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Le Mot de l'évêque
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Le Mot de l'évêque RCF - page 7

Une émission de RCF Loir-et-Cher présentée par Mgr Francis Bestion

Regard sur l'actualité et la vie de l'Église

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Episodes

  • RCF
    7 janvier 2022

    Bonne année !

    3 min
    Souvent, quand une année commence dans une ambiance un peu lourde, on sent dans de nombreuses cartes de vœux comme une gêne. C’est un peu comme si le rédacteur de la carte disait : « je sais bien que c’est déplacé de vous souhaiter une bonne année avec tout ce qui se passe et toutes les menaces qui pèsent sur nous, pardonnez-moi de le faire quand même ! » Bien sûr personne ne l’exprime ainsi, mais beaucoup le pensent tellement fort que cela transparaît à travers leurs vœux.

    Loin de moi de leur jeter la pierre, d’autant que je ne suis pas sûr d’être moi-même exempt de ce travers – si c’en est un. Mais je pense que cette gêne repose sur une fausse idée des vœux. Nous avons tendance à les confondre avec de simples souhaits, alors qu’ils sont beaucoup plus que cela. Ils ont une analogie avec le rituel de la bénédiction, qui ne consiste pas à souhaiter à quelqu’un que tout aille bien (ou mieux) pour lui, ou qu’il regarde la vie avec plus d’optimisme, mais à appeler sur lui la faveur de Dieu, ce qui est tout différent. La bénédiction n’est pas un vœu – même pieux – mais une prière, et comme telle elle est efficace. Ce qui ne veut pas dire qu’elle est un rite magique ! Son rôle, comme celui de la prière, est bien plutôt que renforcer ou de restaurer la relation avec ce Dieu qui veut nous combler de sa bienveillance, mais qui ne peut le faire que si nous le lui demandons.

    Certains vœux ont le même défaut que ces prières universelles qui ont l’air de vouloir informer Dieu de tout ce qui va mal sur notre terre. Or Dieu le sait déjà, et l’assemblée aussi. Inutile donc de dire à Dieu : « tout va très mal, mais nous croyons quand même en toi ». Présentons-lui plutôt directement et simplement notre prière ! De même, en envoyant nos vœux, ne cherchons pas à informer notre destinataire de tout ce qui ne va pas bien : il le sait aussi bien que nous ! Demandons-nous seulement ce que nous pouvons demander à Dieu pour lui, et exprimons-le directement s’est est croyant, ou de façon plus discrète s’il ne l’est pas. Mais que cela traduise toujours ce que nous désirons et demandons vraiment pour lui.

    Ainsi donc, chers amis, bonne année ! Beaucoup de choses vont mal, mais Dieu vous veut du bien ! Qu’il vous donne cette année le meilleur, c’est ce que je demande pour vous. Et que nous puissions tous appeler cette année qui commence : « l’an de grâce 2022 ».
  • RCF
    24 décembre 2021

    Me voici, je viens

    3 min
    « Me voici, je viens », dit le Fils de Dieu en entrant dans le monde. Alors que Noël est maintenant tout proche, nous sommes sûrs que ces paroles nous sont bien adressées. N’est-ce pas le message central, la bonne nouvelle de l’Avent ? À travers notre nuit et à travers nos doutes, il n’a jamais cessé de nous dire « me voici, je viens ».
    Ce n’est pas faux, évidemment. Pourtant, si nous regardons de près le passage de la lettre aux Hébreux (chapitre 10) où figurent ces paroles et que nous entendions le dimanche avant Noël, une surprise nous attend. En effet, ce n’est pas à nous, mais à Dieu que le Christ s’adresse lorsqu’il dit « me voici, je viens ». Ces paroles, il les prononce en notre nom, à notre place et pour notre salut. Noël, c’est d’abord quelqu’un d’entre nous qui se présente devant Dieu et qui lui donne la réponse qu’il attendait des hommes depuis toujours : « me voici, je viens ».
    Ne pensons pas pourtant que ce « me voici, je viens » adressé par le Christ à Dieu lui fasse oublier de se tourner vers nous : s’il répond ainsi en notre nom et à notre place, c’est pour accomplir parfaitement la volonté du Père qui est de nous sauver et de nous élever jusqu’à lui dans son amour pour nous. Ainsi, lorsqu’il dit « me voici » à son Père, c’est à nous aussi que le Christ dit « me voici ». Il ne se tourne vers le Père que pour recevoir de lui la mission de se tourner vers nous, de prendre notre parti irrévocablement. Le Père qui l’aime, ne veut pas l’aimer sans nous ; le Père qui nous aime, ne veut pas nous aimer sans lui.

