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Le Mot de l'Administrateur du diocèse RCF - page 7

Émission présentée par Didier-Marie de Lovinfosse

La parole est donnée à Don Didier-Marie de Lovinfosse. Chaque semaine, il propose son regard sur l'actualité.

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Episodes

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    3 novembre 2021

    Les évêques écoutent des victimes

    2 min
    En direct de l'Assemblée plénière des évêques de France à Lourdes, Jean-Pierre Batut, l'évêque de Blois, nous fait le récit de la première journée de travail autour du rapport Sauvé.
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    29 octobre 2021

    Une assemblée pas comme les autres

    4 min
    Les évêques de France vont se réunir à Lourdes au début du mois de novembre. L’amélioration de la situation sanitaire leur permettra de se retrouver comme ils en avaient l’habitude dans l’hémicycle situé près du Gave et en face de la Grotte où la Vierge Marie est apparue à Bernadette. Il s’agit donc d’un retour à la normale, mais dans des conditions qui n’ont rien de normal. La publication du rapport de la CIASE sur les abus dans l’Église il y aura bientôt un mois, a modifié la donne. Même si les évêques avaient déjà largement anticipé cet événement et voté à l’assemblée de mars toute une série de mesures afin que l’Église soit une maison sûre pour les enfants et pour les jeunes, ces mesures seront à reprendre une à une à l’aune des 45 préconisations qu’a formulées la Commission indépendante. Mais cette assemblée sera aussi marquée de deux manières. Tout d’abord, même s’il s’agit de la réunion des évêques exerçant collégialement la responsabilité que le Christ leur a confiée, il ne serait pas concevable que le travail de purification et de prévention qui leur incombe se fasse sans les personnes victimes d’abus au sein de l’Église. Ces personnes seront donc représentées à Lourdes, en particulier celles qui se sont constituées en associations ou en collectifs et qui veulent travailler avec nous. Nous les écouterons, non pas d’abord pour recueillir leurs avis et suggestions, mais d’abord pour nous laisser interpeller par leur parole – parole de colère souvent, parole d’espérance aussi. Ensuite, toujours au nom de notre responsabilité de pasteurs du peuple de Dieu, nous prierons et jeûnerons pour lui présenter notre misère et intercéder pour ceux qui ont subi tant de souffrances et ceux qui les ont provoquées. C’est la lecture du prophète Joël du mercredi des Cendres qui me vient à l’esprit : « Déchirez vos cœurs et non pas vos vêtements et revenez au Seigneur votre Dieu… Sonnez du cor dans Sion, prescrivez un jeûne sacré… Entre le portail et l’autel, les prêtres, serviteurs du Seigneur, iront pleurer et diront : pitié, Seigneur, pour ton peuple… Faudra-t-il qu’on dise : où donc est leur Dieu ? » (Joël 2, 12-18). Comme je l’ai fait le 17 octobre, jour de l’entrée en synode, je vous invite frères et sœurs à vous associer à cette démarche plus particulièrement le mardi 2 novembre, jour des fidèles défunts, en jeûnant et en priant en communion avec nous. Le lendemain 3 novembre, nous serons rejoints pour une journée et demie par des personnes en précarité, nous mettant à l’écoute de la clameur de la terre et de la clameur des pauvres. Des hommes et des femmes maltraités ou ignorés dans leurs droits fondamentaux se joindront à notre prière et à la vôtre : c’est une garantie de vérité pour nous, car il est écrit que « les larmes du pauvre coulent sur les joues de Dieu » (Siracide 35, 18).
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    22 octobre 2021

    Nous sommes en synode

    3 min
    L’entrée en synode ce dimanche 17 octobre a été un succès dans notre diocèse. Plusieurs centaines de personnes venues de tout le département ont répondu à l’appel et ont pris part aux trois grands moments de la rencontre : deux moments liturgiques, à la basilique Notre-Dame de la Trinité et à la cathédrale, et entre les deux une marche symbolique en méditant l’évangile des disciples d’Emmaüs (Luc 24) et en réfléchissant à ce que le Seigneur disait à son Église et à chacun d’entre nous dans ce texte. Ensemble, nous avons fait mémoire de notre baptême et des promesses qui y sont attachées : c’est cette entrée dans l’alliance nouvelle qui fonde notre capacité à faire route avec le Christ. Ensemble, nous avons invoqué nos frères et sœurs les saints, intronisé le livre des Évangiles, admiré l’imprévu de Dieu et l’œuvre de l’Esprit dans l’épisode de la rencontre de Pierre et de Corneille au livre des Actes (Actes 10), contemplé la pitié de Jésus pour les foules sans berger et la patience avec laquelle il les instruit longuement (Marc 6). Un synode, en effet, commence par l’écoute. C’est l’écoute de la Parole divine qui nous permet de prendre la parole à notre tour et de nous écouter les uns les autres. Car notre parole est toujours réponse à une parole entendue, et c’est ainsi qu’elle porte fruit. Sur ce fond d’écoute, toute parole est non seulement utile mais nécessaire – y compris et peut-être surtout la parole des sans-voix, de ceux qu’on juge trop insignifiants pour prêter attention à ce qu’ils ont à dire. Dans la démarche synodale, tous sont invités, tous sont légitimes. Dans les groupes de réflexion qui vont maintenant se mettre en place jusqu’au mois de février prochain, nous devrons être attentifs à proscrire l’entre soi et veiller à inviter largement tous ceux qui voudront nous rejoindre. Ainsi achevée la première phase du synode, la seconde se vivra par continent et la troisième sera constituée par l’assemblée des évêques réunis à Rome en 2023. Enfin pourra commencer la phase de mise en œuvre et d’application dans tous les diocèses du monde. C’est donc un vaste chantier qui s’ouvre, un chantier de renouveau pour l’Église si elle sait saisir la chance qui lui est offerte de mieux responsabiliser chacun de ses membres pour remplir sa mission d’annonce de l’Évangile.
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    15 octobre 2021

    N'y a-t-il vraiment rien au-dessus de la loi ?

