C'est la Journée internationale des migrants, une occasion de se pencher ce matin sur la question de la migration climatique. L'année dernière, 26 millions de personnes ont été contraintes de quitter leur foyer en raison du changement climatique. Ce chiffre pourrait dépasser 215 millions d'ici à 2050. Pour mieux comprendre le phénomène de la migration climatique, voici l’analyse de Marine Denis, juriste en droit de l'environnement, docteure en droit international et spécialiste de la protection des déplacés environnementaux.
Les territoires d'outre-mer figurent parmi les régions les plus vulnérables face aux risques de submersion côtière, tout comme la façade atlantique de la métropole.
Le terme de migrant climatique désigne les déplacements forcés de populations causés par des facteurs environnementaux et climatiques, explique Marine Denis. "On peut avoir des personnes qui sont obligées de se déplacer à la suite de catastrophes soudaines, mais aussi à cause de phénomènes de moyen ou long terme, comme, par exemple, la submersion d'un territoire, l'érosion ou encore la sécheresse progressive." Il est important de comprendre que tous les continents sont concernés par le changement climatique, poursuit-elle. "Tous les États, y compris les États occidentaux, développés et industrialisés, sont aujourd'hui vulnérables face au changement climatique."
On s'aperçoit que tous les États sont vulnérables. Ce qui change, c'est leur capacité et la robustesse de leur système économique et politique à s'adapter à ces phénomènes climatiques.
La catastrophe à Mayotte, provoquée par le passage du cyclone Chido au début du mois de décembre, doit nous alerter sur notre capacité d’adaptation face à ce type de phénomène, prévient Marine Denis. Ces événements extrêmes se manifestent également en France métropolitaine et en Europe, comme le montrent la multiplication des inondations en Belgique et dans le nord de la France. "On s'aperçoit que tous les États sont vulnérables. Ce qui change, c'est leur capacité et la robustesse de leur système économique et politique à s'adapter à ces phénomènes climatiques."
Les pouvoirs publics se sont saisis de la question du changement climatique au cours des 50 dernières années, mais ces mesures arrivent souvent trop tard et ne sont pas à la hauteur de l’urgence climatique et environnementale. "Il y a un intérêt majeur à réfléchir à la façon dont on veut concevoir un territoire habitable sur le long terme. Aujourd'hui, certaines initiatives voient le jour, mais elles ne sont pas suffisamment soutenues par les pouvoirs publics," souligne Marine Denis.
Toutefois, il serait dans une posture de déni de considérer que nous sommes à l'abri de ces phénomènes.
En France, nous bénéficions d’infrastructures plus résilientes que dans d’autres parties du monde, observe la spécialiste. "Toutefois, il serait dans une posture de déni de considérer que nous sommes à l'abri de ces phénomènes." Selon Marine Denis, il reste un travail conséquent à accomplir pour construire des infrastructures plus résilientes, notamment en cessant de construire dans des zones qui ne seront plus habitables d'ici quelques années. Elle insiste également sur la nécessité de prendre en compte une dimension de justice sociale, en garantissant un fonds de solidarité pour tous les habitants de France afin d’assurer leur protection en cas de catastrophe naturelle.
La migration climatique internationale met en lumière les déséquilibres dans les rapports de force entre les États, explique Marine Denis. "S'interroger sur les phénomènes migratoires actuels, c'est aussi être capable d'identifier les pays où l'habitabilité atteindra des points de rupture." Cela soulève la question d’une coopération et d’une solidarité à l’échelle internationale.
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