Vladimir Poutine a reproché à l’Ukraine de réprimer les orthodoxes rattachés au Patriarcat de Moscou. Il utilise la rivalité entre l’Église orthodoxe ukrainienne rattachée au Patriarcat de Moscou et celle rattachée au Patriarcat de Constantinople.
Quelle vision Vladimir Poutine a-t-il de la religion ? Dans son allocution télévisée du lundi 21 février, où il reconnaissait l’indépendance des deux États séparatistes prorusses dans le Donbass, il a reproché à l’Ukraine de réprimer les orthodoxes rattaché au Patriarcat de Moscou.
"Poutine a une conception patrimoniale du christianisme et une conception maurrassienne du rôle de l’Église, explique Jean-François Colosimo, spécialiste de l’orthodoxie et directeur général des éditions du Cerf, l’Église pour lui est un facteur d’ordre et d’influence." Il y a comme un pacte entre l'Église orthodoxe russe et le Kremlin. "Ce pacte fait que le Patriarcat de Moscou est aussi une arme diplomatique."
L’Église orthodoxe ukrainienne rattachée au Patriarcat de Moscou représente environ 40% de ses ressources, de son clergé, de ses institutions d’enseignement et du nombre de ses fidèles, d’après Jean-François Colosimo. "Donc si l’Ukraine en venait à se séparer complètement de Moscou, il est clair que pour le Patriarcat de Moscou, ce serait une très grosse perte." Il y a "une convergence entre la politique de Vladimir Poutine et la politique ecclésiastique de Kirill Ier", note le spécialiste de l’orthodoxie.
En Ukraine, la religion majoritaire est l’orthodoxie, pratiquée par 25 millions de fidèles. Plus de la moitié d’entre eux se revendiquent du Patriarcat de Kiev. Cette Église autocéphale a été érigée en 2019 par le patriarche de Constantinople, Bartholomé Ier. Depuis le schisme provoqué par la chute de l'URSS, l’Église orthodoxe d’Ukraine est l’enjeu d’une rivalité entre le Patriarcat de Constantinople et celui de Moscou.
Si Moscou n’entend pas renoncer à sa mainmise sur Kiev, c'est que la ville est le berceau de l’orthodoxie russe. C’est en effet le lieu du baptême de toutes les Russies, là où se sont convertis les premiers orthodoxes du monde slave, au IXe siècle.
Le 23 février, le pape François a lancé un appel au jeûne et à la prière pour la paix, fixé au mercredi des Cendres, le 2 mars. L’Église catholique peut-elle jouer un rôle de médiateur entre l'Ukraine et la Russie ? "La situation est complexe, selon Jean-François Colosimo, le sentiment anticatholique est assez fort dans le patriarcat de Moscou et ça, c’est un véritable problème."
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