    3 min
    C’était à l’époque où existait encore le service militaire. Des hommes appelés sous les drapeaux refusaient de porter les armes. À ceux qui leur disaient qu’ils n’en avaient pas le droit, que c’était une obligation légale, ils répondaient que leur conscience les empêchait de le faire. Pour cette raison, on les a appelés « objecteurs de conscience ». Très en retard sur d’autres pays, la France a attendu le 21 décembre 1963, après la fin de la guerre d’Algérie, pour leur reconnaître le droit qu’ils revendiquaient. La République a donc admis, dans ce cas précis, qu’il y avait quelque chose au-dessus de la loi, et que la conscience pouvait faire considérer le refus de tuer comme un absolu. Mais ce cas n’est pas le seul : la loi Veil dépénalisant l’avortement prévoyait en 1975 la possibilité de l’objection de conscience, et personne n’a encore osé la retirer de la loi, même si cette possibilité est constamment bafouée en pratique. L’affirmation qu’il n’y a rien au-dessus de la loi est une affirmation totalitaire. En effet, elle subordonne la conscience aux décisions du législateur. Si on avait réussi à en persuader toute la population allemande en 1935, aucune objection n’aurait été possible aux lois dites de Nuremberg qui gravaient dans le marbre la politique antisémite du régime nazi. Heureusement, même si la grande majorité du peuple allemand a subi passivement ces lois, plus par peur que par endoctrinement, des voix, la plupart chrétiennes, se sont élevées pour les dénoncer, avec tous les risques que cela comportait. Au nom de la conscience. La conscience a-t-elle quelque chose à voir avec le secret de la confession ? Certainement. Un confesseur, qui est par définition un croyant, estime en conscience que ce qui lui est dit s’adresse à Dieu et non à lui. Le pénitent qui se confesse le sait, et peut avoir la certitude que ce qu’il dit ne sera jamais divulgué. Le secret de la confession n’a de sens que s’il est absolu. Du reste, le simple bon sens permet de dire que s’il était si peu que ce soit relativisé, ceux qui auraient à avouer des fautes que le confesseur serait tenu de révéler renonceraient de toute évidence à recourir à ce sacrement. Cela signifie-t-il alors que le confesseur n’a aucune prise sur le pénitent pour l’amener à se dénoncer ? C’est tout le contraire qui est vrai : le pénitent, plus ou moins confusément, sait que Dieu lui-même lui parle par le moyen du confesseur. Rien n’est gagné, certes. Mais si on lui dit d’aller se dénoncer, il saura qu’il doit le faire. En conscience.
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    8 octobre 2021

    Faut-il que le prêtre soit comme tout le monde ?

    3 min
    Chers amis, en ce début d’octobre je comptais vous parler de Notre-Dame du Rosaire qui est vénérée tout au long de ce mois, et qui nous invite à contempler les mystères de la vie de Jésus en nous mettant à son école. La terrible actualité du rapport de la CIASE m’oblige à changer de sujet. Non pour répéter ce qui a déjà été dit, mais pour deux choses : vous inviter à prier Marie pour les prêtres, et vous partager une réflexion à leur propos. Devant l’ampleur des scandales et des vies détruites qui nous est révélée, beaucoup de voix s’élèvent pour remettre en question ce que la condition des prêtres a de particulier et de spécifique dans notre Église. Particularités et spécificités qui sont il est vrai de plus en plus en contradiction avec les modes de vie communément admis et pratiqués autour de nous. Je ne doute pas un instant de la sincérité des analystes qui remettent en question la paternité spirituelle du prêtre et plus encore le célibat ; je ne conteste pas non plus la pertinence qu’a dans son ordre la grille de lecture sociologique qu’ils utilisent. Mais je continue à m’inscrire en faux contre l’idée selon laquelle plus le prêtre sera comme tout le monde, moins il sera vulnérable aux perversions de toutes sortes. C’est ainsi qu’on entend dire que le mariage des prêtres serait un remède contre les déviances sexuelles, en oubliant que l’immense majorité des agressions sexuelles contre des enfants sont des incestes commis par des pères de famille sur leur propre progéniture. On entend dire aussi que la paternité spirituelle du prêtre et de l’autorité qui en découle relève du « patriarcat » et de la domination masculine. Mais une société, quelle qu’elle soit, peut-elle vraiment se passer de l’autorité paternelle, et plus largement de l’autorité parentale et de l’autorité tout court ? Et le fait que des hommes exercent cette autorité sur un plan uniquement spirituel, sans être pères selon la chair, n’est-il pas nécessaire pour remettre à sa vraie place la paternité selon la chair ? Ces questions et d’autres qui leur sont liées devront être abordées dans la période qui s’ouvre devant nous. Souhaitons qu’elles puissent l’être de manière dépassionnée et approfondie, car elles concernent, bien au-delà de l’Église, ces « relations structurantes de l’humanité » si faciles à dévoyer dont parlait mardi dernier le président de la Conférence des évêques de France.
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    1 octobre 2021

    Le rapport de la Commission indépendants sur les abus sexuels dans l’Église

    3 min
    Le rapport sera remis mardi 5 octobre sera remis à Mgr Éric de Moulins-Beaufort, président de la Conférence des évêques de France, ainsi qu’à Sœur Véronique Margron pour les religieux et religieuses. À ce propos, un hebdomadaire catholique titrait récemment : « Ce rendez-vous que nous n’avons pas le droit de manquer ». Ce titre me paraît tout à fait accordé à l’importance de l’événement, que nous aurions tort de sous-estimer. Une importance qui tient aux chiffres – qui seront sans doute impressionnants puisque la période couverte est de 70 ans – mais aussi et surtout au travail qui s’ouvre devant nous. Il s’agit, selon les mots du Pape François, que « nos expressions de contrition [soient] converties en mesures concrètes de réforme, pour prévenir de nouveaux abus et rendre confiance dans le fait que nos efforts conduiront à des changements réels. » Rappelons à ce propos les dispositions votées par les évêques à l’assemblée de mars. Elles se déclinent en cinq points : secours, justice, prévention, reconnaissance et prière. 1 - Secours, avec l’accueil des personnes victimes et l’aide matérielle à leur proposer ; 2 - Justice, avec la création d’un tribunal national de l’Église, qui décidera des sanctions à appliquer une fois que la justice civile aura été rendue. 3 - Prévention, avec la formation renforcée des ministres ordonnés et des acteurs pastoraux. Dans notre diocèse, l’Enseignement Catholique a mis en place une formation pour la bientraitance à l’égard des publics fragiles, en premier lieu les enfants ; 4 - Reconnaissance, avec la création d’un lieu de mémoire pérenne, où des archives seront consultables ; 5 - Prière, avec l’institution d’une journée annuelle dédiée, le troisième vendredi de Carême. L’objectif de tout cela est clair : faire tout ce qui est en notre pouvoir pour que l’Église soit une maison sûre. Ensemble, nous le pourrons, avec la grâce du Christ qui a promis qu’il serait pour toujours avec nous.
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    17 septembre 2021

