri sécurisant de la paroisse locale pour s’établir, avec ses compagnes, en pleine ville, comme « nous autres gens des rues » – c’est le titre de son premier livre, paru en 1938.
    Durant cette retraite, notre prédicateur a eu l’art de nous faire découvrir et méditer les nombreuses pépites qui jalonnent les écrits de Madeleine. En voici quelques-unes.
    - Sur la Parole de Dieu : « La Parole de Dieu, on ne l’emporte pas au bout du monde, dans une mallette : on la porte en soi, on l’emporte en soi… Sa tendance vivante est de se faire chair en nous. »
    - Sur l’amour : « Nous ne savons que deux choses : la première, que tout ce que nous faisons ne peut être que petit ; la seconde, c’est que tout ce que Dieu fait est très grand. »
    - Sur la vie de foi : avec cette vie, « la plante de la vie évangélique ne pourra pas ne pas jaillir. » Sans cette vie, « nous ferons des jardins de fleurs coupées qui faneront en deux jours. »
    - Sur la souffrance : « Presque tous les gens qui essaient… d’être de vrais disciples du Christ passent [par elle] un jour ou l’autre… C’est du "fait sur mesure" pour chacun. Sans passer par là, je ne pense pas qu’on puisse croire en Dieu, espérer en Dieu, aimer Dieu avec désintéressement, sans s’aimer égoïstement soi-même. »
    - Sur la joie chrétienne enfin : « C’est de croire concrètement – avec la foi – que nous avons toujours et partout tout ce qu’il faut pour être heureux. »
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    23 janvier 2022

    Information déformation

    3 min
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    14 janvier 2022

    Entrons dans l'espérance

    3 min
    Entrez dans l’espérance était le titre d’un livre de saint Jean-Paul II, paru en 1994 et dans lequel il abordait plusieurs aspects de la culture et de la spiritualité contemporaines en invitant à les regarder à la lumière de l’Évangile. Au début de cette année 2022, le Conseil permanent de la Conférence des évêques de France publie un texte dont le titre est semblable : L’espérance ne déçoit pas. Comme nous l’avions fait il y a bientôt six ans avec Retrouver le sens du politique, nous souhaitons en effet proposer à nos concitoyens une réflexion de fond à la veille des importantes échéances électorales que nous allons vivre avec les prochaines élections présidentielles et législatives.

    Notre propos n’est pas de faire la leçon à qui que ce soit, et notre intervention se veut marquée au coin de l’humilité. Pour autant, nous ne pouvons pas nous dérober à notre responsabilité de pasteurs en ce moment crucial pour notre pays où les risques « de fracturation de notre communauté nationale tout comme de recrudescence des tensions internationales sont réels » et où « la période électorale constitue une occasion pour chacun d’assumer mieux ses responsabilités à l’égard de tous ».

    L’enjeu, en effet, n’est pas seulement de parvenir à vivre ensemble avec le moins de conflits possible : c’est de réussir à élaborer un projet commun qui, sans effacer les différences légitimes, soit capable de mobiliser les énergies en vue du bien de tous. La question qui se pose à nous est de savoir quelle société nous voulons pour nous-mêmes et pour ceux qui viendront après nous. Ce n’est pas une simple question de préservation, de sauvegarde, comme serait portée à le penser une vision étroite de l’écologie : c’est une question d’humanisation, de dignité des personnes et de leur vie, en particulier des plus fragiles, comme le rappelle l’écologie humaine ou écologie intégrale. La tâche de respecter et de promouvoir la vie humaine a de multiples harmoniques et aucune d’entre elles ne peut être laissée de côté. « C’est l’espérance, disons-nous en conclusion de nos réflexions, qui ouvre le chemin des choix courageux et salutaires. » Et « dans la foi nous savons que l’espérance ne déçoit pas, parce que l’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné » (Romains 5, 5).
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    7 janvier 2022

    Bonne année !

