Ukraine
Le conflit en Ukraine vient d'entrer dans sa 3e année. Un auvergnat a participé aux combats. Adrien Dugay-Leyoudec s'est engagé en 2022 dans la Légion internationale ukrainienne. Il a payé cet engagement de sa vie. Il a été tué suite à un bombardement près de Kharkiv. C'était le 2e français victime de cette guerre. Ses parents, installés au Puy-en-Velay et à Moulins témoignent d'un jeune engagé pour défendre des convictions.
"Adrien a été un combattant du début à la fin", ce sont les mots de Maud Leyoudec pour évoquer son fils près de 2 ans après sa mort sur le front ukrainien. Adrien Dugay-Leyoudec a décidé un matin de mars, le 1er mars 2022, de rejoindre les rangs de la Légion internationale pour la défense territoriale de l’Ukraine. Il a pris le train à Moulins, rejoint son frère, Charles en Allemagne avant de prendre la direction de la Pologne puis de traverser la frontière ukrainienne. Une frontière qu'il passe seul, son frère étant bloqué pour des problèmes de papiers. Près de 4 mois après, Adrien perd la vie, c'était le 25 juin.
Ses parents disent ne pas avoir été surpris par l'engagement de leur fils, "ce qui nous a surpris c'est la rapidité avec laquelle ils sont partis". Pour Maud Leyoudec, son fils a été "extrêmement courageux. Il a fait un véritable choix".
Ce voyage à travers l'Europe et cet engagement dans la Légion s'est décidé rapidement après l'appel du président ukrainien Volodymyr Zelensky. Pour Maud Leyoudec, "Adrien est parti sur une sorte de coup de tête" mais c'est une démarche qui s'inscrit dans un parcours personnel, une vision de la vie et du monde. "Il fallait que les choses aient du sens. C'était quelqu'un qui ne supportait pas l'injustice, il faisait ce qu'il disait". Selon ses parents il lui semblait illogique de rester en France, de ne pas aller aider en Ukraine.
Adrien ne supportait pas l'injustice
Il faut dire aussi qu'Adrien avait un caractère bien à lui, c'est pour cela que ses parents n'ont pas été surpris par cet engagement. Selon sa maman, "Adrien était dans une démarche d'aller au bout des choses, de rechercher le vrai quitte à s'opposer aux autres. Il avait des convictions". Et son père d'abonder "il aimait l'authenticité, il était entier".
Adrien était un passionné d'histoire. C'était un thème d'échange régulier dans la famille. Il y avait un parallèle entre la guerre en Ukraine et la 2nde guerre mondiale. "L'appel de Zelensky fait écho naturellement à l'appel de Général de Gaulle en juin 1940" pour Maud Leyoudec. "Adrien ne comprenait pas pourquoi tous les français ne s'étaient pas engagés dans la résistance. Il y avait ce ferment en lui, cette façon de voir le monde". Selon elle, si ses 2 enfants ont voulu partir "c'était aussi pour participer à l'histoire".
Adrien Dugay-Leyoudec faisait partie d'une unité de 12 personnes. Des jeunes, des pères de familles avec des profils variés et des sujets de discussion qui allaient bien au-delà du simple enjeu militaire selon David Dugay. "Parmi les gens autour de lui, on a vu un acteur Polonais, un poète, donc des gens qui sont cultivés. On parlait culture, politique donc c'était pas simplement l'engagement de têtes brûlées, c'était une autre vision du monde".
Ce sont des personnes qui ont tout quitté pour leurs idées. Je trouve qu'à l'heure actuelle c'est absolument remarquable.
Maud Leyoudec salue l'engagement de ces hommes. "Ils savaient pourquoi ils étaient là. Ce sont des personnes qui ont tout quitté pour leurs idées. Je trouve qu'à l'heure actuelle c'est absolument remarquable. Je pense qu'il y a un état d'esprit qui les relie".
Ces hommes partageaient des moments difficiles, se serraient les coudes face aux dangers que représentaient les combats. Mais Maud Leyoudec explique aussi qu'un véritable esprit de groupe s'était noué. "Il y a des moments où ils partageaient un repas, un gâteau d'anniversaire. Ce sont des moments très forts". Et à chaque fois qu'un des leurs disparait, il reste inscrit dans les mémoires selon elle.
Un an et demi après le décès de leur fils, les parents essaient de "regrouper toutes les pièces du puzzle". Ils ont des contacts avec des familles de français qui sont décédés dans la Légion. Ils ont des contacts avec des responsables. Ils tentent aussi de joindre Padre, un ami d'Adrien qui lui a rendu un hommage vidéo après sa mort. Maud Leyoudec et David Dugay contactent aussi des amis en France d'Adrien.
La blessure de la perte de leur enfant est toujours très vive. Maud Leyoudec affirme avoir aujourd'hui "autant de mal qu'il y a un an et demi. Pour nous cette absence elle est pour toujours. j'ai toujours l'impression qu'il peut revenir d'un moment à l'autre". En revanche elle dit ne pas vouloir faire d'Adrien un héros. Pour elle "c'est un jeune qui a pris ses responsabilités. Il est allé au bout de ses idées".
tout est exceptionnel car tout peut basculer n'importe quand. La vie est fragile, on ne maîtrise rien
Le décès de leur enfant a aussi modifié la manière de voir le monde. David Dugay dit vivre aujourd'hui "pleinement chaque moment". Les activités, les événements "normaux" deviennent "exceptionnels". Pour David Dugay "tout est exceptionnel car tout peut basculer n'importe quand. La vie est fragile, on ne maîtrise rien".
L'entretien complet avec Maud Leyoudec et David Dugay est à réécouter en haut de cet article.
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