    Chrétiens d'Orient

    3 min
    Le 3 septembre s’est tenue au siège du Conseil départemental une passionnante table ronde sur l’enseignement du français au Proche Orient et le rôle des écoles chrétiennes dans cette région du monde. L’un des intervenants, l’ambassadeur Jean-Christophe Peaucelle, nous a proposé un parcours historique particulièrement éclairant et que j’aimerais vous partager. Ce parcours nous fait remonter au règne de François 1er. Le jeune souverain vainqueur à Marignan en 1515 et à qui tout semblait réussir s’était retrouvé quelques années plus tard à la tête d’un pays en danger : vaincu et fait prisonnier à Pavie en 1525, il voyait la France encerclée par l’empire de Charles Quint et menacée de disparaître. Devant ce grand péril, François 1er conçoit un projet audacieux qui consiste à prendre son ennemi à revers en nouant une alliance avec les Ottomans. Mais comment atténuer le scandale d’une pareille alliance entre un royaume chrétien et un empire musulman ? François 1er a une idée géniale : il demande à Soliman le Magnifique d’accorder à la France le statut de puissance protectrice des chrétiens de ses États. C’est ce droit acquis au 16e siècle qui a fait jusqu’à nos jours de la France un acteur majeur au Proche et au Moyen Orient, avec un rôle essentiel joué par les congrégations religieuses vouées à l’enseignement : Capucins, Dominicains, Jésuites, Frères des Écoles chrétiennes, Lazaristes et bien d’autres. Mieux encore : devenue un pays laïque, la France n’a jamais abandonné cette responsabilité, même aux périodes les plus anticléricales de son histoire : « l’anticléricalisme, aurait dit Gambetta, n’est pas un produit d’exportation ! » C’est ainsi qu’au plus fort des persécutions contre les congrégations, certaines d’entre elles, expulsées de France, se sont retrouvées protégées par la France en s’expatriant au Proche Orient ! À l’heure où les chrétiens d’Orient sont purement et simplement menacés de disparition, je vous invite à ne pas manquer l’exposition qui leur est consacrée jusqu’au 30 septembre à la cathédrale de Blois. L’avenir des chrétiens d’Orient doit être en Orient, et si la France reste fidèle à sa tradition multiséculaire, elle peut encore peser d’un grand poids pour que cet avenir soit possible.
  • DR RCF
    3 septembre 2021

    Chercher Dieu et servir le bien commun

    3 min
    Selon saint Thomas d’Aquin, l’être humain est mû par deux objectifs principaux : la recherche de la vérité sur Dieu et la vie en société.
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    18 juin 2021

    Bientôt des vacances pour se refaire et pour penser aux autres

    3 min
    « Sommes-nous responsables de l’avenir ? » C’était un des sujets du bac philo de cette année. Sujet particulièrement bien venu au moment où nous avons enfin l’impression de sortir d’une série d’événements qui ont profondément perturbé notre vie individuelle et collective depuis une quinzaine de mois, et où un avenir plus normal et moins anxiogène paraît s’ouvrir devant nous. Il nous semble donc que nous pourrons à nouveau prendre notre avenir en mains. Cet avenir, pour beaucoup de nos concitoyens, ce sera d’abord une période de vacances bien méritées. Car le retour à la normale se caractérise souvent par la surchauffe, au travail comme dans des rendez-vous en tout genre jusque-là maintes fois reportés. Les parents doivent s’occuper de la fin d’année scolaire de leurs enfants et de leur entrée dans la classe supérieure ; les paroisses rattrapent toutes sortes de rencontres qui n’avaient pu avoir lieu et préparent activement l’année à venir. Nous cherchons tous à compenser la réduction forcée de nos activités par un activisme qui nous épuise. Serons-nous plus raisonnables en vacances ? Ce n’est pas sûr ! Je suis prêt à parier que beaucoup auront la bougeotte et reviendront de vacances mal reposés : n’a-t-on pas fait tout récemment des comparaisons avec les « années folles » qui ont suivi le premier conflit mondial ? Le tout en oubliant que dans d’autres régions du monde la pandémie continue à sévir, avec son cortège de maux de toutes sortes. Il ne faudrait pas que le monde d’après, comme on l’a dit souvent, soit le monde d’avant en pire – et c’est le moment où jamais de s’en préoccuper en ne vivant pas tout à fait comme avant. Pour cela, je vous suggère un programme très simple en deux points : se refaire et penser aux autres. Se refaire, c’est prendre du temps pour se reposer et se nourrir spirituellement : pourquoi pas un temps de retraite ? Penser aux autres, c’est avoir le souci de ceux qui ne pourront pas prendre de vacances parce qu’en temps normal ils n’ont pas la vie à laquelle ils ont pourtant droit avec un travail, un logement décent, ou tout simplement un état de santé satisfaisant. Du 11 au 17 juillet a lieu notre pèlerinage diocésain à Lourdes, que nous avions dû supprimer l’an passé. Nous manquons d’hospitaliers et d’infirmiers pour s’occuper des malades : pourquoi pas vous ? Si vous avez des disponibilités et êtes prêt à rendre service, n’hésitez pas à vous manifester auprès de l’Hospitalité diocésaine à l’adresse suivante : hospitalitediocesaine@catholique-blois.net. Merci à vous !
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    11 juin 2021