    3 min
    Souvent, quand une année commence dans une ambiance un peu lourde, on sent dans de nombreuses cartes de vœux comme une gêne. C’est un peu comme si le rédacteur de la carte disait : « je sais bien que c’est déplacé de vous souhaiter une bonne année avec tout ce qui se passe et toutes les menaces qui pèsent sur nous, pardonnez-moi de le faire quand même ! » Bien sûr personne ne l’exprime ainsi, mais beaucoup le pensent tellement fort que cela transparaît à travers leurs vœux.

    Loin de moi de leur jeter la pierre, d’autant que je ne suis pas sûr d’être moi-même exempt de ce travers – si c’en est un. Mais je pense que cette gêne repose sur une fausse idée des vœux. Nous avons tendance à les confondre avec de simples souhaits, alors qu’ils sont beaucoup plus que cela. Ils ont une analogie avec le rituel de la bénédiction, qui ne consiste pas à souhaiter à quelqu’un que tout aille bien (ou mieux) pour lui, ou qu’il regarde la vie avec plus d’optimisme, mais à appeler sur lui la faveur de Dieu, ce qui est tout différent. La bénédiction n’est pas un vœu – même pieux – mais une prière, et comme telle elle est efficace. Ce qui ne veut pas dire qu’elle est un rite magique ! Son rôle, comme celui de la prière, est bien plutôt que renforcer ou de restaurer la relation avec ce Dieu qui veut nous combler de sa bienveillance, mais qui ne peut le faire que si nous le lui demandons.

    Certains vœux ont le même défaut que ces prières universelles qui ont l’air de vouloir informer Dieu de tout ce qui va mal sur notre terre. Or Dieu le sait déjà, et l’assemblée aussi. Inutile donc de dire à Dieu : « tout va très mal, mais nous croyons quand même en toi ». Présentons-lui plutôt directement et simplement notre prière ! De même, en envoyant nos vœux, ne cherchons pas à informer notre destinataire de tout ce qui ne va pas bien : il le sait aussi bien que nous ! Demandons-nous seulement ce que nous pouvons demander à Dieu pour lui, et exprimons-le directement s’est est croyant, ou de façon plus discrète s’il ne l’est pas. Mais que cela traduise toujours ce que nous désirons et demandons vraiment pour lui.

    Ainsi donc, chers amis, bonne année ! Beaucoup de choses vont mal, mais Dieu vous veut du bien ! Qu’il vous donne cette année le meilleur, c’est ce que je demande pour vous. Et que nous puissions tous appeler cette année qui commence : « l’an de grâce 2022 ».
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    24 décembre 2021

    Me voici, je viens

    3 min
    « Me voici, je viens », dit le Fils de Dieu en entrant dans le monde. Alors que Noël est maintenant tout proche, nous sommes sûrs que ces paroles nous sont bien adressées. N’est-ce pas le message central, la bonne nouvelle de l’Avent ? À travers notre nuit et à travers nos doutes, il n’a jamais cessé de nous dire « me voici, je viens ».
    Ce n’est pas faux, évidemment. Pourtant, si nous regardons de près le passage de la lettre aux Hébreux (chapitre 10) où figurent ces paroles et que nous entendions le dimanche avant Noël, une surprise nous attend. En effet, ce n’est pas à nous, mais à Dieu que le Christ s’adresse lorsqu’il dit « me voici, je viens ». Ces paroles, il les prononce en notre nom, à notre place et pour notre salut. Noël, c’est d’abord quelqu’un d’entre nous qui se présente devant Dieu et qui lui donne la réponse qu’il attendait des hommes depuis toujours : « me voici, je viens ».
    Ne pensons pas pourtant que ce « me voici, je viens » adressé par le Christ à Dieu lui fasse oublier de se tourner vers nous : s’il répond ainsi en notre nom et à notre place, c’est pour accomplir parfaitement la volonté du Père qui est de nous sauver et de nous élever jusqu’à lui dans son amour pour nous. Ainsi, lorsqu’il dit « me voici » à son Père, c’est à nous aussi que le Christ dit « me voici ». Il ne se tourne vers le Père que pour recevoir de lui la mission de se tourner vers nous, de prendre notre parti irrévocablement. Le Père qui l’aime, ne veut pas l’aimer sans nous ; le Père qui nous aime, ne veut pas nous aimer sans lui.