    Ces remarques peuvent nous aider à concilier deux dimensions de la fête de Noël entre lesquelles il nous arrive de nous sentir tiraillés. La première dimension, proprement religieuse, consiste à s’approcher de la crèche pour adorer Dieu qui s’est fait petit enfant. La seconde dimension est celle de la fraternité : Noël n’est pas Noël si ce n’est pas le lieu de la solidarité, du partage avec les plus démunis qui se sentent exclus de la fête. Comment pouvons-nous concilier ces deux dimensions ? C’est le Christ lui-même, à la fois tourné vers Dieu et tourné vers nous, qui nous apprend à les vivre ensemble, sans tiraillement, en comprenant à quel point elles sont inséparables l’une de l’autre. Son « me voici » est à la fois la parfaite adoration du Père et la totale solidarité avec ceux dont il fait ses frères. Si lui, notre Seigneur et notre frère, se comporte ainsi, comment donc pourrions-nous nous comporter autrement ?
    À tous, un heureux Noël d’adoration et un heureux Noël de fraternité !
  • RCF
    17 décembre 2021

    Un phénomène inquiétant

    2 min
    J’ai été marqué récemment par la lecture d’un article de journal faisant état des démissions d’enseignants en France en général et dans notre région en particulier : 28 démissions cette année dans le seul Loir-et-Cher, sachant qu’il y en a 200 de plus chaque année dans toute la France. Certes, il ne faut pas majorer ce phénomène (dans notre département il y a plus de 3600 professeurs des écoles), mais il ne faut pas non plus se voiler la face au risque de se faire complice du trop célèbre « pas de vague » dénoncé au début de cette année par l’ancien principal de collège Patrice Romain dans un livre qui a fait du bruit : Requiem pour l’Éducation nationale.
    Patrice Romain pointait en particulier les atteintes à la laïcité de l’école, les problèmes de discipline, et bien entendu la lâcheté et l’omerta des hauts fonctionnaires prêts à tout couvrir pourvu que rien ne transpire dans la presse et dans l’opinion. Mais au risque d’enfoncer une porte ouverte, je pense que le malaise des enseignants vient d’abord, non pas des élèves, mais des adultes qui les considèrent comme des prestataires de service taillables et corvéables à merci. Les mots d’excuse que rapporte Patrice Romain en témoignent, par exemple : « OK mon fils était en retard hier, mais quand c’est un prof vous lui demandez aussi un mot ? », ou encore « Je refuse de signer une note aussi mauvaise. Thomas m’a dit qu’il devrait avoir la moyenne. Merci de corriger la note pour que je la signe. », ou encore « Et encore une punition ! c’est de l’acharnement pédagogique, ça ! », ou encore « Dans le privé, il y a longtemps qu’on vous aurait viré ! » J’en passe, et des meilleures.
    On aura beau se rassurer à bon compte en disant qu’il n’y a « pas d’explosion du nombre des démissions », on ne sera pas dispensé pour autant de s’interroger sur leurs causes. Les professeurs (un mot que, décidément je préfère aux « profs ») ont droit à l’estime et au respect des jeunes et d’abord de leurs parents, dans une société qui veut avoir un avenir. Et c’est certainement ce respect élémentaire qui leur manque le plus aujourd’hui.
  • RCF
    10 décembre 2021

    Avortement : l'hystérie des uns et le silence des autres

    3 min
    De plus en plus, tout ce qui touche à l’avortement provoque l’hystérie des uns et le grand silence des autres. Silence coupable de ceux dont on attend qu’ils soient défenseurs de la vie, et je m’inclus dans ce nombre : nous ne savons pas bien comment nous y prendre, les veillées pour la vie rassemblent peu de monde, les personnes qui osent s’engager dans la cause de la vie sont caricaturées et leur action est présentée comme liberticide. Hystérie collective d’autre part, autour de ce qu’on veut de plus en plus faire admettre comme un « droit fondamental », quand on n’exige pas qu’il soit carrément inscrit dans notre constitution. Les mêmes partent en croisade contre la clause de conscience prévue par la loi Veil, qui serait selon eux « stigmatisante » pour les femmes. Traduisons : il faut à tout prix faire sauter tout ce qui pourrait permettre la moindre réflexion de fond sur la portée morale d’un acte comme l’avortement. On en est réduit à l’indigence des slogans, qui sont le degré zéro de la réflexion : « mon corps m’appartient », mais qu’en est-il du corps de cet autre qui est hébergé dans mon corps ?
    La réponse des gouvernants consiste à proposer d’allonger le délai légal. Depuis le 1er août 2020, on peut pratiquer des avortements jusqu’au terme de la grossesse en cas de « détresse psycho-sociale », notion qui prête le flanc à toutes sortes d’interprétations. Ce cas mis à part, la proposition de faire passer le délai légal de 12 à 14 semaines a été adoptée en deuxième lecture par l’assemblée nationale le 30 novembre. Sait-on que déjà, à 12 semaines de grossesse, on est obligé pour pratiquer l’avortement d’écraser la tête du fœtus ? Détail intéressant : ce point n’a pas été mentionné à l’assemblée, au motif qu’il ne paraissait pas pertinent pour éclairer le discernement des députés. Les auditeurs apprécieront…
    Nous en sommes aujourd’hui à plus de 230 000 avortements par an en France : plus que la population de Bordeaux, Montpellier ou Rennes, et presque autant que celles de Nantes ou de Strasbourg. N’est-il pas temps de promouvoir une vraie réflexion en mettant toutes les données à la disposition du grand public, censé adhérer massivement à l’IVG et à toutes ses extensions légales ? La présidence de la Conférence des évêques de France s’apprête à écrire dans ce sens au président de la République. À l’approche de Noël, est-il déplacé de prier pour qu’un miracle se produise et que cette demande soit entendue ?
  • RCF
    3 décembre 2021

    Familles je vous aime.

