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"L'adaptation au réchauffement climatique est le chantier du siècle"

Un article rédigé par Philomène Dubois - RCF, le 21 octobre 2024 - Modifié le 21 octobre 2024
Pour bien comprendrePour bien comprendre... La recrudescence des phénomènes climatiques extrêmes

Des pluies diluviennes ont frappé la France la semaine dernière. Plusieurs départements ont été placés en alerte rouge et ont subi des orages, des crues et des inondations sans précédent. La ministre de la Transition écologique, en déplacement, a qualifié ces intempéries de "situations inédites, du jamais vu de mémoire d'homme", en les liant au dérèglement climatique. Agnès Pannier-Runacher a estimé qu'il était nécessaire de se préparer à leur recrudescence. Pour décrypter les mécanismes de ces phénomènes météorologiques extrêmes, François Gemenne, spécialiste de la gouvernance du climat et contributeur au GIEC, apporte son expertise.

village inondé © Imaresz /Pixabayvillage inondé © Imaresz /Pixabay

Le cumul de précipitations depuis le début de l’année atteint un niveau record, en partie à cause du changement climatique.

Les phénomènes météorologiques extrêmes : un symptôme du changement climatique

Une partie de la France a été touchée par des inondations records le jeudi 17 octobre. Celles-ci sont déjà un effet du changement climatique, selon François Gemenne. "Il y a une augmentation à la fois de la fréquence et de l'intensité des phénomènes extrêmes." Le spécialiste explique qu’une atmosphère plus chaude d’un degré contient 7 % d’humidité en plus. En France, la température moyenne a déjà augmenté de 2 degrés, ce qui représente environ 15 % d'humidité supplémentaire dans l'atmosphère. Lorsque la pluie tombe, elle le fait en quantités beaucoup plus importantes. François Gemenne souligne que ce n’est pas l’épisode de fortes pluies qui est exceptionnel, mais plutôt la quantité de précipitations sur une année, qui n’a jamais été aussi élevée depuis 1920, l’année de la grande crue centennale de la Seine.

Il y a une augmentation à la fois de la fréquence et de l'intensité des phénomènes extrêmes.

Il va y avoir de plus en plus fréquemment, et de manière de plus en plus intense, des événements météorologiques extrêmes, alerte François Gemenne. "Il faut absolument s'y adapter, car il n’y aura pas de retour en arrière. Même dans les scénarios les plus optimistes, où nous atteignons la neutralité carbone en 2050, les températures ne baisseront pas avant la fin du siècle." Il ajoute qu'il est crucial de s'adapter pour éviter que ces précipitations ne se transforment systématiquement en inondations.

Il est urgent de s’adapter

Ce que nous vivons actuellement est la nouvelle normalité, prévient François Gemenne. "Désormais, ce sera ainsi chaque année, de plus en plus fort. Tant qu'on refusera de le reconnaître et de s'adapter, il y aura de plus en plus de morts et de personnes qui perdront leurs biens, leurs maisons, leurs voitures. Cela va coûter de plus en plus cher, tant en vies humaines qu'en impact économique." Ces phénomènes extrêmes vont s'accentuer dans les deux directions, ajoute le contributeur au GIEC : les inondations ne remplaceront pas les sécheresses, il y aura à la fois plus de sécheresses et plus d'inondations.

Nos décisions décideront si nous nous retrouverons sur une trajectoire de +2, +3, ou +4 degrés.

François Gemenne insiste sur le fait que nos comportements d’ici 2030 détermineront la trajectoire climatique d’ici 2050. "Nos décisions décideront si nous nous retrouverons sur une trajectoire de +2, +3, ou +4 degrés." Il prévient qu'il existe de nombreuses adaptations nécessaires pour se protéger des phénomènes météorologiques extrêmes : protéger les infrastructures, repenser l’aménagement du territoire, adapter l’agriculture, végétaliser les villes pour faire face aux grandes chaleurs, et adapter les habitats pour qu'ils ne soient plus des passoires thermiques. "L’adaptation est le chantier du siècle", conclut-il.

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