Le candidat d'extrême droite à l'Élysée, Éric Zemmour a appelé samedi 8 janvier aux Sables-d'Olonne à la "défense" d'une statue de saint Michel, "symbole des traditions chrétiennes", dont la justice a ordonné le retrait d'une place publique. Pour Antoine Arjakovsky, certes, la France devait reconnaître plus fortement ses racines chrétiennes mais elle n’y parviendra qu’avec une meilleure connaissance de la théologie.
Le candidat d'extrême droite à l'Élysée, Éric Zemmour a appelé samedi 8 janvier aux Sables-d'Olonne à la "défense" d'une statue de saint Michel, "symbole des traditions chrétiennes", dont la justice a ordonné le retrait d'une place publique. Il se trouve que justement, au même moment, le Collège des Bernardins organisait avec la Pépinière citoyenne un colloque intitulé "De quoi la France est-elle le nom ?". J’ai eu le plaisir d’intervenir à ce colloque pour expliquer que, certes, la France devait reconnaître plus fortement ses racines chrétiennes mais qu’elle n’y parviendrait qu’avec une meilleure connaissance de la théologie.
J’ai expliqué en particulier qu’il existait aujourd’hui quatre grands courants historiographiques qui tous critiquent, d’une façon ou d’une autre, l’État-nation républicain : l’école des Lieux de mémoire initiée par Pierre Nora, qui a mis en avant les symboles, et donc une certaine transcendance, et a voulu se distancier d’une histoire trop orientée par la conception républicaine classique de l’État tout puissant ; l’école néo-patrimoniale de Patrick Boucheron, l’auteur de l’ouvrage collectif "Histoire mondiale de la France", a réhabilité quant à lui les mémoires par-delà une vision trop objective de l’histoire ; le courant communautaire, tourné avant tout vers le pôle de la justice, est porté en France par Michelle Zancarini-Fournel, l’auteur de "Une histoire populaire de la France de 1685 à nos jours". Il remet en question, par exemple, la figure de Colbert, l’auteur du Code noir en 1685 qui a légitimé la traite négrière ; enfin le courant moral et identitaire de l’histoire de France est porté par Jean Sévillia, l’auteur en 2013 d’une "Histoire passionnée de la France". Il insiste sur les racines chrétiennes de la nation française face à un État qui a tendance à l’oublier, mais sans toujours pouvoir distinguer ce qui appartient à l’Église et ce qui relève de l’État.
Le malheur est que ces quatre courants ne se parlent plus. C’est pourquoi les amateurs d’histoire se radicalisent de plus en plus vers l’un des quatre pôles de l’intelligence historique que ces auteurs représentent, à savoir les pôles de la transcendance, de la mémoire, de la justice et de la loi. Aussi je recommande, pour éviter que ces pôles ne se radicalisent et ne déchirent plus encore l’amitié sociale indispensable à la vie de toute nation, que les uns et les autres acceptent de placer au cœur de leur vision la notion de conscience spirituelle qui anime les nations et leurs États. Car ce n’est qu’ainsi qu’il sera possible de tenir ensemble la transcendance et l’immanence, mais aussi la loi et la justice.
Seul un dialogue apaisé, avec la participation des historiens de métier mais aussi des théologiens et de philosophes, permettra de pacifier les esprits. Les Français pourront alors être à la fois fiers de leur passé et prêts à se libérer de certaines de ses blessures.
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