Emmanuel Macron a annoncé mardi 13 septembre le lancement d’une consultation citoyenne sur la fin de vie. Le débat sur la légalisation de l’euthanasie revient sur le devant de la scène et les responsables religieux mettent d’ores et déjà en garde contre une évolution du cadre législatif. Le rabbin Michaël Azoulay, chargé des questions de société auprès du grand rabbin de France et Mgr Matthieu Rougé, l’évêque de Nanterre, signent une tribune publiée lundi 19 septembre par Le Figaro.
Dans cette tribune les deux auteurs regrettent l'interprétation faite du dernier avis du Comité consultatif national d’éthique (CCNE). Cet avis, rendu le 13 septembre dernier, ouvre la voie pour la première fois à une légalisation du suicide assisté. Une évolution législative que "déplore" Mgr Matthieu Rougé. L'évêque de Nanterre souligne toutefois que l'avis du CCNE rappelle en préambule "qu'il ne serait pas éthique d'avancer sur cette voie sans avoir mis en œuvre tout ce qui doit l'être en matière de soins palliatifs". Il précise aussi que sept membres du CCNE qui "s'opposent totalement à une aide active à mourir" ont émis une réserve à cet avis. Parmi eux, Dominique Quinio, ancienne directrice du quotidien La Croix, ou l'écrivain protestante, Marion Muller-Colard.
Les membres du CCNE qui ont émis une réserve quant à une évolution législative en faveur d’une "aide active à mourir" partagent le constat fait par leurs pairs que "l’on meurt mal en France". Ils s’interrogent cependant sur les racines de ce mal et les moyens humains à développer pour y répondre.
Mgr Matthieu Rougé et le rabbin Azoulay défendent eux aussi l'accompagnement des personnes en fin de vie. "Il y a des déserts palliatifs en France auxquels il faut remédier, explique Mgr Rougé, c’est impératif cela fait partie de la loi."
"Mon rôle en tant que pasteur, ajoute-t-il, "c’est d’appeler les fidèles à une prise de conscience pour qu’ils soient plus impliqués dans leur vie relationnelle à l’égard des personnes en grande souffrance en fin de vie. Il n'y a pas que des réponses législatives au drame de la mort douloureuse. Il y a d’abord une réponse sociale, fraternelle."
Pour les deux signataires de cette tribune, derrière cette question de la fin de vie, il y a un enjeu d’humanité et de fraternité pour toute notre société. L’évêque de Nanterre, Mgr Matthieu Rougé et Michaël Azoulay, chargé des questions de société auprès du grand rabbin de France estiment qu'il est important que les responsables religieux, "dépositaires de la tradition biblique, source de sagesse pour l’humanité entière se retrouvent pour faire retentir dans les questions d’aujourd’hui l’appel divin “choisis la vie".
Pour l'évêque de Nanterre, ce serait paradoxal "d'encourager une aide active à mourir, alors qu'il y a quelques mois, au cours de la crise sanitaire nous avons collectivement cherché à sauver des vies". Mgr Rougé reconnaît que "personne ne peut faire preuve de simplisme, de dogmatisme sur la question" mais il reste convaincu "qu'il y a dans le cœur et l’intelligence humaine assez de créativité relationnelle, scientifique, spirituelle pour donner une autre réponse que la mort à la souffrance".
Les évêques de France ont eux aussi publié une tribune dans le journal Le Monde. Tribune dans laquelle ils plaident pour une "aide active à vivre". Ils appellent à développer l’offre de soins palliatifs et à ne pas traiter les questions relatives à la fin de vie "sous la pression".
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