18 octobre 2024
La laïcité est un principe et non une valeur
Le Premier Ministre, Michel Barnier, a affirmé dans son discours de politique générale qu’il ne serait fait aucun accommodement avec la laïcité. On peut en prendre acte et il ne s’agit pas de lui faire de procès d’intention. Mais il ne faut non plus nourrir la confusion.
Car la laïcité, que l’on brandit sans cesse dans un contexte où l’islam prend de plus en plus de place dans nos sociétés, n’est pas une valeur en soi.
La liberté, l’égalité et la fraternité, qui figurent dans notre devise républicaine, sont bel et bien des valeurs, avec ce qu’elles peuvent avoir de fluctuant d’ailleurs, comme toutes valeurs. En tout cas, ce sont des idéaux auxquels chacun peut adhérer, quelles que soient ses croyances, et c’est une belle chose que la République nous les propose.
Mais la laïcité, ce n’est pas du même ordre. La laïcité n’est qu’un principe, un cadre dans lequel justement peuvent s’exprimer ces idéaux. Résulte du principe de laïcité en particulier l’impartialité et la neutralité de l’Etat et, peut-être, à titre exceptionnel, la neutralisation de certains espaces, si les circonstances l’exigent, pour des questions de respect de l’ordre public.
La juste séparation des pouvoirs entre l’Etat et les organisations religieuses est reconnue par le Christ lui-même, quand on le questionne pour savoir s’il est permis de payer l’impôt à l’empereur, avec sa fameuse réplique : « Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. »
Mais la neutralité n’est pas une fin en soi. La laïcité n’est pas un absolu qui se suffirait à lui-même. Tant mieux si elle favorise le libre-arbitre, voire même l’esprit critique. La laïcité crée les conditions du dialogue mais ne consiste pas à le vider de sa substance. Elle ne doit pas avoir pour objectif la marginalisation des religions, ni même la négation du pouvoir spirituel.
Ainsi, à condition que ce soit de manière apaisée et non intrusive, chacun doit pouvoir exprimer et manifester sa foi, même dans l’espace public.
Ainsi, sans prétendre imposer leur vision des choses à tous, les responsables religieux ont le droit d’exprimer ce qu’ils pensent de telle ou telle évolution de la société, et de participer en cela au débat citoyen.
Ainsi, dans le respect de la liberté de conscience de chacun, l’enseignement privé, notamment catholique, a le droit d’avoir sa propre proposition éducative par la manière dont elle conçoit et vit la relation, par l’engagement de foi et de service des communautés chrétiennes au sein des établissements.
Ainsi, dans le contexte éducatif ou par ailleurs, nous autres chrétiens gardons dans nos sociétés sécularisées la mission de témoigner. Soyons attentifs à enseigner ce que nous avons cru et à vivre ce que nous aurons enseigné.
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