2 septembre 2022
Pourquoi pas le vélo?
Vianney Lecointre revient sur la rentrée scolaire. Mais il existe de nombreux moyens de se rendre à l'école...
" Une inquiétude, parmi beaucoup d’autres, planait ces jours-ci sur la rentrée scolaire : va-t-on manquer de conducteurs de bus pour assurer le service permettant aux élèves de rejoindre chaque jour leur établissement scolaire ? D’après Ouest-France, le 19 août, il en manquait encore 400 en Normandie.
Il existerait bien une solution qui, si cela se trouve, pourrait, dans l’absolu, convenir à la majorité d’entre eux : le vélo ! Je me suis avisé, à l’occasion de cette actualité, que l’idée d’aller à vélo au lycée (c’était pour moi dans les années 1980) ne m’a alors jamais effleuré. Du coup, j’ai vérifié à l’aide de Google Map : mon temps de trajet aurait été d’environ une demi-heure, c’est-à-dire du même ordre que le temps que je prends aujourd’hui pour me rendre à vélo à mon travail, et cela m’aurait donc permis de me lever plus tard qu’en prenant le car scolaire qui me ramassait devant chez moi presque une heure avant le début des cours !
Les choses ne tendent pas à s’améliorer depuis : selon le rapport Activité physique et sédentarité de l’enfant; l’adolescent, publié en 2018 : « En France, sur les 30 dernières années, la proportion de déplacements effectués à pied par les enfants et adolescents de plus de 6 ans pour se rendre dans leurs établissements scolaires a diminué de 20 points, passant de 52,1 % à 32,3 %. La proportion de déplacements à vélo pour le même motif a diminué de plus de la moitié, passant de 7,5 % à 3,3 %. » Cela n’est pas seulement dû à l’augmentation des distances, qui est très relative sur la même période, mais plutôt à une évolution des mentalités. Les normes de parentalité ont évolué, selon le sociologue Clément Rivière : laisser « traîner » (entre guillemets) des enfants seuls dans l’espace public est désormais mal vu. Cela est peut-être lié aux affaires de pédophilie, explique-t-il, mais aussi, et le risque est objectivement plus fort, à la peur des accidents. L’automobile prend de plus en plus de place au détriment des « mobilités actives ». Permettez-moi un autre souvenir personnel : telle route de campagne que j’empruntais parfois à vélo quand j’avais 10 ans, pour aller de mon village à la ville la plus proche, est aujourd’hui une « quatre-voies ».
Il y a dans cette affaire un enjeu de mobilité et de sobriété bien sûr, mais aussi de santé publique, car la sédentarité est une des principales causes de mortalité évitable dans nos pays développés. Et un des moyens les plus efficaces pour atteindre le niveau d’activité physique recommandé (et le pérenniser), c’est de l’intégrer dans ses habitudes du quotidien. Et puis, c’est tellement mieux, quand on grandit, d’avoir un peu d’autonomie !
Alors, pour résoudre la pénurie des chauffeurs de car, et pour plein d’autres bénéfices à tout point de vue, invitons les pouvoirs publics à sécuriser toujours davantage non seulement les abords des écoles mais aussi l’ensemble des voies pour qu’elles puissent être empruntées par les ados, et tous les autres, à vélo sans risque. En attendant, bonne rentrée à tous !"
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