    Ces remarques peuvent nous aider à concilier deux dimensions de la fête de Noël entre lesquelles il nous arrive de nous sentir tiraillés. La première dimension, proprement religieuse, consiste à s’approcher de la crèche pour adorer Dieu qui s’est fait petit enfant. La seconde dimension est celle de la fraternité : Noël n’est pas Noël si ce n’est pas le lieu de la solidarité, du partage avec les plus démunis qui se sentent exclus de la fête. Comment pouvons-nous concilier ces deux dimensions ? C’est le Christ lui-même, à la fois tourné vers Dieu et tourné vers nous, qui nous apprend à les vivre ensemble, sans tiraillement, en comprenant à quel point elles sont inséparables l’une de l’autre. Son « me voici » est à la fois la parfaite adoration du Père et la totale solidarité avec ceux dont il fait ses frères. Si lui, notre Seigneur et notre frère, se comporte ainsi, comment donc pourrions-nous nous comporter autrement ?
    À tous, un heureux Noël d’adoration et un heureux Noël de fraternité !
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    17 décembre 2021

    Un phénomène inquiétant

    2 min
    J’ai été marqué récemment par la lecture d’un article de journal faisant état des démissions d’enseignants en France en général et dans notre région en particulier : 28 démissions cette année dans le seul Loir-et-Cher, sachant qu’il y en a 200 de plus chaque année dans toute la France. Certes, il ne faut pas majorer ce phénomène (dans notre département il y a plus de 3600 professeurs des écoles), mais il ne faut pas non plus se voiler la face au risque de se faire complice du trop célèbre « pas de vague » dénoncé au début de cette année par l’ancien principal de collège Patrice Romain dans un livre qui a fait du bruit : Requiem pour l’Éducation nationale.
    Patrice Romain pointait en particulier les atteintes à la laïcité de l’école, les problèmes de discipline, et bien entendu la lâcheté et l’omerta des hauts fonctionnaires prêts à tout couvrir pourvu que rien ne transpire dans la presse et dans l’opinion. Mais au risque d’enfoncer une porte ouverte, je pense que le malaise des enseignants vient d’abord, non pas des élèves, mais des adultes qui les considèrent comme des prestataires de service taillables et corvéables à merci. Les mots d’excuse que rapporte Patrice Romain en témoignent, par exemple : « OK mon fils était en retard hier, mais quand c’est un prof vous lui demandez aussi un mot ? », ou encore « Je refuse de signer une note aussi mauvaise. Thomas m’a dit qu’il devrait avoir la moyenne. Merci de corriger la note pour que je la signe. », ou encore « Et encore une punition ! c’est de l’acharnement pédagogique, ça ! », ou encore « Dans le privé, il y a longtemps qu’on vous aurait viré ! » J’en passe, et des meilleures.
    On aura beau se rassurer à bon compte en disant qu’il n’y a « pas d’explosion du nombre des démissions », on ne sera pas dispensé pour autant de s’interroger sur leurs causes. Les professeurs (un mot que, décidément je préfère aux « profs ») ont droit à l’estime et au respect des jeunes et d’abord de leurs parents, dans une société qui veut avoir un avenir. Et c’est certainement ce respect élémentaire qui leur manque le plus aujourd’hui.
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    10 décembre 2021

