La décision d'Emmanuel Macron de dissoudre l'Assemblée nationale suscite maintes réactions et invite à se prononcer politiquement lors des prochaines élections législatives. Le Conseil national de l’Église protestante unie s'est réuni afin de définir sa position. Emmanuelle Seyboldt, pasteure et présidente du conseil expose les choix politiques auxquels seront confrontés les électeurs et rapporte les conclusions de la réunion du conseil.
Après les résultats des élections européennes et l'annonce de la dissolution de l'Assemblée nationale, Emmanuelle Seyboldt, pasteure et présidente du Conseil national de l’Église protestante unie a réuni ses 20 membres pour un conseil extraordinaire, le mardi 11 juin dernier. “Issus des différentes régions de France, nous nous sommes rassemblés afin de convenir d'une position commune dans la perspective des prochaines législatives.” explique t-elle, avant d'ajouter que le conseil a décidé de se positionner en défaveur du vote pour l’extrême droite.
“Nous voyons les idées de l'extrême droite occuper de plus en plus de terrain. Nous sommes accablés par son discours qui pousse à la tentation, au sens religieux du terme." déplore Emmanuelle Seyboldt. La tentation, notamment de tenir pour responsables des différents maux de la France, les personnes “qui vivent différemment de nous", précise la pasteure. Pour elle, l'exclusion sociale ne résout rien. L’idée que le Rassemblement national cherche à répandre la peur inquiète l'Église protestante. “La peur est quelque chose de très contagieux. Multipliée par dix, elle crée véritablement un danger”, observe t-elle encore. “Moi, si on m'accuse d'être dangereuse, je risque de le devenir, alors que je ne le suis pas forcément.”
"L'Église réformée, l'Église luthérienne et aujourd'hui l'Église protestante unie sont des Églises engagées pour dire que diviser la société et se protéger entre personnes "respectables" est une solution illusoire", poursuit Emmanuelle Seyboldt. La pasteure rappelle que cet engagement s'inscrit dans l’histoire du protestantisme et fait un parallèle entre la situation des migrants qui arrivent aujourd'hui en France et la condition passée des protestants: “Les protestants, durant trois siècles, ont été rejetés de France comme de mauvais citoyens, comme des gens dangereux pour l'État et la société. Parce qu'ils entraînaient une autre manière de penser que la pensée majoritaire catholique de l'époque.”
Pour répondre aux personnes qui pourraient être choquées de cette prise de position, la présidente du conseil explique : “Il faut vraiment un travail pastoral local pour accompagner le message qui a été rédigé. Et pour dire que les personnes qui pensent différemment ne sont pour autant pas rejetées.”
Je crains qu'aujourd'hui, l'habillement respectable du Rassemblement national soit un peu le loup déguisé en mouton
“Le premier socle, c'est la dignité de chaque être humain. Ce que nous lisons dans la Bible et dans l'Évangile, c'est que Dieu donne à chaque être humain sa dignité”, avance Emmanuelle Seyboldt. Pour elle, Dieu est à l’origine de la création d’une seule et même humanité qui ne peut être divisée. "Il est impossible de dire que c'est à cause d'une partie de l'humanité que nous sommes dans le malheur : le bonheur, c'est toute l'humanité ensemble", assure-t-elle. Pour la pasteure, l’objectif est de construire une société plus juste, qui prend soin des plus petits, des plus fragiles et des plus pauvres. Une société particulièrement à l’écoute des minorités. Elle insiste également sur la nécessité de porter des valeurs écologiques lors du vote.
Dans la perspective d'un monde soumis aux aléas et aux bouleversements climatiques, c'est toute l'humanité qui doit travailler ensemble pour aller mieux.
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