    3 min
    L’avez-vous remarqué ? Beaucoup de messages politico-médiatiques que nous avons entendus sur les familles au long des périodes de confinement étaient des messages négatifs, des messages de suspicion. Les familles ne savent pas « gérer » les jeunes, comme on dit ; elles ne savent pas faire travailler les enfants et relayer correctement les messages des enseignants. Et surtout, elles sont le théâtre de violences, et de violences conjugales en particulier. Les familles sont le lieu des « féminicides », comme on dit encore. Bref, elles sont à mettre sous surveillance : le célèbre « familles je vous hais » d’André Gide est plus que jamais d’actualité. Certes, de nombreux drames se déroulent dans les familles, et les secrets de famille ne sont pas toujours reluisants. Mais malgré cela, la place accordée à la famille par nos concitoyens demeure une place de premier plan. La « valeur famille », on le sait, est plébiscitée, et cela même si les familles sont aujourd’hui décomposées et recomposées sans cesse, fragilisées et abîmées par des agressions qui viennent souvent beaucoup plus des modèles sociaux en vogue que de l’intérieur des familles elles-mêmes. Pourtant, loin de mettre un terme au dénigrement des familles, la crise sanitaire semble n’avoir fait que l’exacerber, comme si le recours à la famille suscitait le ressentiment de faiseurs d’opinion qui ne redoutaient rien tant que de voir la famille présentée de manière positive comme le lieu par excellence où l’on expérimente la joie d’aimer et d’être aimé, et comme le berceau de la vie. Le 30 novembre, la chanteuse franco-américaine Joséphine Baker est entrée au Panthéon. Notre pays a voulu honorer en elle l’artiste, la militante noire antiraciste, la résistante, et il a eu raison de le faire. Souhaitons qu’il n’oublie pas non plus la mère généreuse qu’elle fut, elle qui ne pouvait avoir d’enfants et qui avait voulu adopter et élever treize enfants dans son château des Milandes en Périgord. Ces enfants venaient tous de pays, de cultures et de religions différentes, et le but de Joséphine Baker était de prouver au monde que son idéal de fraternité universelle était possible. Peu importe que ce rêve ait tourné court pour des raisons bassement matérielles, cette mère généreuse se révélant incapable de gérer raisonnablement un budget : ce que la postérité retiendra d’elle, à commencer par les enfants mal partis dans l’existence qu’elle avait recueillis, c’est le besoin éperdu qui était le sien de donner ce qu’elle avait de meilleur pour semer du bonheur autour d’elle. Et s’il y a une aspiration qui devrait être à la base de toute famille, c’est bien celle-là.
  • RCF
    26 novembre 2021

    Pourquoi des passeurs ?

    3 min
    27 morts et deux survivants : tel est le bilan du drame qui s’est produit dans la Manche ce mercredi, alors que des migrants tentaient la traversée sur une embarcation de fortune. Aussitôt, du côté anglais comme du côté français, on a pu entendre des propos indignés contre les passeurs auxquels les migrants ont eu recours, désignés comme responsables de cette hécatombe et des hécatombes à venir. Les passeurs sont certes souvent des meurtriers en puissance, mus par le seul désir de gagner le plus d’argent possible au mépris de la sécurité la plus élémentaire des personnes auxquelles ils extorquent cet argent. Il faut donc les rechercher et les punir. Mais il est un peu trop facile de rejeter sur eux l’entière responsabilité des drames récurrents dont nous sommes témoins. Pourquoi, en effet, y a-t-il des passeurs dont l’activité prospère ? La réponse est simple : il y a des passeurs parce qu’on multiplie les obstacles administratifs et policiers pour empêcher les migrations. Je sais à quel point ce problème est délicat, surtout en période électorale où les gouvernants sont tentés de glaner des voix en tenant des propos sécuritaires. Gardons-nous cependant d’oublier que la grande majorité des migrants n’ont pas choisi de quitter leur pays : ils y ont été contraints par des conditions de vie inacceptables, parfois aussi par des persécutions politiques ou religieuses. La migration peut être un appel, comme pour Abraham, mais pour des millions de nos contemporains elle est une nécessité et un dernier recours pour survivre. Les papes récents ont rappelé avec force qu’il existait un droit de ne pas migrer, droit que tout être humain devrait pouvoir exercer : « Personne, dit le Pape François, ne devait être obligé de fuir son pays ». Encore faut-il pour cela que sa sécurité et des conditions de vie dignes lui soient garanties chez lui. Parallèlement, nos pays ont le devoir, toujours selon le Pape, « d’évaluer avec prudence leur capacité d’accueil et d’intégration ». Mais cela ne leur donne pas le droit de rejeter systématiquement ceux qui frappent à leur porte à la recherche d’une vie meilleure. C’est pourquoi la question migratoire mérite mieux que des gesticulations ou des propos à finalité électorale : « La dignité de nos peuples exige des couloirs sûrs pour les migrants et les réfugiés afin qu’ils puissent se déplacer sans crainte des zones mortelles vers des zones plus sûres. Il est inacceptable de décourager l’immigration en laissant des centaines de migrants mourir lors de traversées maritimes périlleuses ou de périples dans le désert. Le Seigneur nous demandera des comptes pour chacun de ces morts. »* *(François, Un temps pour changer, p. 170-171)
  • RCF
    19 novembre 2021

