Le 24 février 2022, la Russie envahit l'Ukraine, provoquant le choc dans les sociétés européennes. La proximité de la guerre a généré de nombreux élans de solidarités. Spontanément, des collectes en tous genres sont organisées pour envoyer de l’aide matérielle au peuple ukrainien sous les bombes. Mais après l’urgence, la guerre s’est installée et l’aide s’est organisée. Où en est-on en février 2024 ? Illustration avec le pont humanitaire organisé par l’association SAFE.
“On va charger le 178e camion”, se félicite Jacques Duplessy, il est chargé de mission Ukraine pour l’association SAFE. Ce qui était de la débrouille dans l’urgence en 2022 est devenu un mécanisme bien rodé : des dons d’entreprises et hôpitaux sont stockés dans des entrepôts, mis à disposition, puis chargés sur des semi-remorques en direction de l'ouest de l’Ukraine.
L’association livre à son partenaire le Comité d’aide médicale Ukraine à Oujhorod, qui répartit ensuite entre associations et hôpitaux ukrainiens. La majorité de ce qui est livré à travers ce pont humanitaire est surtout du matériel médical. Mais il peut aussi y avoir de l’aide alimentaire, des produits d’hygiène ou encore des générateurs d’électricité.
Ce matin, le camion est chargé avec les bénévoles de l’association BIP Humanitaire à Meaux (Seine-et-Marne). Des palettes des blouses, des respirateurs, des compléments alimentaires et des poches à urine sont entre autres empilés dans le semi-remorque ukrainien. Côté dons matériels, Jacques Duplessy observe : “on a un bon réseau d’entreprise donc c’est en augmentation”. Mais la tendance est moins stable au niveau financier : “les dons financiers des particuliers ont plutôt baissé, au départ, il y a eu un énorme engouement et une grande émotion. Et maintenant la guerre s’est un peu installée dans les esprits”.
Pourtant, les besoins en Ukraine sont toujours très importants. “Les déplacés plongent dans la pauvreté [...] une fois qu’ils ont épuisé leurs réserves financières, ils dépendent de l’aide humanitaire”, explique Jacques Duplessy. Selon l'ONU, il y a actuellement 3,7 millions de déplacés internes à cause de la guerre (et 6,5 millions d’ukrainiens qui ont quitté leur pays).
A cela s’ajoute le fait que “beaucoup de villages et de villes bombardés, alors les entreprises ont fermé ou ont été détruites, donc beaucoup de personnes sans emplois qui dépendent de l’aide humanitaire, souligne le responsable associatif. "Et il y a énormément de blessés de guerre et civils et les hôpitaux n’ont pas forcément les budgets pour acheter ce qu’ils devraient acheter pour prendre en charge les blessés”, ajoute-t-il.
Ces missions sont aussi financées par différentes fondations et les pouvoirs publics, mais les financements restent ponctuels et ne permettent pas d’avoir de visibilité sur l’organisation de l’aide sur le long terme.
L’association récupère des dons et finance le transport jusqu’en Ukraine. Mais le coût varie selon l’actualité. En ce moment, les tarifs sont en hausse à cause des mobilisations des agriculteurs polonais à la frontière qui rendent difficile le passage des transporteurs. “Les prix peuvent presque doubler, regrette Jacques Duplessy, ça va de 2 500 € à près de 4 000 €”.
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