    SACRÉ CŒUR ET DIGNITÉ HUMAINE

    3 min
    Ce vendredi, c’est la fête du Sacré Cœur de Jésus. Comme un retour sur le Vendredi Saint et sur tout ce qu’il représente d’amour de Dieu et des hommes jusqu’à renoncer à sa propre vie. Le Cœur transpercé de Jésus est comme un livre ouvert où nous pouvons lire : « le Père vous a préférés à la vie de son Fils, et moi-même, je vous ai préférés à ma propre vie. » Préférer l’autre à soi, ne pas instrumentaliser l’autre pour soi, respecter sa dignité, voilà des préceptes fondamentaux qui ont besoin à toute époque d’être rappelés. Dans de nombreux domaines, notre époque a progressé dans la conscience de la dignité humaine : la suppression de la peine de mort, la condamnation de l’esclavage ou du colonialisme en sont des témoignages. Mais il faut bien reconnaître que dans d’autres domaines, notre époque régresse : l’avortement, la promotion de l’euthanasie (au nom d’une « dignité » dévoyée), le sort fait aux migrants, l’insulte ou l’invective sur les réseaux sociaux, en sont aussi des témoignages qu’on ne peut passer sous silence. Beaucoup de régressions s’expliquent par la revendication unilatérale de droits individuels. L’illusion de liberté toute-puissante que donnent les réseaux sociaux se paye de toutes sortes d’atteintes à la dignité d’autrui, ou à la sienne propre. Le refus d’un comportement de simple humanité provoque les tragiques noyades de populations déplacées en Méditerranée ou leur entassement dans des camps qui sont la honte de nos pays développés. Les pratiques toujours plus transgressives des biotechnologies sont mises au service des lois du marché, qui exercent une pression sur les législateurs jusqu’à ce qu’ils se conforment aux désirs individuels, eux-mêmes manipulés par de grands groupes industriels. Je redoute que les enfants que notre loi française s’apprête à priver de père fassent un jour des procès à leurs « parents d’intentions » au nom de leur dignité humaine bafouée. Ils auront raison, mais combien d’existences auront été abîmées dans l’intervalle ? Je voudrais reprendre ici à mon compte une proposition de Mgr Olivier de Germay, qui invite à jeûner le vendredi pendant tout le mois de juin et qui suggère des intentions de prière universelle dominicale. Voici ces intentions et la prière conclusive : En cette période de discussion des lois bioéthiques, nous te prions Seigneur pour les parlementaires et les politiques de notre pays. Qu’au-delà des luttes partisanes, ils puissent discerner au mieux ce qui est bon pour notre société, et en particulier pour les plus petits. Nous te prions Seigneur pour toutes les personnes qui doivent faire un choix bioéthique difficile. Donne-leur ton Esprit d’amour pour les aider à discerner. Dieu Tout-Puissant qui es présent dans tout l’univers et dans la plus petite de tes créatures, Toi qui entoures de ta tendresse tout ce qui existe, répands sur nous la force de ton amour pour que nous protégions la vie et la beauté. (Prière pour notre Terre, tirée de l’Encyclique Laudato si’ du Pape François)
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    4 juin 2021

    Peut-on "historiciser le mal" ?

    3 min
    Les éditions Fayard viennent de publier une énorme édition critique de l’écrit programmatique de Hitler, Mein Kampf – en français « Mon combat ». Il s’agit là d’un travail scientifique très rigoureux, et on peut s’étonner que certains aient trouvé à redire à ce projet, d’autant que 5000 exemplaires par an d’une édition de propagande sans introduction ni notes se vendent déjà chaque année, si l’on en croit les spécialistes – sans compter tout ce qui circule gratuitement sur internet. Cette suspicion de principe attachée à une entreprise éditoriale oblige la maison Fayard à recourir à toutes sortes de précautions pour justifier son audace. L’une d’entre elles consiste à transformer Mein Kampf en simple sous-titre, le titre officiel de l’ouvrage devenant Historiciser le mal. C’est cette expression que je voudrais interroger car elle me paraît un peu étrange, et pour tout dire contestable. Je suppose que le mot « historiciser » signifie replacer dans l’histoire, avec son enchaînement des causes et des effets. Mais précisément : s’il est possible de contextualiser des événements ou des personnages, peut-on réaliser la même opération avec le mal lui-même ? Seul l’être humain, à strictement parler, est capable de faire le mal et de pactiser avec lui. Comment l’histoire pourrait-elle rendre compte de ce mystère de ténèbres ? Derrière l’expression « historiciser le mal », je soupçonne la persistance de l’illusion d’arriver à en rendre compte de manière rationnelle. Ceux qui font le mal seraient ainsi le produit d’une époque, ou d’une classe sociale, ou d’un contexte économique qui expliquerait pratiquement tout. Cette vision réductrice, jadis défendue par les marxistes, est extrêmement dangereuse. Elle aboutit toujours à une réécriture de l’histoire – réécriture à laquelle tous les régimes totalitaires se sont adonnés sans vergogne. Les assassins, comme les saints, surgissent on ne sait d’où. Mais la bonne nouvelle, c’est que là où les assassins semblent jouir d’un pouvoir illimité, les saints sont présents et leur tiennent tête. Dans l’Allemagne nazie, il y a eu Edith Stein, Dietrich Bonhoeffer, Hans et Sophie Scholl, Maximilien Kolbe, et bien d’autres. Là où des hommes pactisent avec le mal, d’autres hommes se laissent conduire par l’Esprit jusqu’à donner leur vie pour leurs compagnons d’infortune et pour leurs bourreaux eux-mêmes. Au pacte avec le mal et avec le Mauvais répond l’alliance avec le Dieu sauveur.
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    28 mai 2021

    C'est le moment d'agir !