    Avortement : l'hystérie des uns et le silence des autres

    3 min
    De plus en plus, tout ce qui touche à l’avortement provoque l’hystérie des uns et le grand silence des autres. Silence coupable de ceux dont on attend qu’ils soient défenseurs de la vie, et je m’inclus dans ce nombre : nous ne savons pas bien comment nous y prendre, les veillées pour la vie rassemblent peu de monde, les personnes qui osent s’engager dans la cause de la vie sont caricaturées et leur action est présentée comme liberticide. Hystérie collective d’autre part, autour de ce qu’on veut de plus en plus faire admettre comme un « droit fondamental », quand on n’exige pas qu’il soit carrément inscrit dans notre constitution. Les mêmes partent en croisade contre la clause de conscience prévue par la loi Veil, qui serait selon eux « stigmatisante » pour les femmes. Traduisons : il faut à tout prix faire sauter tout ce qui pourrait permettre la moindre réflexion de fond sur la portée morale d’un acte comme l’avortement. On en est réduit à l’indigence des slogans, qui sont le degré zéro de la réflexion : « mon corps m’appartient », mais qu’en est-il du corps de cet autre qui est hébergé dans mon corps ?
    La réponse des gouvernants consiste à proposer d’allonger le délai légal. Depuis le 1er août 2020, on peut pratiquer des avortements jusqu’au terme de la grossesse en cas de « détresse psycho-sociale », notion qui prête le flanc à toutes sortes d’interprétations. Ce cas mis à part, la proposition de faire passer le délai légal de 12 à 14 semaines a été adoptée en deuxième lecture par l’assemblée nationale le 30 novembre. Sait-on que déjà, à 12 semaines de grossesse, on est obligé pour pratiquer l’avortement d’écraser la tête du fœtus ? Détail intéressant : ce point n’a pas été mentionné à l’assemblée, au motif qu’il ne paraissait pas pertinent pour éclairer le discernement des députés. Les auditeurs apprécieront…
    Nous en sommes aujourd’hui à plus de 230 000 avortements par an en France : plus que la population de Bordeaux, Montpellier ou Rennes, et presque autant que celles de Nantes ou de Strasbourg. N’est-il pas temps de promouvoir une vraie réflexion en mettant toutes les données à la disposition du grand public, censé adhérer massivement à l’IVG et à toutes ses extensions légales ? La présidence de la Conférence des évêques de France s’apprête à écrire dans ce sens au président de la République. À l’approche de Noël, est-il déplacé de prier pour qu’un miracle se produise et que cette demande soit entendue ?
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    3 décembre 2021

    Familles je vous aime.

    3 min
    L’avez-vous remarqué ? Beaucoup de messages politico-médiatiques que nous avons entendus sur les familles au long des périodes de confinement étaient des messages négatifs, des messages de suspicion. Les familles ne savent pas « gérer » les jeunes, comme on dit ; elles ne savent pas faire travailler les enfants et relayer correctement les messages des enseignants. Et surtout, elles sont le théâtre de violences, et de violences conjugales en particulier. Les familles sont le lieu des « féminicides », comme on dit encore. Bref, elles sont à mettre sous surveillance : le célèbre « familles je vous hais » d’André Gide est plus que jamais d’actualité. Certes, de nombreux drames se déroulent dans les familles, et les secrets de famille ne sont pas toujours reluisants. Mais malgré cela, la place accordée à la famille par nos concitoyens demeure une place de premier plan. La « valeur famille », on le sait, est plébiscitée, et cela même si les familles sont aujourd’hui décomposées et recomposées sans cesse, fragilisées et abîmées par des agressions qui viennent souvent beaucoup plus des modèles sociaux en vogue que de l’intérieur des familles elles-mêmes. Pourtant, loin de mettre un terme au dénigrement des familles, la crise sanitaire semble n’avoir fait que l’exacerber, comme si le recours à la famille suscitait le ressentiment de faiseurs d’opinion qui ne redoutaient rien tant que de voir la famille présentée de manière positive comme le lieu par excellence où l’on expérimente la joie d’aimer et d’être aimé, et comme le berceau de la vie. Le 30 novembre, la chanteuse franco-américaine Joséphine Baker est entrée au Panthéon. Notre pays a voulu honorer en elle l’artiste, la militante noire antiraciste, la résistante, et il a eu raison de le faire. Souhaitons qu’il n’oublie pas non plus la mère généreuse qu’elle fut, elle qui ne pouvait avoir d’enfants et qui avait voulu adopter et élever treize enfants dans son château des Milandes en Périgord. Ces enfants venaient tous de pays, de cultures et de religions différentes, et le but de Joséphine Baker était de prouver au monde que son idéal de fraternité universelle était possible. Peu importe que ce rêve ait tourné court pour des raisons bassement matérielles, cette mère généreuse se révélant incapable de gérer raisonnablement un budget : ce que la postérité retiendra d’elle, à commencer par les enfants mal partis dans l’existence qu’elle avait recueillis, c’est le besoin éperdu qui était le sien de donner ce qu’elle avait de meilleur pour semer du bonheur autour d’elle. Et s’il y a une aspiration qui devrait être à la base de toute famille, c’est bien celle-là.
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    26 novembre 2021

    Pourquoi des passeurs ?

