Comment redonner un second souffle aux commune rurales touchées par le chômage et le départ des jeunes actifs ? Exemple avec Baccarat, près de Nancy. Malgré la renommée mondiale de sa cristallerie, qui connaît un rebond d'activité depuis la pandémie, la ville a besoin de se réinventer.
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Ville paisible traversée par la Meurthe, Baccarat est située à 50 km de Nancy, elle fait partie de ces communes rurales en proie à la désertification. Les jeunes actifs quittent leur ville alors que le taux de chômage atteint 20%. 20%, c’est aussi la part d’habitants âgés de plus de 65 ans sur les 4.000 Bachamois actuels. La ville du cristal cherche un nouveau souffle et espère se réinventer. Les défis sont nombreux pour cette cité qui bénéficie du programme "Petite ville de demain". Le potentiel aussi.
À Baccarat, le premier employeur reste la cristallerie éponyme. Elle recrute ses verriers dans des lycées professionnels un peu partout en France, mais ses ingénieurs ou employés de maintenance sont recrutés localement.
L’entreprise, toujours en quête d’excellence, bénéficie d’ailleurs d’un rebond d’activité depuis deux ans. Éric Brient, directeur des opérations de la cristallerie, nous explique : “C’étaient 500 emplois tout début 2021, on a 670 personnes aujourd’hui." Pour lui, c’est l’un des dommages collatéraux de la crise sanitaire. "Les gens fortunés, à qui l’on s’adresse, ne pouvaient plus voyager et consommer à l’extérieur, confinement oblige. Donc on a eu un déport de cette consommation pour se faire plaisir en art de vivre chez soi", nous explique-t-il.
Pour un jeune talent, faire partie de l’aventure de Baccarat, c’est aussi faire partie d’une entreprise connue et reconnue dans le monde entier. Cette reconnaissance profite à la commune, un avantage que le maire, Christian Gex, a bien compris. Il mise sur le tourisme pour rendre attractive sa commune. "Baccarat a un atout, c’est sa renommée. Amener le plus de touristes possible à Baccarat développera le commerce, l’habitat, les associations. C’est un tout", affirme-t-il.
Pour aller dans ce sens, un musée mettant à l'honneur les flacons de parfum fabriqués en Lorraine pourrait bientôt voir le jour dans la petite ville. En attendant, les visiteurs seront surpris de découvrir l’église Saint-Rémy et ses vitraux portant sur le thème de la Vie et la Lumière. C’est une des richesses de Baccarat, comme nous le démontre Sabine Tiha, responsable de la paroisse sur le territoire : "Sa particularité, c’est le cristal, car il est beaucoup plus pur que le verre. Il redonne la quasi totalité de la lumière qui le traverse. 20 000 morceaux de cristal de Baccarat, ça en fait une église unique au monde. La cristallerie a même inventé les couleurs pour faire ses vitraux."
Renforcer et dynamiser son attraction, c’est tout un programme pour une ville de 4 000 habitants. Baccarat pourra compter sur le dispositif "Petite ville de demain", qu’elle vient d’obtenir. Ce label d’État permet par exemple d’encourager les habitants à s’installer dans le centre. Pour Odile Begorre, chargée de mission "Petite ville de demain", cela amène à réfléchir aux modes de vie à venir. "Plus près des commerces, plus proche de la gare, c’est une autre manière de vivre que d’être en périphérie et d’avoir besoin en permanence de son véhicule pour faire quoique ce soit." Il est vrai qu’à Baccarat, la qualité de vie semble paisible, au plus proche de la nature.
L’attractivité du territoire, Abdel Chaari la perçoit, lui, à travers le secteur de la santé. Il est le directeur de la maison hospitalière de Baccarat. Avec 172 lits et places dont 108 lits d’Ehpad, elle accueille essentiellement des personnes âgées. Dans cette commune où 20% de la population a plus de 65 ans, la maison hospitalière est le deuxième employeur : elle compte 180 salariés. "C’est important de pouvoir assurer une prise en charge de la population avec un personnel formé et qui habite à proximité." Il compte aussi sur le développement d’activités. "Ça permet de rendre attractif le territoire et de garder les compétences qu’on a en place."
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