    Un livret pour un synode

    3 min
    Le 17 octobre dernier avait lieu dans le monde entier le lancement du processus synodal voulu par le Pape François. À cette occasion était annoncé un livret pour donner des pistes et des informations concrètes aux équipes qui se constitueraient dans notre diocèse. Ce livret, très attendu, sera disponible en paroisse dans les jours qui viennent ; mais dès maintenant vous pouvez le télécharger sur le site internet du diocèse en cliquant sur l’onglet « événements diocésains ». Un grand merci et un coup de chapeau à l’équipe synodale qui y a travaillé avec beaucoup d’attention et de compétence, et au service diocésain de la communication qui en a assuré la mise en forme pour l’impression. Que trouverez-vous dans ce livret ? D’abord une mise en perspective du chemin synodal de l’Église universelle avec ses différentes étapes – diocésaine, continentale, romaine, puis de nouveau diocésaine pour la mise en œuvre des orientations qui auront été données. Notez dès maintenant la date du 4 juin 2022 : ce jour, veille de la Pentecôte, sera le jour de présentation des résultats du travail mené dans notre diocèse par les équipes qui se seront constituées. Un mot sur ces équipes : le nombre idéal de participants est de 8 personnes, pas davantage. Mais il est conseillé d’inviter largement au-delà des cercles habituels, y compris parmi les personnes en situation de précarité, qui n’osent pas prendre la parole ou ne sont pas invitées habituellement à le faire. Pour le déroulement des rencontres, vous trouverez toutes sortes de suggestions concrètes à méditer par tous, en premier lieu bien sûr par les animateurs de groupes. Le livret rappelle enfin les trois thèmes retenus pour notre réflexion diocésaine : le dialogue dans l’Église et dans la société ; la coresponsabilité dans la mission ; et enfin autorité et participation. Nous les avons sélectionnés parmi les dix thèmes proposés parce qu’ils nous ont paru aller au cœur de l’intention de ce synode : faire grandir dans l’Église la conscience et la volonté de la participation de tous, pour une Église où personne n’est superflu, où chacun est écouté, où l’Esprit-Saint suggère aux plus grands comme aux plus petits ce qui concourt à la croissance du corps du Christ que nous formons. Bon et fructueux travail à toutes les équipes tout au long des mois à venir !
  • RCF
    12 novembre 2021

    Conversion

    3 min
    Beaucoup de choses ont déjà été dites sur l’assemblée des évêques qui s’est déroulée à Lourdes en ce début de novembre. Je voudrais simplement insister ici sur le fait qu’elle a été pour eux un lieu de conversion. Conversion par rapport aux personnes victimes des drames atroces que constituent les abus sexuels, dans l’Église en particulier. Oui, nous avions du mal jusqu’ici à partir des victimes et de leur souffrance et nous avions plutôt tendance à partir de nous-mêmes et de ce que nous risquions de perdre, au motif que ce que nous risquions de perdre n’était pas notre bien propre, mais celui des fidèles – car il n’est rien de ce que possède l’Église qui ne découle en dernier ressort des dons des fidèles. Oui, nous pensions spontanément aussi en termes de droit positif : le droit en vigueur dans notre pays nous protège, nous autres évêques, puisque seuls les agresseurs sont comptables devant la justice des crimes qu’ils ont commis. Mais il ne suffit pas de se retrancher derrière le droit : si l’on part des victimes et de ce qu’elles ont subi, il devient clair qu’elles ont droit à ce que l’on appelle une justice restaurative, c’est-à-dire à une justice qui leur permette de se reconstruire et qui ne se contente pas de sanctionner les coupables. Cela suppose de ne pas prendre pour point de départ ce que l’on estime pouvoir leur offrir en justice, mais de prendre pour point de départ les demandes, voire les exigences qu’elles formulent elles-mêmes. L’une d’entre elles nous a aidés à le percevoir en commentant la rencontre de Jésus avec l’aveugle Bartimée : Jésus ne dit pas à Bartimée « voilà ce que j’ai décidé de faire pour toi », il lui dit « que veux-tu que je fasse pour toi ? », et c’est tout différent. Il prend pour point de départ son attente, sa demande. Si Jésus se comporte ainsi, comment nous, successeurs des apôtres, pourrions-nous nous comporter autrement ? En changeant ainsi de paradigme dans sa manière d’appréhender les abus et les crimes sexuels, l’Église catholique donnera un signe fort de la logique de l’Évangile : c’est en effet en acceptant de perdre, d’abandonner ses prérogatives, que le Christ est descendu au plus bas chercher et sauver l’humanité blessée. Et l’Église pourra ainsi remplir un rôle précurseur, un rôle de vigie pour la société tout entière. Nos sociétés, en effet, commencent à découvrir et à mettre en œuvre cette justice restaurative. Les victimes de l’attentat du Bataclan, par exemple, ne peuvent rien attendre de leurs agresseurs : la quasi-totalité d’entre eux sont morts et ne peuvent plus être condamnés par la justice ; et ceux qui sont encore vivants peuvent certes être condamnés, mais sans que cela puisse contribuer à la reconstruction des rescapés de la tuerie. Devant cet état de fait, notre société – et c’est tout à son honneur – se sent de plus en plus comptable du devenir de ces personnes et tente de les prendre en charge autant qu’il est en son pouvoir. Il appartient à l’Église catholique de ne pas rester à la traîne, mais de jouer un rôle précurseur sur ce chemin.
  • RCF
    5 novembre 2021