    3 min
    27 morts et deux survivants : tel est le bilan du drame qui s’est produit dans la Manche ce mercredi, alors que des migrants tentaient la traversée sur une embarcation de fortune. Aussitôt, du côté anglais comme du côté français, on a pu entendre des propos indignés contre les passeurs auxquels les migrants ont eu recours, désignés comme responsables de cette hécatombe et des hécatombes à venir. Les passeurs sont certes souvent des meurtriers en puissance, mus par le seul désir de gagner le plus d’argent possible au mépris de la sécurité la plus élémentaire des personnes auxquelles ils extorquent cet argent. Il faut donc les rechercher et les punir. Mais il est un peu trop facile de rejeter sur eux l’entière responsabilité des drames récurrents dont nous sommes témoins. Pourquoi, en effet, y a-t-il des passeurs dont l’activité prospère ? La réponse est simple : il y a des passeurs parce qu’on multiplie les obstacles administratifs et policiers pour empêcher les migrations. Je sais à quel point ce problème est délicat, surtout en période électorale où les gouvernants sont tentés de glaner des voix en tenant des propos sécuritaires. Gardons-nous cependant d’oublier que la grande majorité des migrants n’ont pas choisi de quitter leur pays : ils y ont été contraints par des conditions de vie inacceptables, parfois aussi par des persécutions politiques ou religieuses. La migration peut être un appel, comme pour Abraham, mais pour des millions de nos contemporains elle est une nécessité et un dernier recours pour survivre. Les papes récents ont rappelé avec force qu’il existait un droit de ne pas migrer, droit que tout être humain devrait pouvoir exercer : « Personne, dit le Pape François, ne devait être obligé de fuir son pays ». Encore faut-il pour cela que sa sécurité et des conditions de vie dignes lui soient garanties chez lui. Parallèlement, nos pays ont le devoir, toujours selon le Pape, « d’évaluer avec prudence leur capacité d’accueil et d’intégration ». Mais cela ne leur donne pas le droit de rejeter systématiquement ceux qui frappent à leur porte à la recherche d’une vie meilleure. C’est pourquoi la question migratoire mérite mieux que des gesticulations ou des propos à finalité électorale : « La dignité de nos peuples exige des couloirs sûrs pour les migrants et les réfugiés afin qu’ils puissent se déplacer sans crainte des zones mortelles vers des zones plus sûres. Il est inacceptable de décourager l’immigration en laissant des centaines de migrants mourir lors de traversées maritimes périlleuses ou de périples dans le désert. Le Seigneur nous demandera des comptes pour chacun de ces morts. »* *(François, Un temps pour changer, p. 170-171)
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    19 novembre 2021