    3 min
    Monseigneur d’Ornellas, archevêque de Rennes et chargé des questions d’éthique médicale, vient de communiquer aux évêques de France le calendrier de l’examen en troisième lecture du projet de loi relatif à la bioéthique, et un texte de pétition. Le calendrier d’abord. L’examen reprendra le 1er juin et la séance publique au Sénat se tiendra le 24. Cela fait trois semaines de débats sur ce projet en perspective. La pétition ensuite. En voici le texte de présentation : « Les parents d’un enfant, c’est son père et sa mère. C’est évident, mais c’est encore mieux en le disant ! Signez vite la pétition sur le site de l’Assemblée nationale pour l’inscrire dans la loi ! » « Le projet de loi "bioéthique", en cours d’examen au Parlement, vise à créer des "parents" en inscrivant deux mères sur l’acte de naissance d’enfants nés de PMA et en effaçant sciemment leur père. Il est donc urgent de défendre l’enfant, la paternité et la maternité. Si plus de 100 000 personnes signent cette pétition, un député sera nommé rapporteur et il devra proposer à ses collègues de la Commission des lois d’examiner cette proposition de loi, celle-ci remettant donc en question des aspects fondamentaux du projet de loi "bioéthique". Pour que les enfants nés de PMA naissent d’un père et d’une mère dont ils ont besoin et qu’ils ont le droit, dans la mesure du possible, de connaître, comme tous les enfants du monde, merci d’avance de signer la pétition et de diffuser le plus largement possible cet appel. » C’est ce que je fais pour ma part, en vous rappelant que vous pouvez retrouver cette chronique sur le site du diocèse de Blois et sur celui de RCF Loir-et-Cher. Quant à la pétition, elle se trouve sur le site : www.petition-assemblee.fr Une dernière précision : pour garantir que vous êtes bien une personne physique existante, majeure et française, et qu’on ne signe pas plusieurs fois, le site de l’Assemblée nationale vous demandera une identification sécurisée. Vous pouvez la donner sans crainte : votre signature restera anonyme et aucune base de données ne sera constituée à partir des informations que vous aurez communiquées. Agissons pendant qu’il en est encore temps !
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    21 mai 2021

    Pentecôte

    3 min
    Après Pâques, la Pentecôte est plus grande des fêtes chrétiennes. Le terme grec qui a donné Pentecôte signifie « cinquante », ou plus précisément « le cinquantième jour ». Le cinquantième jour après la pâque, en effet, nos frères juifs célèbrent toujours la fête de Shavouot, ou « fête des semaines », qui commémore le don de la Loi fait jadis à Moïse sur le mont Sinaï. Pour nous chrétiens, la Pentecôte correspond au jour de la descente de l’Esprit Saint promis par Jésus sur les apôtres, et par conséquent au moment où l’Église a commencé à exister. Au début de l’évangile de Luc, l’ange Gabriel avait dit à Marie : « l’Esprit Saint viendra sur toi et la puissance du Très Haut te prendra sous son ombre ; c’est pourquoi l’être saint qui naîtra de toi sera appelé Fils de Dieu » (1, 35). Les Actes des Apôtres commencent de manière semblable : l’Esprit Saint vient à nouveau sur Marie et fait naître l’Église qui continuera à mettre le Christ au monde en annonçant la Bonne Nouvelle et en dispensant les sacrements. La différence est que Marie, Mère de l’Église, n’est pas seule : elle se tient au milieu des Apôtres, et ce sont eux qui seront les témoins de Jésus « jusqu’aux extrémités de la terre » (Actes 1, 8). Quel est au juste le rapport entre le sens attribué par les Juifs à Shavouot et la descente de l’Esprit Saint ? Un commentateur juif explique que la sortie d’Égypte n’était encore qu’une délivrance matérielle, tandis que le don de la Loi inaugurait une délivrance spirituelle (cf. E. Guggenheim, Le judaïsme dans la vie quotidienne, Paris, Albin Michel, coll. « Présences du Judaïsme », 1992 p. 164). La Loi opère une délivrance spirituelle en tant qu’elle a pour but d’amener l’homme à se comporter comme Dieu qui lui dit « vous serez saints car je suis saint » (Levitique 11, 44 ; 20, 26 etc.) : c’est un don qui « spiritualise » ceux qui le reçoivent, au sens où il leur apprend à vivre selon l’Esprit de Dieu. Et voilà qu’au début des Actes des Apôtres l’Esprit de Dieu en personne est donné. Un pas décisif est franchi par rapport à l’Ancien Testament : désormais, en effet, l’homme ne se contentera pas de connaître ce que Dieu veut pour lui, il sera rendu capable de le réaliser. La Loi de Dieu sera inscrite non plus sur des tables de pierre, mais sur son cœur (Jérémie 31, 33), devenu « cœur de chair » parce que l’Esprit sera présent en lui (Ézéchiel 36, 27). C’est ce cœur nouveau que jeunes et adultes demandent à recevoir au terme de ce temps pascal et en particulier le jour de Pentecôte, en étant marqués du sceau de l’Esprit Saint dans le sacrement de confirmation. Lorsqu’ils auront reçu l’onction du Saint Chrême dans le rite appelé « chrismation », ils deviendront pour l’Église et pour le monde ces nouveaux christs à jamais recréés à l’image du Christ Sauveur qui, poussé par l’Esprit Saint, a accompli jusqu’au bout la volonté du Père par amour pour Lui et par amour pour nous.
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    16 mai 2021