    Impressions de Lourdes

    3 min
    Chaque année en novembre le sanctuaire de Lourdes entre en léthargie. Finis les grands pèlerinages, les cohortes de malades : la reprise ne sera que pour le début d’avril, dans cinq mois. Sur la ville et la vallée du Gave, la brume et la pluie s’installent, glaciales, avec de temps à autre une couche de neige sur les sommets voisins. C’est dans ces couleurs automnales que l’assemblée des évêques se tient à Lourdes. L’accueil Notre-Dame est investi par les participants pour les repas et le couchage, chaque évêque disposant d’une chambre de malade. Ambiance mélancolique s’il en est, alors que l’assemblée de printemps, plus brève, a lieu fin mars sous les auspices d’un renouveau de la nature et d’un retour des pèlerins. Ce 2 novembre, pourtant, Lourdes resplendissait sous une température de fin d’été, un ciel bleu et un soleil trompeur qui colorait les arbres de reflets rouges et jaunes. Quelques derniers pèlerins, après la prière à la grotte, pique-niquaient sur le gazon, et pour un peu on serait allé les rejoindre et bavarder avec eux. Mais il n’était pas vraiment question de bavardages. Car ce 2 novembre était le jour de plus, ajouté au programme de l’assemblée pour permettre aux évêques de se mettre ensemble au diapason du rapport Sauvé. Un premier moyen très simple nous était proposé : onze d’entre nous étaient chargés de nous lire des extraits du rapport choisis et commentés par eux. Cette lecture, grave, terrible en sa froide objectivité, était suivie d’un long temps de silence et de prière qui s’est conclu par la messe en fin de matinée. L’après-midi, dans le prolongement de cette écoute collective, était consacrée à l’intervention directe de cinq personnes victimes, trois hommes et deux femmes, venues à Lourdes nous interpeller. Elles se sont assises à la place de la présidence, nous ont dit leur souffrance, leur colère, leur amertume devant nos complicités, leur déception devant nos lenteurs, leur espérance que malgré tout l’Église soit l’Église, c’est-à-dire celle que le Christ a chargée de communiquer à tous l’amour dont Dieu les aime – mais une espérance qui ne se satisferait pas de belles déclarations, une espérance qui attend du vrai, du fort, du concret, de l’irréversible. Pour que l’Église soit l’Église. Nouveau temps de silence, pesant, prolongé. Nous avions devant nous des post-it de trois couleurs différentes : ce que j’ai envie de dire aux victimes ; ce que j’ai envie de dire à mes frères évêques ; ce que j’ai envie de dire à Dieu. L’un après l’autre, nous nous sommes levés et sommes allés coller nos post-it sur un grand panneau prévu à cet effet. Alors quelque chose d’étonnant s’est passé. Les victimes avaient changé : elles étaient devenues des témoins. Les évêques avaient changé : ils étaient en train de redevenir des frères pour ces frères et sœurs blessés, meurtris, empêchés de vivre par la communauté que le Christ a voulue au service de la vie. Après cette première journée, nous étions fourbus, vidés, anéantis. Et paradoxalement joyeux et emplis de « l’espérance qui ne déçoit pas ». Pour que l’Église soit l’Église.
  • RCF
    5 novembre 2021

    La rencontre de personnes fragiles

    3 min
    Les évêques à Lourdes ont poursuivi hier leur travail sur" l'écologie humaine", puis après un temps de prière nécessaire ont avancé sur le rapport Sauvé pour mettre en place des poiints d'accord.
  • RCF
    4 novembre 2021

    Clameur de la Terre, clameur des pauvres

    3 min
    Les évêques de France trvaillaent autour de ce thème de l'écologie intégrale en lien avec l'encyclique Laudato si' du pape François.
  • RCF
    3 novembre 2021

    Les évêques écoutent des victimes

    2 min
    En direct de l'Assemblée plénière des évêques de France à Lourdes, Jean-Pierre Batut, l'évêque de Blois, nous fait le récit de la première journée de travail autour du rapport Sauvé.
  • RCF
    29 octobre 2021

    Une assemblée pas comme les autres

    4 min
    Les évêques de France vont se réunir à Lourdes au début du mois de novembre. L’amélioration de la situation sanitaire leur permettra de se retrouver comme ils en avaient l’habitude dans l’hémicycle situé près du Gave et en face de la Grotte où la Vierge Marie est apparue à Bernadette. Il s’agit donc d’un retour à la normale, mais dans des conditions qui n’ont rien de normal. La publication du rapport de la CIASE sur les abus dans l’Église il y aura bientôt un mois, a modifié la donne. Même si les évêques avaient déjà largement anticipé cet événement et voté à l’assemblée de mars toute une série de mesures afin que l’Église soit une maison sûre pour les enfants et pour les jeunes, ces mesures seront à reprendre une à une à l’aune des 45 préconisations qu’a formulées la Commission indépendante. Mais cette assemblée sera aussi marquée de deux manières. Tout d’abord, même s’il s’agit de la réunion des évêques exerçant collégialement la responsabilité que le Christ leur a confiée, il ne serait pas concevable que le travail de purification et de prévention qui leur incombe se fasse sans les personnes victimes d’abus au sein de l’Église. Ces personnes seront donc représentées à Lourdes, en particulier celles qui se sont constituées en associations ou en collectifs et qui veulent travailler avec nous. Nous les écouterons, non pas d’abord pour recueillir leurs avis et suggestions, mais d’abord pour nous laisser interpeller par leur parole – parole de colère souvent, parole d’espérance aussi. Ensuite, toujours au nom de notre responsabilité de pasteurs du peuple de Dieu, nous prierons et jeûnerons pour lui présenter notre misère et intercéder pour ceux qui ont subi tant de souffrances et ceux qui les ont provoquées. C’est la lecture du prophète Joël du mercredi des Cendres qui me vient à l’esprit : « Déchirez vos cœurs et non pas vos vêtements et revenez au Seigneur votre Dieu… Sonnez du cor dans Sion, prescrivez un jeûne sacré… Entre le portail et l’autel, les prêtres, serviteurs du Seigneur, iront pleurer et diront : pitié, Seigneur, pour ton peuple… Faudra-t-il qu’on dise : où donc est leur Dieu ? » (Joël 2, 12-18). Comme je l’ai fait le 17 octobre, jour de l’entrée en synode, je vous invite frères et sœurs à vous associer à cette démarche plus particulièrement le mardi 2 novembre, jour des fidèles défunts, en jeûnant et en priant en communion avec nous. Le lendemain 3 novembre, nous serons rejoints pour une journée et demie par des personnes en précarité, nous mettant à l’écoute de la clameur de la terre et de la clameur des pauvres. Des hommes et des femmes maltraités ou ignorés dans leurs droits fondamentaux se joindront à notre prière et à la vôtre : c’est une garantie de vérité pour nous, car il est écrit que « les larmes du pauvre coulent sur les joues de Dieu » (Siracide 35, 18).
  • RCF
    22 octobre 2021