    Un livret pour un synode

    3 min
    Le 17 octobre dernier avait lieu dans le monde entier le lancement du processus synodal voulu par le Pape François. À cette occasion était annoncé un livret pour donner des pistes et des informations concrètes aux équipes qui se constitueraient dans notre diocèse. Ce livret, très attendu, sera disponible en paroisse dans les jours qui viennent ; mais dès maintenant vous pouvez le télécharger sur le site internet du diocèse en cliquant sur l’onglet « événements diocésains ». Un grand merci et un coup de chapeau à l’équipe synodale qui y a travaillé avec beaucoup d’attention et de compétence, et au service diocésain de la communication qui en a assuré la mise en forme pour l’impression. Que trouverez-vous dans ce livret ? D’abord une mise en perspective du chemin synodal de l’Église universelle avec ses différentes étapes – diocésaine, continentale, romaine, puis de nouveau diocésaine pour la mise en œuvre des orientations qui auront été données. Notez dès maintenant la date du 4 juin 2022 : ce jour, veille de la Pentecôte, sera le jour de présentation des résultats du travail mené dans notre diocèse par les équipes qui se seront constituées. Un mot sur ces équipes : le nombre idéal de participants est de 8 personnes, pas davantage. Mais il est conseillé d’inviter largement au-delà des cercles habituels, y compris parmi les personnes en situation de précarité, qui n’osent pas prendre la parole ou ne sont pas invitées habituellement à le faire. Pour le déroulement des rencontres, vous trouverez toutes sortes de suggestions concrètes à méditer par tous, en premier lieu bien sûr par les animateurs de groupes. Le livret rappelle enfin les trois thèmes retenus pour notre réflexion diocésaine : le dialogue dans l’Église et dans la société ; la coresponsabilité dans la mission ; et enfin autorité et participation. Nous les avons sélectionnés parmi les dix thèmes proposés parce qu’ils nous ont paru aller au cœur de l’intention de ce synode : faire grandir dans l’Église la conscience et la volonté de la participation de tous, pour une Église où personne n’est superflu, où chacun est écouté, où l’Esprit-Saint suggère aux plus grands comme aux plus petits ce qui concourt à la croissance du corps du Christ que nous formons. Bon et fructueux travail à toutes les équipes tout au long des mois à venir !
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    12 novembre 2021

    Conversion

    3 min
    Beaucoup de choses ont déjà été dites sur l’assemblée des évêques qui s’est déroulée à Lourdes en ce début de novembre. Je voudrais simplement insister ici sur le fait qu’elle a été pour eux un lieu de conversion. Conversion par rapport aux personnes victimes des drames atroces que constituent les abus sexuels, dans l’Église en particulier. Oui, nous avions du mal jusqu’ici à partir des victimes et de leur souffrance et nous avions plutôt tendance à partir de nous-mêmes et de ce que nous risquions de perdre, au motif que ce que nous risquions de perdre n’était pas notre bien propre, mais celui des fidèles – car il n’est rien de ce que possède l’Église qui ne découle en dernier ressort des dons des fidèles. Oui, nous pensions spontanément aussi en termes de droit positif : le droit en vigueur dans notre pays nous protège, nous autres évêques, puisque seuls les agresseurs sont comptables devant la justice des crimes qu’ils ont commis. Mais il ne suffit pas de se retrancher derrière le droit : si l’on part des victimes et de ce qu’elles ont subi, il devient clair qu’elles ont droit à ce que l’on appelle une justice restaurative, c’est-à-dire à une justice qui leur permette de se reconstruire et qui ne se contente pas de sanctionner les coupables. Cela suppose de ne pas prendre pour point de départ ce que l’on estime pouvoir leur offrir en justice, mais de prendre pour point de départ les demandes, voire les exigences qu’elles formulent elles-mêmes. L’une d’entre elles nous a aidés à le percevoir en commentant la rencontre de Jésus avec l’aveugle Bartimée : Jésus ne dit pas à Bartimée « voilà ce que j’ai décidé de faire pour toi », il lui dit « que veux-tu que je fasse pour toi ? », et c’est tout différent. Il prend pour point de départ son attente, sa demande. Si Jésus se comporte ainsi, comment nous, successeurs des apôtres, pourrions-nous nous comporter autrement ? En changeant ainsi de paradigme dans sa manière d’appréhender les abus et les crimes sexuels, l’Église catholique donnera un signe fort de la logique de l’Évangile : c’est en effet en acceptant de perdre, d’abandonner ses prérogatives, que le Christ est descendu au plus bas chercher et sauver l’humanité blessée. Et l’Église pourra ainsi remplir un rôle précurseur, un rôle de vigie pour la société tout entière. Nos sociétés, en effet, commencent à découvrir et à mettre en œuvre cette justice restaurative. Les victimes de l’attentat du Bataclan, par exemple, ne peuvent rien attendre de leurs agresseurs : la quasi-totalité d’entre eux sont morts et ne peuvent plus être condamnés par la justice ; et ceux qui sont encore vivants peuvent certes être condamnés, mais sans que cela puisse contribuer à la reconstruction des rescapés de la tuerie. Devant cet état de fait, notre société – et c’est tout à son honneur – se sent de plus en plus comptable du devenir de ces personnes et tente de les prendre en charge autant qu’il est en son pouvoir. Il appartient à l’Église catholique de ne pas rester à la traîne, mais de jouer un rôle précurseur sur ce chemin.
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    5 novembre 2021