    Jamais deux sans trois

    3 min
    Le Dieu de la foi chrétienne, c’est un Père et un Fils. Tout le monde peut comprendre que l’un ne va pas sans l’autre : s’il n’avait pas de Fils, le Père ne pourrait pas être Père, et inversement. Mais nous croyons aussi que Dieu est Esprit Saint, et le temps que nous vivons entre Ascension et Pentecôte est une sorte de neuvaine d’attente de l’Esprit Saint. Qu’est-ce que cela veut dire ? Un grand théologien du Moyen-Âge, Richard de Saint-Victor, a tenté d’expliquer pourquoi l’amour n’est parfait que s’il suscite un troisième que les deux premiers aiment ensemble et qui est en quelque sorte la personnification de leur amour. Il s’inspirait en cela de l’analogie de la famille : un homme et une femme s’aiment, et cet amour est si fort qu’il devient un troisième, l’enfant, qui sera désormais comme le sceau de leur amour. Comparaison n’est certes pas raison, mais il y a dans cette pensée une vérité profonde. L’amour n’est jamais binaire, il est toujours ternaire, ou mieux trinitaire. Des adolescents immatures peuvent se regarder dans le blanc des yeux, mais leur amour aura besoin de s’élargir pour devenir un amour fécond et capable de s’inscrire dans la durée. Une des grandes énigmes de l’histoire du salut est que Dieu semble s’ingénier à instaurer entre les êtres des dualités qui deviennent presque immanquablement des relations d’opposition ou de domination. Nous venons d’évoquer l’homme et la femme, mais on peut en dire autant du juif et du païen, à propos desquels l’épître aux Éphésiens n’hésite pas à parler d’un « mur de la haine » (2, 14) que le Christ a supprimé dans sa chair. On peut y ajouter, dans l’histoire de l’Église, une autre dualité souvent difficile à vivre et pourtant vitale, celle entre le sacerdoce baptismal et le sacerdoce ministériel. Or la foi nous enseigne que partout où Dieu établit des différences, c’est au bout du compte pour construire l’unité. Il ne distingue que pour unir, les deux termes prenant conscience qu’ils ne vont pas l’un sans l’autre et qu’ils ont chacun besoin de l’autre pour être jusqu’au bout ce qu’ils ont à être. L’Esprit Saint est justement ce troisième, ce Tiers divin qui intervient pour qu’une telle mission, humainement impossible, se réalise. Sans lui l’Église n’est pas l’Église ; sans lui juifs et païens se livrent une guerre sans merci ; sans lui l’homme et la femme demeurent dans les impasses de leur relation conflictuelle. Bien mieux, l’Esprit Saint est en nous, comme il l’est déjà en Dieu, principe de personnalisation : c’est en Lui que le Père est tel, en lui que le Fils est tel. C’est en lui que l’homme est homme, et la femme, femme. C’est en lui enfin que l’Église en ses différents membres constitue les prémices de l’humanité réconciliée et de la création nouvelle.
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    7 mai 2021

    Les vicissitudes de l'Histoire

    3 min
    Du bout des lèvres et du bout des doigts, notre pays s’est résolu à commémorer Napoléon. « Commémorer n’est pas célébrer » a-t-on pris soin de préciser. Le maire de Rouen Nicolas Mayer-Rossignol, s’est moins embarrassé de scrupules : profitant du déboulonnage pour restauration de la statue de Napoléon place de l’Hôtel de Ville, il a proposé de ne pas la remettre en place, mais de la remplacer par une statue de… Gisèle Halimi. Sans commentaire. Ou plutôt si, commentons. Indépendamment de ce qu’on peut penser de l’un et de l’autre, il est intéressant de voir mettre en balance deux personnages d’envergure à ce point différente que la suggestion prêterait à rire si elle n’était si affligeante. Mais il est plus intéressant encore de considérer les lunettes historiques qu’on utilise en la circonstance. On peut les résumer d’un simple signe arithmétique : Napoléon égale l’esclavage ; Halimi égale la libération. C’est aussi simple que cela. Il n’est pas mauvais que deux siècles après la mort de Napoléon, on prenne davantage conscience de la complexité du personnage, avec ses ombres et ses lumières. Mais n’en avait-on pas pris conscience depuis longtemps ? Ce qui caractérise notre époque, c’est bien plutôt la tendance à la caricature idéologique la plus sommaire, la plus simpliste, et donc la plus totalitaire et la plus haïssable. Comment, mais comment en sommes-nous arrivés là ? J’hésite à commenter ici le malheureux projet de « déconstruire notre histoire » avancé par Emmanuel Macron, tant les politiques se sont empressés de s’en emparer voracement pour gagner des voix. Je m’en tiendrai à dire que c’est un projet qui, s’il était appliqué, serait profondément délétère, car aucun peuple ne peut exister et se projeter vers l’avenir sans ce qu’on pourrait appeler un récit national qui lui donne foi en lui-même et en son propre génie. Or le drame de la France, comme l’écrit Marcel Gauchet, c’est que « depuis le XIXe siècle [elle] doute profondément de son destin historique ». Et la déconstruction, cette « grimace moderne du nihilisme » (Pierre Magnard), n’est qu’un travail de sape des principes de toute civilisation, « l’ennemi mortel de toutes les formes d’édification » (Jean-François Mattéi). Le génie de la IIIe république, qui fut une grande période d’enseignement de l’histoire avait été de récupérer la totalité de la grandeur passée et d’en donner un récit cohérent. La France gaullienne avait repris à son compte cette entreprise compromise par la catastrophe de la défaite et de l’Occupation. Elle a failli réussir, mais elle est venue s’échouer sur les récifs d’un nihilisme dont nous commençons à mesurer la puissance destructrice. Des généraux se sont insurgés récemment contre la légèreté avec laquelle on jetait aux chiens ce qui fait notre substance. J’ignore s’ils ont eu tort ou raison, mais je constate que la seule réponse qu’on a su leur apporter a été la sanction et la mise à la retraite : terrible aveu d’une impuissance à répondre et à débattre de l’essentiel – pour simplement tenter encore de savoir qui nous sommes.
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    30 avril 2021

