Gabriel Attal a entendu l’appel à l’aide des boulangers ruraux

"En décembre, je n’ai pas pris de paye. On est tous, pratiquement, à découvert." En février dernier, David Fèvre, artisan boulanger au Tallud (Deux-Sèvres), avait lancé un appel à l’aide sur les réseaux sociaux. Avec plusieurs autres professionnels, ils ont voulu faire remonter toutes leurs difficultés jusqu'au gouvernement. Notamment des soucis de rentabilité qui sont liés, selon eux, aux différentes taxes. Une fatigue physique et mentale importante et un manque de reconnaissance et de valorisation de l’artisanat français.

Un rendez-vous organisé en 48 heures

Les représentants du collectif avaient finalement pu échanger directement avec le cabinet de la ministre déléguée chargée de l’artisanat, Véronique Louwagie. Cette dernière avait d’ailleurs affirmé mi-février à l’Assemblée nationale qu’elle irait à la rencontre des boulangers ruraux. "Malheureusement, elle a décliné le rendez-vous qui devait être le vendredi 11 avril, explique David Fèvre. Une date que j'avais bien mise dans mon agenda. J'étais prêt à la recevoir en toute simplicité. Mais avec la conviction de lui montrer tout ce que l’on a reçu comme témoignages."

Après ce faux-bond, le mouvement ne baisse pas les bras. Avec l’intervention du député de la troisième circonscription des Deux-Sèvres, Jean-Marie Fiévet, la venue de Gabriel Attal s’organise. Et 48 heures plus tard, l’ancien Premier ministre – qui tâte le terrain en vue de la présidentielle de 2027 – se trouve dans la boulangerie de David Fèvre.

Dans nos boulangeries, on fait des heures à gogo et ça ne rentre plus !

Le constat est amer aussi du côté de Lucie Belkow. Elle a quitté sa boulangerie dans le Morbihan pour exprimer son épuisement : "On attendait un rendez-vous, pour ma part, pour pouvoir dire ce qu’il se passe. Dans nos boulangeries, on fait des heures à gogo et ça ne rentre plus !"

"Je ne vais pas attendre le gouvernement pour avancer"

Justement, ce samedi 12 avril, pendant 30 minutes, elle et les représentants des boulangers ruraux ont pu échanger avec Gabriel Attal, à l’écart. Le président du groupe Ensemble pour la République à l’Assemblée nationale, est ensuite sorti de cet entretien et a pris la parole : "Ce sur quoi on s'est accordé, c'est d'avoir un groupe de travail, pour ensemble se réunir et pouvoir regarder quelles mesures il faut prendre".

L’ancien Premier ministre a également rappelé qu’il ne faisait plus partie du gouvernement. Mais que, cependant, il comptait bien agir : "Je ne vais pas attendre le gouvernement pour avancer. On peut voter des lois à l'Assemblée nationale. On peut aussi interpeller le gouvernement quand c'est nécessaire sur des projets réglementaires."

Après le passage de Gabriel Attal dans sa boulangerie, David Fèvre semblait plutôt satisfait : "J'ai été cash, en lui disant que ce n'est pas une visite de courtoisie ici. Ce n'est pas l'histoire de venir manger un produit régional et de repartir. Nous, ce qu'on veut, c'est un groupe de travail. Donc, il s'est engagé".

Pour le boulanger du Tallud, cette venue n’a rien d’un déplacement avant un éventuel lancement de campagne présidentielle. Le groupe affirme être apolitique et être en contact avec d’autres personnalités du paysage comme Laurent Wauquiez, président du groupe Les Républicains à l’Assemblée nationale, Édouard Philippe, ancien Premier ministre ou encore Nicolas Dupont-Aignan, député et président du parti Debout la France. Tous déjà cités au sujet de la course à 2027.