    Impressions de Lourdes

    3 min
    Chaque année en novembre le sanctuaire de Lourdes entre en léthargie. Finis les grands pèlerinages, les cohortes de malades : la reprise ne sera que pour le début d’avril, dans cinq mois. Sur la ville et la vallée du Gave, la brume et la pluie s’installent, glaciales, avec de temps à autre une couche de neige sur les sommets voisins. C’est dans ces couleurs automnales que l’assemblée des évêques se tient à Lourdes. L’accueil Notre-Dame est investi par les participants pour les repas et le couchage, chaque évêque disposant d’une chambre de malade. Ambiance mélancolique s’il en est, alors que l’assemblée de printemps, plus brève, a lieu fin mars sous les auspices d’un renouveau de la nature et d’un retour des pèlerins. Ce 2 novembre, pourtant, Lourdes resplendissait sous une température de fin d’été, un ciel bleu et un soleil trompeur qui colorait les arbres de reflets rouges et jaunes. Quelques derniers pèlerins, après la prière à la grotte, pique-niquaient sur le gazon, et pour un peu on serait allé les rejoindre et bavarder avec eux. Mais il n’était pas vraiment question de bavardages. Car ce 2 novembre était le jour de plus, ajouté au programme de l’assemblée pour permettre aux évêques de se mettre ensemble au diapason du rapport Sauvé. Un premier moyen très simple nous était proposé : onze d’entre nous étaient chargés de nous lire des extraits du rapport choisis et commentés par eux. Cette lecture, grave, terrible en sa froide objectivité, était suivie d’un long temps de silence et de prière qui s’est conclu par la messe en fin de matinée. L’après-midi, dans le prolongement de cette écoute collective, était consacrée à l’intervention directe de cinq personnes victimes, trois hommes et deux femmes, venues à Lourdes nous interpeller. Elles se sont assises à la place de la présidence, nous ont dit leur souffrance, leur colère, leur amertume devant nos complicités, leur déception devant nos lenteurs, leur espérance que malgré tout l’Église soit l’Église, c’est-à-dire celle que le Christ a chargée de communiquer à tous l’amour dont Dieu les aime – mais une espérance qui ne se satisferait pas de belles déclarations, une espérance qui attend du vrai, du fort, du concret, de l’irréversible. Pour que l’Église soit l’Église. Nouveau temps de silence, pesant, prolongé. Nous avions devant nous des post-it de trois couleurs différentes : ce que j’ai envie de dire aux victimes ; ce que j’ai envie de dire à mes frères évêques ; ce que j’ai envie de dire à Dieu. L’un après l’autre, nous nous sommes levés et sommes allés coller nos post-it sur un grand panneau prévu à cet effet. Alors quelque chose d’étonnant s’est passé. Les victimes avaient changé : elles étaient devenues des témoins. Les évêques avaient changé : ils étaient en train de redevenir des frères pour ces frères et sœurs blessés, meurtris, empêchés de vivre par la communauté que le Christ a voulue au service de la vie. Après cette première journée, nous étions fourbus, vidés, anéantis. Et paradoxalement joyeux et emplis de « l’espérance qui ne déçoit pas ». Pour que l’Église soit l’Église.
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    5 novembre 2021

    La rencontre de personnes fragiles

    3 min
    Les évêques à Lourdes ont poursuivi hier leur travail sur" l'écologie humaine", puis après un temps de prière nécessaire ont avancé sur le rapport Sauvé pour mettre en place des poiints d'accord.
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    4 novembre 2021

    Clameur de la Terre, clameur des pauvres

    3 min
    Les évêques de France trvaillaent autour de ce thème de l'écologie intégrale en lien avec l'encyclique Laudato si' du pape François.

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