    Nous sommes en synode

    3 min
    L’entrée en synode ce dimanche 17 octobre a été un succès dans notre diocèse. Plusieurs centaines de personnes venues de tout le département ont répondu à l’appel et ont pris part aux trois grands moments de la rencontre : deux moments liturgiques, à la basilique Notre-Dame de la Trinité et à la cathédrale, et entre les deux une marche symbolique en méditant l’évangile des disciples d’Emmaüs (Luc 24) et en réfléchissant à ce que le Seigneur disait à son Église et à chacun d’entre nous dans ce texte. Ensemble, nous avons fait mémoire de notre baptême et des promesses qui y sont attachées : c’est cette entrée dans l’alliance nouvelle qui fonde notre capacité à faire route avec le Christ. Ensemble, nous avons invoqué nos frères et sœurs les saints, intronisé le livre des Évangiles, admiré l’imprévu de Dieu et l’œuvre de l’Esprit dans l’épisode de la rencontre de Pierre et de Corneille au livre des Actes (Actes 10), contemplé la pitié de Jésus pour les foules sans berger et la patience avec laquelle il les instruit longuement (Marc 6). Un synode, en effet, commence par l’écoute. C’est l’écoute de la Parole divine qui nous permet de prendre la parole à notre tour et de nous écouter les uns les autres. Car notre parole est toujours réponse à une parole entendue, et c’est ainsi qu’elle porte fruit. Sur ce fond d’écoute, toute parole est non seulement utile mais nécessaire – y compris et peut-être surtout la parole des sans-voix, de ceux qu’on juge trop insignifiants pour prêter attention à ce qu’ils ont à dire. Dans la démarche synodale, tous sont invités, tous sont légitimes. Dans les groupes de réflexion qui vont maintenant se mettre en place jusqu’au mois de février prochain, nous devrons être attentifs à proscrire l’entre soi et veiller à inviter largement tous ceux qui voudront nous rejoindre. Ainsi achevée la première phase du synode, la seconde se vivra par continent et la troisième sera constituée par l’assemblée des évêques réunis à Rome en 2023. Enfin pourra commencer la phase de mise en œuvre et d’application dans tous les diocèses du monde. C’est donc un vaste chantier qui s’ouvre, un chantier de renouveau pour l’Église si elle sait saisir la chance qui lui est offerte de mieux responsabiliser chacun de ses membres pour remplir sa mission d’annonce de l’Évangile.
  • RCF
    15 octobre 2021

    N'y a-t-il vraiment rien au-dessus de la loi ?

    3 min
    C’était à l’époque où existait encore le service militaire. Des hommes appelés sous les drapeaux refusaient de porter les armes. À ceux qui leur disaient qu’ils n’en avaient pas le droit, que c’était une obligation légale, ils répondaient que leur conscience les empêchait de le faire. Pour cette raison, on les a appelés « objecteurs de conscience ». Très en retard sur d’autres pays, la France a attendu le 21 décembre 1963, après la fin de la guerre d’Algérie, pour leur reconnaître le droit qu’ils revendiquaient. La République a donc admis, dans ce cas précis, qu’il y avait quelque chose au-dessus de la loi, et que la conscience pouvait faire considérer le refus de tuer comme un absolu. Mais ce cas n’est pas le seul : la loi Veil dépénalisant l’avortement prévoyait en 1975 la possibilité de l’objection de conscience, et personne n’a encore osé la retirer de la loi, même si cette possibilité est constamment bafouée en pratique. L’affirmation qu’il n’y a rien au-dessus de la loi est une affirmation totalitaire. En effet, elle subordonne la conscience aux décisions du législateur. Si on avait réussi à en persuader toute la population allemande en 1935, aucune objection n’aurait été possible aux lois dites de Nuremberg qui gravaient dans le marbre la politique antisémite du régime nazi. Heureusement, même si la grande majorité du peuple allemand a subi passivement ces lois, plus par peur que par endoctrinement, des voix, la plupart chrétiennes, se sont élevées pour les dénoncer, avec tous les risques que cela comportait. Au nom de la conscience. La conscience a-t-elle quelque chose à voir avec le secret de la confession ? Certainement. Un confesseur, qui est par définition un croyant, estime en conscience que ce qui lui est dit s’adresse à Dieu et non à lui. Le pénitent qui se confesse le sait, et peut avoir la certitude que ce qu’il dit ne sera jamais divulgué. Le secret de la confession n’a de sens que s’il est absolu. Du reste, le simple bon sens permet de dire que s’il était si peu que ce soit relativisé, ceux qui auraient à avouer des fautes que le confesseur serait tenu de révéler renonceraient de toute évidence à recourir à ce sacrement. Cela signifie-t-il alors que le confesseur n’a aucune prise sur le pénitent pour l’amener à se dénoncer ? C’est tout le contraire qui est vrai : le pénitent, plus ou moins confusément, sait que Dieu lui-même lui parle par le moyen du confesseur. Rien n’est gagné, certes. Mais si on lui dit d’aller se dénoncer, il saura qu’il doit le faire. En conscience.
  • RCF
    8 octobre 2021

