L’assemblée plénière des évêques s’est clôturée vendredi midi à Lourdes. Pendant une semaine, les évêques de France ont repris le travail sur plusieurs dossiers parmi lesquels celui des abus sexuels (agressions sexuelles, viols, pédocriminalité ou encore phénomènes d'emprise) dans l’Église. À ce sujet, les évêques ont annoncé ce vendredi 22 mars, la mise en place d’un nouveau dispositif, à destination des victimes adultes cette fois.
Après l’Inirr, l’Instance nationale de reconnaissance et de réparation, créée à la suite de la publication du rapport Sauvé en 2021 sur les abus sexuels dans l’Église, un nouveau dispositif devrait voir le jour prochainement. Il sera destiné aux victimes à l’âge adulte. À l’occasion de l’assemblée plénière de Lourdes, les évêques de France ont en tout cas donné le coup d’envoi pour la création d’un "dispositif ad hoc leur assurant un chemin de reconnaissance et de restauration".
"Cette assemblée nous a permis de nous redire […] notre détermination à rester toujours à l’écoute des personnes victimes, prêts à les écouter, à les accompagner", a affirmé monseigneur Eric de Moulins-Beaufort dans son discours de clôture de cette assemblée plénière de printemps.
Il paraît nécessaire que celles et ceux qui ont ou auraient à se plaindre d’un prêtre, d’un diacre ou d’un laïc en responsabilité dans l’Église soient écoutés, orientés et accompagnés
Sur recommandation du groupe de travail sur les personnes victimes de violences sexuelles à l’âge adulte dans l’Église, les évêques ont ouvert la voie à un nouveau dispositif. Car jusqu’à présent, rien ne s’adresse aux victimes majeures ; l’Inirr ne concernant que les victimes mineures au moment des faits.
"Il paraît nécessaire que celles et ceux qui ont ou auraient à se plaindre d’un prêtre, d’un diacre ou d’un laïc en responsabilité dans l’Église soient écoutés, orientés et accompagnés", a-t-il ajouté. Et le président de la Conférence des évêques de France de préciser le rôle concret qu’aura cette instance : accompagner les victimes "dans la justice de notre pays et vers la justice canonique selon les cas, ou que leur soit proposé un chemin de justice restaurative si les deux premières voies n’étaient pas possibles ou pas suffisantes".
Ces déclarations ne sont que la première pierre du travail qui va désormais s’ouvrir avec le Conseil permanent des évêques de France. Les membres de ce conseil devront chercher les personnes avec qui concevoir ce dispositif. "Il nous faut trouver des personnes compétentes qui acceptent de se rendre disponibles pour nous aider et qui acceptent de progresser elles-mêmes en compétences spécifiques", a insisté Eric de Moulins-Beaufort.
Une fois cette équipe constituée, elle aura la charge de préciser les contours du dispositif. "Nous verrons avec ces personnes comment penser et mettre en place les procédures les mieux adaptées ou ajustées pour que la lumière soit faite sur les faits, pour que la vérité rende aux personnes blessées une liberté de vivre nouvelle", a ajouté l’archevêque de Reims.
C’est une réalité différente qui pose des questions différentes : par exemple mieux définir la question du consentement, mieux définir ce qu’est une emprise
Sur la forme que ce dispositif doit prendre, le président de la CEF a déjà une petite idée. Il compte bien s’appuyer sur le modèle de l’Inirr, dont le mandat de la présidente a été renouvelé cette semaine. "C’est la même qualité qu’il faut faire", dit-il aux journalistes. Conscient que l’Inirr et cette future instance traiteront des "réalités différentes" qui nécessiteront de se poser de nouvelles questions comme celle de la définition du consentement et de l’emprise, Eric de Moulins-Beaufort reste convaincu d’une chose : "ça ne change pas la qualité nécessaire que nous devons apporter dans la réponse".
L’équipe de ce nouveau dispositif devrait être présentée aux évêques lors de la prochaine assemblée plénières de Lourdes, en novembre 2024.
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