12 avril 2024
La conversion écologique selon nos évêques
Pendant trois ans, les évêques ont travaillé prioritairement sur la conversion écologique, au cours de leurs Assemblées plénières, avec de nombreux intervenants, ce qui a donné lieu à la publication encore assez récente par la Conférence des Evêques de France d’un ouvrage intitulé Ensemble pour notre terre.
Se convertir, c’est venir ou revenir au Dieu vivant, c’est se détacher de ce qui nous retient loin de Lui et avancer vers Lui qui, en Jésus, s’est approché de nous tous et de chacun. Qu’y a-t-il d’écologique à cela ? Mgr de Moulins-Beaufort pose la question pour mieux dire l’intérêt qu’il y a de parler de conversion.
Car il s’agit, et c’est son premier point, de transformer de manière radicale la manière dont l’être humain se comprend lui-même comme partie de l’univers et il explique son scepticisme par rapport à des discours qui se contentent de prôner un ajustement du système.
Mgr de Moulins-Beaufort reste aussi marqué, explique-t-il, par les abus spirituels et sexuels commis par des hommes d’Eglise, ce qui illustre que toute autorité court le risque de se dégrader en domination et tout pouvoir en prédation. Une action ou une entreprise ne peuvent être bonnes si l’on ne prend pas conscience des souffrances qu’elles peuvent causer. Il n’hésite pas à faire l’analogie avec le modèle productiviste à l’occidental. Le développement des techniques a permis à beaucoup d’entre nous d’éviter les ravages effroyables du manque, mais une partie de l’humanité en reste menacée et cette menace s’est accrue notamment par le dérèglement climatique, l’envahissement par les déchets et la stérilisation des terres. Il faut donc, suivant le pape François dans Laudato si’, changer de paradigme, sortir de la culture du déchet pour entrer dans celle de l’attention aux plus petits, aux plus précaires, à nos dépendances mutuelles.
Il s’agit donc bien de vivre cette transformation, avec les renoncements qu’elle implique, comme une opportunité de croissance spirituelle, d’intensification de la vie intérieure, d’approfondissement des relations avec les humains. Et il s’agit de davantage ressembler au Christ, pauvre, chaste et obéissant, sans pour autant être un ascète : évitons de nous gaver et vivons tout repas comme une anticipation du banquet céleste.
A nous chrétiens de devenir les ferments d’un monde nouveau, de retrouver le regard du Christ sur le Monde pour être collaborateurs de son salut. Très concrètement, les évêques proposent de nombreuses pistes à mettre en œuvre, y compris au sein de l’Eglise. Nous y reviendrons peut-être une autre fois.
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