    Faut-il que le prêtre soit comme tout le monde ?

    3 min
    Chers amis, en ce début d’octobre je comptais vous parler de Notre-Dame du Rosaire qui est vénérée tout au long de ce mois, et qui nous invite à contempler les mystères de la vie de Jésus en nous mettant à son école. La terrible actualité du rapport de la CIASE m’oblige à changer de sujet. Non pour répéter ce qui a déjà été dit, mais pour deux choses : vous inviter à prier Marie pour les prêtres, et vous partager une réflexion à leur propos. Devant l’ampleur des scandales et des vies détruites qui nous est révélée, beaucoup de voix s’élèvent pour remettre en question ce que la condition des prêtres a de particulier et de spécifique dans notre Église. Particularités et spécificités qui sont il est vrai de plus en plus en contradiction avec les modes de vie communément admis et pratiqués autour de nous. Je ne doute pas un instant de la sincérité des analystes qui remettent en question la paternité spirituelle du prêtre et plus encore le célibat ; je ne conteste pas non plus la pertinence qu’a dans son ordre la grille de lecture sociologique qu’ils utilisent. Mais je continue à m’inscrire en faux contre l’idée selon laquelle plus le prêtre sera comme tout le monde, moins il sera vulnérable aux perversions de toutes sortes. C’est ainsi qu’on entend dire que le mariage des prêtres serait un remède contre les déviances sexuelles, en oubliant que l’immense majorité des agressions sexuelles contre des enfants sont des incestes commis par des pères de famille sur leur propre progéniture. On entend dire aussi que la paternité spirituelle du prêtre et de l’autorité qui en découle relève du « patriarcat » et de la domination masculine. Mais une société, quelle qu’elle soit, peut-elle vraiment se passer de l’autorité paternelle, et plus largement de l’autorité parentale et de l’autorité tout court ? Et le fait que des hommes exercent cette autorité sur un plan uniquement spirituel, sans être pères selon la chair, n’est-il pas nécessaire pour remettre à sa vraie place la paternité selon la chair ? Ces questions et d’autres qui leur sont liées devront être abordées dans la période qui s’ouvre devant nous. Souhaitons qu’elles puissent l’être de manière dépassionnée et approfondie, car elles concernent, bien au-delà de l’Église, ces « relations structurantes de l’humanité » si faciles à dévoyer dont parlait mardi dernier le président de la Conférence des évêques de France.
  • RCF
    1 octobre 2021

    Le rapport de la Commission indépendants sur les abus sexuels dans l’Église

    3 min
    Le rapport sera remis mardi 5 octobre sera remis à Mgr Éric de Moulins-Beaufort, président de la Conférence des évêques de France, ainsi qu’à Sœur Véronique Margron pour les religieux et religieuses. À ce propos, un hebdomadaire catholique titrait récemment : « Ce rendez-vous que nous n’avons pas le droit de manquer ». Ce titre me paraît tout à fait accordé à l’importance de l’événement, que nous aurions tort de sous-estimer. Une importance qui tient aux chiffres – qui seront sans doute impressionnants puisque la période couverte est de 70 ans – mais aussi et surtout au travail qui s’ouvre devant nous. Il s’agit, selon les mots du Pape François, que « nos expressions de contrition [soient] converties en mesures concrètes de réforme, pour prévenir de nouveaux abus et rendre confiance dans le fait que nos efforts conduiront à des changements réels. » Rappelons à ce propos les dispositions votées par les évêques à l’assemblée de mars. Elles se déclinent en cinq points : secours, justice, prévention, reconnaissance et prière. 1 - Secours, avec l’accueil des personnes victimes et l’aide matérielle à leur proposer ; 2 - Justice, avec la création d’un tribunal national de l’Église, qui décidera des sanctions à appliquer une fois que la justice civile aura été rendue. 3 - Prévention, avec la formation renforcée des ministres ordonnés et des acteurs pastoraux. Dans notre diocèse, l’Enseignement Catholique a mis en place une formation pour la bientraitance à l’égard des publics fragiles, en premier lieu les enfants ; 4 - Reconnaissance, avec la création d’un lieu de mémoire pérenne, où des archives seront consultables ; 5 - Prière, avec l’institution d’une journée annuelle dédiée, le troisième vendredi de Carême. L’objectif de tout cela est clair : faire tout ce qui est en notre pouvoir pour que l’Église soit une maison sûre. Ensemble, nous le pourrons, avec la grâce du Christ qui a promis qu’il serait pour toujours avec nous.
  • RCF
    17 septembre 2021

