7 mars 2024
S'il n'y a pas la culture....
Dans ma précédente chronique je vous avais parlé d’Alfred Grosser ne cessait de rappeler que l’action politique doit se fonder sur une e?thique, sur des valeurs humanistes, comme les droits de l’homme, et avant tout respecter « la compre?hension et la vraie compassion pour la souffrance des autres, de l’Autre »
Cette semaine j’aimerais vous parler de Jean-Marie Gustave Le Clézio, plus connu sous la signature de J. M. G. Le Clézio, prix Nobel de littérature 2008. C’est un auteur discret. Il n’y a que depuis quelques années qu’il se confie dans ses livres, comme dans Identité nomade, paru en début d’année aux E?ditions Robert Laffont.
Roman, récit, nouvelle ou essai, il a toujours voulu donner rendre la parole aux damnés de la terre. Voilà pour lui l’une des « fonction » principale de la littérature.
« Au bout d’une longue histoire seme?e d’erreurs et de repentances, il n’est pas toujours facile de re?pondre a? la question de ce que peut la litte?rature. Malgre? tous ses vœux, elle n’a pas empe?che? ce qui ronge l’histoire humaine, elle n’a pas su arre?ter la traite des esclaves ni les crimes de la colonisation, elle n’a pas su empe?cher les guerres, elle n’a pas su interdire les mouvements haineux et les injustices, elle n’a me?me pas contredit la de?gradation du milieu ambiant, de la nature. (…)
Elle est en revanche un te?moignage, la mesure d’une e?poque, parfois sa critique. L’e?crivain est un te?moin, non pas dans un proce?s – qui serait le procureur de ce proce?s ? –, mais dans une proce?dure, il cherche a? mieux comprendre les enjeux de notre modernite?.
La litte?rature, la poe?sie trouvent leur force dans ceux qui croient en elles. Si on n’y croit pas, la litte?rature n’a aucun pouvoir, et alors on retrouve la fameuse formule de Goering : « Quand on me parle de culture, je sors mon revolver. » S’il n’y a pas la culture, c’est la violence des armes qui parle. »
Ce que l’idéaliste mystique et révolté Le Clézio dit ici de la littérature est proche de l’injonction éthique formulée par latter Alfred Grosser : « Si la litte?rature a une utilite?, ce n’est rien d’autre que changer le regard qu’on a sur le monde, pour nous inciter a? voir ce que nous ignorons, ce que parfois nous de?daignons. Donc si j’ose la formule tire?e de la psychologie vers la litte?rature, ce serait une extrospection. Prendre le regard de l’autre pour mieux comprendre ce qui nous entoure. L’interrogation que pose l’e?crivain et qui nous incite a? revenir sur nous-me?me. C’est pour cela que j’insiste sur connaissance et reconnaissance. Si la litte?rature a une utilite?, c’est celle qui nous permet de connai?tre, connai?tre les autres, connai?tre le monde, connai?tre la vie, connai?tre la physique pourquoi pas, connai?tre les sciences, connai?tre les dimensions de ce qui nous entoure, et se reconnai?tre dans cette approche, savoir qui l’on est et savoir aussi reconnai?tre les autres comme e?tant partie de l’humanite?. »
Le Clézio a eu l’opportunité de connaître les autres dès huit ans, quand il a quitte? l’Europe pour aller retrouver son pe?re, me?decin de l’arme?e coloniale britannique, qui e?tait installe? en Afrique anglaise, au Nigeria. Il a quitté une France détruite pour aller vers un pays qu’il imaginait e?tre celui de la satie?te?. Dans les premières pages d’Identité nomade, il écrit : « L’Afrique, pour moi, c’e?tait la terre de l’abondance. »
Près d’une centaine de pages plus loin, revenu de ses illusions enfantines, il écrit « L’Afrique, ce continent qui fut fracture? et malmene? par l’histoire, et qui est a? l’heure ou? nous parlons soumis aux ale?as de la fortune, aux guerres fratricides, aux injustices sociales, ce continent qui doit lutter pour survivre et qui est confronte? aux ne?cessite?s presque insurmontables de conjuguer le de?veloppement et l’e?quilibre e?cologique, a besoin de la litte?rature, parce que la litte?rature est son meilleur lieu de rencontre, par la cre?ation, par l’imaginaire, par l’he?ritage culturel. Les hom
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