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Commotions cérébrales dans le sport : la fin des tabous ?

Commotions cérébrales dans le sport : la fin des tabous ?

Un article rédigé par Jean-Baptiste Labeur, Marius Segura--Gattuso - RCF, le 15 avril 2025 - Modifié le 15 avril 2025
Le dossier de la rédactionCommotion cérébrale dans le sport : la fin d'un tabou ?

L’amnésie de l’ancien rugbyman Sébastien Chabal relance le débat sur la santé des anciens sportifs victimes de commotions cérébrales. Pour mieux comprendre les mécanismes et les enjeux de ce problème, des recherches sont en cours. Dans différentes villes de France, des consultations spécialisées ont ouvert et de nouveaux traitements sont expérimentés. 

Xavier Duvot / Hans LucasXavier Duvot / Hans Lucas

Lors d’une interview pour la chaîne YouTube "Legend", Sébastien Chabal du XV de France âgé de 47 ans, évoque les défaillances de sa mémoire : "Je n'ai aucun souvenir, mais quand je ne dis aucun, ce n'est aucun souvenir d'une seule seconde d'un match de rugby que j'ai joué. Je ne me souviens pas d'une seule des 62 Marseillaises que j'ai vécues. Je ne me souviens de rien". Les confidences de l’ancien rugbyman ont provoqué un électrochoc au-delà du milieu de l’ovalie

Les effets secondaires des commotions

Après ce témoignage d’amnésie, des médecins rappellent que les conséquences des commotions cérébrales sportives sont loin d’être anodines. Elles peuvent provoquer différents symptômes indésirables."Il y a le KO, qui représente 15 % des cas. Il y a des troubles de la mémoire, mais aussi des vertiges, des pertes de connaissance avec des mouvements anormaux, des troubles visuels" détaille le Dr Jean-François Chairman neurologue spécialiste des commotions à l’hôpital Léopold-Bellan de Paris. "Ces symptômes peuvent durer de quelques minutes à plusieurs mois avec des maux de tête, des troubles de l'attention, de la concentration et de la fatigue". Aujourd’hui encore, les experts peinent à mesurer toutes les conséquences de ces chocs sur les cerveaux des sportifs. Pour mieux en comprendre les mécanismes et les enjeux, des recherches sont en cours et des consultations spécialisées ont été créées dans différentes villes de France pour les sportifs victimes de commotions cérébrales. "En ce qui concerne le rugby. La prise en charge a énormément évolué en une décennie" souligne le neurologue.

Prévenir à l'aggravation des chocs

Parmi les dispositifs de prévention, on peut évoquer le carton bleu en vigueur depuis la saison 2017-2018 dans toutes les compétitions de rugby fédérales et régionales. Les arbitres peuvent acter la sortie définitive de l’aire de jeu d’un joueur manifestant des signes évidents de commotion. Cette nouvelle disposition entraîne de facto le blocage de la licence du joueur concerné pour 10 jours pour les plus de 19 ans et 23 jours pour les moins de 19 ans. Malgré ces réformes sécuritaires, il reste une zone grise. Les anciens rugbymen qui exerçaient avant les protocoles de commotions ne bénéficient pas forcément des consultations de suivi qui existent pour les joueurs en activité. Ils ne peuvent pas constituer des dossiers aussi rigoureux pour l’après-carrière sportive.

Beaucoup de sports concernés

Le rugby n’est pas un cas isolé dans le monde du sport de haut niveau. Durant de nombreuses années, les médecins et les joueurs ont cru que les lésions cérébrales étaient réservées à des sports dits "violents" comme la boxe, le rugby ou le hockey sur glace.

Peu à peu, il y a eu une prise de conscience que ces lésions peuvent toucher un nombre de sports plus élevés. "Pour moi, il y a des sports qui sont très inquiétants sur ce plan, l’hippisme, l’équitation, le vélo, le handball, et même dans le basket, il y a des commotions" indique Dr Jean-François Chairman.  

Le cycliste danois, Jonas Vingegaard, a déclaré forfait après une lourde chute lors de la 5ᵉ étape du Paris-Nice, en mars 2025. En 2024, le footballeur Raphaël Varane était revenu longuement sur les risques à long terme liés aux commotions cérébrales dans les colonnes de L’Équipe.  Comme pour le rugby, le football a mis en œuvre des dispositions également pour protéger les joueuses et les joueurs. "Les risques de décès sont multipliés par deux si une deuxième commotion intervient dans les huit jours" explique Philippe Lafond, directeur général de l’UNFP, le syndicat des joueurs de football. "Il y a tout un protocole lors du match et également suite au match. Si la commotion a été avérée, la reprise ne peut se faire qu'avec l'aval des médecins après ces huit jours".

 

Des pistes prometteuses

Une étude sur des joueurs de football retraités est en cours au CHU de Strasbourg. Elle permettra sans doute de développer plus d’éléments sur des aspects comme les micro-traumatismes que pourrait engendrer le jeu de tête. Trois études, britanniques, françaises et suédoises, convergent pour montrer que les anciens footballeurs avaient quatre fois plus de risques de développer une maladie d’Alzheimer ou de Parkinson. 

En parallèle des protocoles contre les commotions, des traitements sont expérimentés. "On a mis en place une étude qui est très intéressante avec la photobiomodulation. C’est un casque à base de lumière, infrarouge et proche de l'infrarouge, qui permet de diminuer l'inflammation dans le cerveau. Ce traitement est très prometteur" confie le Dr Jean-François Cherman.

 

 

 

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Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
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