    Chrétiens d'Orient

    3 min
    Le 3 septembre s’est tenue au siège du Conseil départemental une passionnante table ronde sur l’enseignement du français au Proche Orient et le rôle des écoles chrétiennes dans cette région du monde. L’un des intervenants, l’ambassadeur Jean-Christophe Peaucelle, nous a proposé un parcours historique particulièrement éclairant et que j’aimerais vous partager. Ce parcours nous fait remonter au règne de François 1er. Le jeune souverain vainqueur à Marignan en 1515 et à qui tout semblait réussir s’était retrouvé quelques années plus tard à la tête d’un pays en danger : vaincu et fait prisonnier à Pavie en 1525, il voyait la France encerclée par l’empire de Charles Quint et menacée de disparaître. Devant ce grand péril, François 1er conçoit un projet audacieux qui consiste à prendre son ennemi à revers en nouant une alliance avec les Ottomans. Mais comment atténuer le scandale d’une pareille alliance entre un royaume chrétien et un empire musulman ? François 1er a une idée géniale : il demande à Soliman le Magnifique d’accorder à la France le statut de puissance protectrice des chrétiens de ses États. C’est ce droit acquis au 16e siècle qui a fait jusqu’à nos jours de la France un acteur majeur au Proche et au Moyen Orient, avec un rôle essentiel joué par les congrégations religieuses vouées à l’enseignement : Capucins, Dominicains, Jésuites, Frères des Écoles chrétiennes, Lazaristes et bien d’autres. Mieux encore : devenue un pays laïque, la France n’a jamais abandonné cette responsabilité, même aux périodes les plus anticléricales de son histoire : « l’anticléricalisme, aurait dit Gambetta, n’est pas un produit d’exportation ! » C’est ainsi qu’au plus fort des persécutions contre les congrégations, certaines d’entre elles, expulsées de France, se sont retrouvées protégées par la France en s’expatriant au Proche Orient ! À l’heure où les chrétiens d’Orient sont purement et simplement menacés de disparition, je vous invite à ne pas manquer l’exposition qui leur est consacrée jusqu’au 30 septembre à la cathédrale de Blois. L’avenir des chrétiens d’Orient doit être en Orient, et si la France reste fidèle à sa tradition multiséculaire, elle peut encore peser d’un grand poids pour que cet avenir soit possible.
  • DR RCF
    3 septembre 2021

    Chercher Dieu et servir le bien commun

    3 min
    Selon saint Thomas d’Aquin, l’être humain est mû par deux objectifs principaux : la recherche de la vérité sur Dieu et la vie en société.
  • RCF
    18 juin 2021

    Bientôt des vacances pour se refaire et pour penser aux autres

    3 min
    « Sommes-nous responsables de l’avenir ? » C’était un des sujets du bac philo de cette année. Sujet particulièrement bien venu au moment où nous avons enfin l’impression de sortir d’une série d’événements qui ont profondément perturbé notre vie individuelle et collective depuis une quinzaine de mois, et où un avenir plus normal et moins anxiogène paraît s’ouvrir devant nous. Il nous semble donc que nous pourrons à nouveau prendre notre avenir en mains. Cet avenir, pour beaucoup de nos concitoyens, ce sera d’abord une période de vacances bien méritées. Car le retour à la normale se caractérise souvent par la surchauffe, au travail comme dans des rendez-vous en tout genre jusque-là maintes fois reportés. Les parents doivent s’occuper de la fin d’année scolaire de leurs enfants et de leur entrée dans la classe supérieure ; les paroisses rattrapent toutes sortes de rencontres qui n’avaient pu avoir lieu et préparent activement l’année à venir. Nous cherchons tous à compenser la réduction forcée de nos activités par un activisme qui nous épuise. Serons-nous plus raisonnables en vacances ? Ce n’est pas sûr ! Je suis prêt à parier que beaucoup auront la bougeotte et reviendront de vacances mal reposés : n’a-t-on pas fait tout récemment des comparaisons avec les « années folles » qui ont suivi le premier conflit mondial ? Le tout en oubliant que dans d’autres régions du monde la pandémie continue à sévir, avec son cortège de maux de toutes sortes. Il ne faudrait pas que le monde d’après, comme on l’a dit souvent, soit le monde d’avant en pire – et c’est le moment où jamais de s’en préoccuper en ne vivant pas tout à fait comme avant. Pour cela, je vous suggère un programme très simple en deux points : se refaire et penser aux autres. Se refaire, c’est prendre du temps pour se reposer et se nourrir spirituellement : pourquoi pas un temps de retraite ? Penser aux autres, c’est avoir le souci de ceux qui ne pourront pas prendre de vacances parce qu’en temps normal ils n’ont pas la vie à laquelle ils ont pourtant droit avec un travail, un logement décent, ou tout simplement un état de santé satisfaisant. Du 11 au 17 juillet a lieu notre pèlerinage diocésain à Lourdes, que nous avions dû supprimer l’an passé. Nous manquons d’hospitaliers et d’infirmiers pour s’occuper des malades : pourquoi pas vous ? Si vous avez des disponibilités et êtes prêt à rendre service, n’hésitez pas à vous manifester auprès de l’Hospitalité diocésaine à l’adresse suivante : hospitalitediocesaine@catholique-blois.net. Merci à vous !

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