    Saint Joseph travailleur

    3 min
    Saint Joseph, auquel cette année 2021 est consacrée, est vénéré avant tout comme le père nourricier de l’enfant Jésus. Mais au siècle dernier, alors que se répandait partout la fête du 1er mai comme fête du travail et journée consacrée aux revendications des travailleurs, le pape Pie XII a souhaité que saint Joseph soit vénéré aussi à cette date comme patron des « travailleurs », c’est-à-dire en premier lieu de tous ceux qui exercent un métier manuel. C’est de saint Joseph que Jésus enfant et adolescent a appris à tirer parti de ses mains pour travailler le bois et le rendre apte à l’usage humain. Il a ainsi apporté sa contribution à l’effort de l’humanité pour dominer le monde sans le détruire ni l’enlaidir, mais en donnant une nouvelle noblesse à la matière dont il est fait : dans cet art, car c’en est un, nous sommes probablement beaucoup moins doués que ne l’étaient les gens de cette époque, et nous avons beaucoup à apprendre de ceux qui n’en ont pas perdu totalement le secret. Jadis, les Dauphins de France devaient apprendre dans leur enfance un métier manuel : c’est ainsi que Louis XVI par exemple était devenu serrurier. Les métiers manuels étaient encore considérés sous l’Ancien Régime comme tout aussi formateurs que l’activité intellectuelle pour se préparer à gouverner un grand pays. « Le Père aime le Fils et lui montre tout ce qu’il fait. Il lui montrera des œuvres plus grandes encore que celles-ci, et vous en serez stupéfaits » dit Jésus dans l’évangile selon saint Jean (5, 20). Sans le moindre doute, c’est d’abord auprès de Joseph que Jésus a découvert que le père aimait le Fils et lui montrait tout ce qu’il faisait ; et c’est grâce à Joseph qu’il a pu transposer sur le Père des cieux cette initiation au travail paternel et affirmer à ceux qui lui reprochaient de ne pas respecter le sabbat : « mon Père travaille toujours, et moi aussi je travaille » (Jn 5, 17). Dans la parole « le Père aime le Fils et lui montre tout ce qu’il fait », on perçoit aussi le lien qui existe entre le travail et l’amour. Le travail fait avec amour suscite le désir de communiquer à ceux qu’on aime les secrets de ce que l’on fait. Ainsi, le travail n’est pas dissocié des autres relations humaines : bien au contraire, il les renforce. Là encore, bien que nous l’ayons souvent oublié, le travail existe pour être source d’unité et de fraternité. C’est pourquoi la vie terrestre de Jésus et son travail d’artisan puis de prédicateur du royaume des cieux ont culminé dans le sacrement de l’eucharistie : le pain et le vin, fruits de la terre, de la vigne et du travail des hommes, ont été rendus capables de récapituler toute l’offrande du Fils de Dieu et de nous la partager en communion.
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    23 avril 2021

    Le Christ est notre avenir

    3 min
    On a souvent tendance à confondre deux mots qui n’ont pas le même sens : le futur et l’avenir. Vous avez sans doute remarqué que dans de nombreux films de science-fiction les dangers ou les êtres malfaisants viennent du futur. Ils ne viennent pas de l’avenir car plus ou moins consciemment nous nous souvenons encore que le mot avenir a un sens plus positif que le mot futur. Je suis un piètre angliciste, mais je crois que l’anglais ne fait pas cette distinction : pour l’avenir comme pour le futur, il dispose d’un seul mot : future. Et toute une génération désespère de l’avenir en disant : « no future ». Or les deux mots ne veulent pas dire la même chose. Le futur, c’est ce qui nous tombe dessus sans que nous n’y puissions rien. C’est pourquoi le futur est souvent présenté sous des traits plutôt sombres, car il ratifie en quelque sorte notre impuissance radicale à le conjurer. Le futur peut être fascinant, comme dans la science-fiction, mais il est surtout inquiétant, voire menaçant. On comprend que les jeunes d’aujourd’hui aient peur du futur puisqu’on ne cesse de le leur présenter comme porteur de catastrophes – catastrophes écologiques, catastrophes sanitaires, et plus simplement incertitudes quant à la vie professionnelle et quant à la stabilité affective : « la première année on achète les meubles ; la deuxième année on déplace les meubles ; la troisième année on partage les meubles » disait un humoriste désabusé. Pour l’avenir, c’est tout autre chose. L’avenir c’est ce que nous bâtissons pour nous, c’est aussi ce que nos capacités humaines nous permettent d’espérer pour les générations qui viendront après nous – ce qui suppose qu’il vaille la peine de mettre des enfants au monde. Mais surtout l’avenir, ce n’est pas « quelque chose », c’est Quelqu’un qui vient vers nous, qui s’avance à notre rencontre et nous ouvre les bras : l’avenir est le lieu de l’espérance en Celui qui est la Vie. Le pape Benoît XVI disait magnifiquement à propos de l’espérance qu’elle « attire l’avenir dans le temps présent ». Et il ajoutait : « l’existence de cet avenir change le présent ; le présent est touché par la réalité future, et ainsi les choses à venir se déversent sur les choses présentes et celles présentes sur celles à venir . » Y a-t-il plus belle définition de la résurrection ? Le Christ ressuscité est notre avenir, un avenir qui se déverse sur notre présent et en change radicalement la signification. Alors nous pouvons vivre et agir en sachant que tout notre présent a du sens, que tout notre présent est appelé à se déverser sur notre avenir, que tout, ici et maintenant, est semence d’éternité.
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    16 avril 2021

    Ils sont 96 % à penser que... suite et fin

    3 min
    Dans ma chronique de la semaine dernière sur l’euthanasie, je relevais les résultats apparemment sans appel des sondages d’opinion sur cette question : tout porte à croire qu’une majorité écrasante de nos compatriotes seraient favorables à ce qu’on les expédie dans l’autre monde quand leur état de santé ne permettrait plus d’espérer de guérison. Mais dans la même chronique j’ajoutais ceci : « tout est dans l’art de présenter les choses, et les idéologues savent toujours les présenter comme il convient pour arriver à leurs fins. » Je voudrais aujourd’hui préciser ma pensée à ce propos. Personne n’a envie de mourir, mais personne non plus n’a envie de souffrir. Si l’on demande à quelqu’un : « que préférez-vous : mourir naturellement dans d’atroces souffrances, ou bien mourir doucement, en dormant, d’une mort provoquée ? » Aucun doute : il choisira le deuxième terme de l’alternative. Mais est-ce aujourd’hui une vraie alternative ? Il faut répondre avec force que non. Paradoxalement, la préoccupation de soulager la douleur est récente dans notre culture. Quand j’étais enfant, tout le monde trouvait normal d’avoir mal chez le dentiste ; aujourd’hui, tout le monde trouve normal de ne pas avoir mal. Longtemps, la lutte contre la douleur a été très en retard sur les progrès de la médecine, mais elle est en train de rattraper ce retard. Le développement des soins palliatifs en est l’attestation – et à cet égard, on ne peut que se réjouir de l’ouverture à Blois d’une unité de douze lits de soins palliatifs, même si beaucoup reste à faire. La Société française d’accompagnement et de soins palliatifs définit le but de ces pratiques médicales de la manière suivante : « les soins palliatifs prennent le parti d’accompagner le malade jusqu’au bout, en évitant les deux extrêmes que sont l’obstination déraisonnable et l’euthanasie. Ils prennent en soin la douleur physique, la souffrance psychique, sociale et existentielle ou spirituelle. Ils visent à sauvegarder la dignité de la personne malade et à soutenir l’entourage... L’accompagnement des soins palliatifs pose qu’en fin de vie, il est possible d’avoir d’autres projets que celui de mourir. » Je signe des deux mains ! Et j’ajoute : mourir n’est pas et ne peut pas être un projet ; mais faire de sa mort une offrande, l’ultime offrande, peut être l’accomplissement d’une vie vraiment humaine.
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    9 avril 2021

    Ils sont 96 % à penser que...

    3 min
    Ils sont 96% à penser que les Juifs sont une espèce mi-humaine mi-animale nuisible, apparentée aux rats et aux cloportes. « Ils », ce sont les Allemands à la fin des années 30. Quelques années de bourrage de crâne et de folie raciste ont suffi pour les faire dériver du bon sens le plus élémentaire. Ils sont 96% à penser que l’euthanasie est la dernière victoire « sociétale » à remporter pour maîtriser sa mort. « Ils », ce sont les Français en 2021. Du moins, à ce qu’on nous dit. Je ne crois pas du tout qu’ils soient 96%, pas plus que je ne crois que les Allemands du temps d’Hitler aient été une écrasante majorité à croire à sa doctrine. Tout est dans l’art de présenter les choses, et les idéologues savent toujours les présenter comme il convient pour arriver à leurs fins. Je sens qu’on va m’accuser de reductio ad Hitlerum. Péché impardonnable s’il en est. J’assume ! Car l’euthanasie des inutiles (malades mentaux, mais aussi personnes en fin de vie) faisait partie aussi de l’idéologie nazie, et pour les mêmes raisons que l’euthanasie dite volontaire, mais bientôt systématique, fait partie de l’idéologie de nos pseudo-compassionnels contemporains. Les malades en fin de vie, ça coûte cher. Les malades en fin de vie, c’est la démonstration que nous ne sommes pas tout-puissants et que la mort fait partie de notre condition humaine. Insupportable pour certains. Avez-vous lu l’article courageux de Michel Houellebecq mardi dernier ? Ce n’est pas un de mes auteurs de chevet, mais il a tout compris. Il a compris le dévoiement du vocabulaire auquel se livrent les partisans de l’euthanasie – en tordant les mots « compassion » et « dignité » en particulier. Comme si la compassion consistait à se débarrasser des autres après les avoir persuadés de demander le coup de grâce ; et comme si la dignité consistait à refuser le combat – car le mot « agonie » veut dire « combat ». Il est étonnant que Houellebecq ne trouve à citer que les bouddhistes pour rappeler que l’agonie est le moment où se jouent les choix décisifs d’un être humain. Le christianisme n’aurait-il vraiment rien à dire sur le sujet, lui qui nous rend témoins de l’agonie du Christ, lui qui nous fait prier pour être préservés de « la mort imprévue » et pour pouvoir faire de notre mort l’acte suprême d’offrande de nous-mêmes ? Dites non à cette horreur de l’euthanasie. Ayez le courage de dire non, de descendre dans la rue pour dire non. Ce n’est pas parce que certains de nos malheureux voisins en sont arrivés là que nous devons faire de même. Il est encore temps de réagir. Demain il sera trop tard. Demain, au nom de la « compassion », comme ils disent, on ne vous demandera même plus votre avis : on vous éliminera, tout simplement, dans le silence de l’hôpital. Je laisse le mot de la fin à Houellebecq : « Lorsqu’un pays, dit-il, en vient à légaliser l’euthanasie, il perd à mes yeux tout droit au respect. Il devient dès lors non seulement légitime, mais souhaitable, de le détruire ; afin qu’autre chose – un autre pays, une autre société, une autre civilisation – ait une chance d’advenir. »
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    2 avril 2021

    LA FEMME FIGURE DE L’ÉPOUSE

    3 min
    Il est toujours stimulant de recevoir des réactions à ce qu’on dit sur l’antenne : c’est pourquoi je remercie vivement l’auditeur qui a réagi à ma chronique de la semaine dernière sur la masculinité du sacerdoce et sur le rapport époux-épouse qui est celui du Christ avec l’Église – ce rapport époux-épouse que le prêtre permet à l’assemblée de concrétiser quand il lui fait face en tenant sacramentellement la place du Christ. Cet auditeur me remercie pour mes propos, mais en même temps il me fait remarquer, je le cite, que « la spécificité de la vocation consacrée féminine est trop peu expliquée, trop peu mise à l’honneur dans l’Église ». Pour appuyer sa réflexion, cet auditeur me renvoie à un texte très éclairant sur la vie contemplative et monastique féminine. Publié en 1999 sous l’autorité du Pape Jean-Paul II, il souligne que les femmes sont plus à même que les hommes de représenter l’Église-épouse, en particulier lorsqu’elles n’ont pas d’époux humain – on pense ici tout particulièrement aux moniales dans les monastères. « En raison même de leur nature féminine, dit le texte, les moniales manifestent plus efficacement le mystère de l’Église "Épouse immaculée de l’Agneau immaculé". » Si le sacerdoce ministériel est réservé aux hommes pour les raisons que j’ai développées dans ma chronique précédente, ce sont les femmes qui apprennent aux hommes ce qui ne leur est pas spontané, à savoir se situer comme membres de l’Église-Épouse devant le Christ-Époux. Que ce ne soit pas spontané pour les hommes, on le voit très bien dans les écrits des mystiques. Saint Jean de la Croix, par exemple, est obligé de recourir à des acrobaties de langage en disant que c’est « l’âme » qui est dans une relation d’épouse avec le Christ, alors que sainte Thérèse d’Avila, au contraire, n’a aucune difficulté à appeler directement le Christ son « divin Époux ». En cette Semaine Sainte où nous fêtons l’institution du sacerdoce, n’oublions pas que Marie a été présente au Cénacle avec les Apôtres pour les aider à ne jamais oublier que s’ils avaient vocation à agir au nom du Christ, ils restaient toujours membres de l’Église-Épouse. Ce sont les femmes qui peuvent libérer les prêtres du danger du cléricalisme, ce cancer spirituel qui pervertit le choix de Dieu en privilège et le pouvoir sacré en domination. Joyeuses Pâques à tous et à chacun !

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