200 jours après le début de la guerre entre Israël et le Hamas, 133 otages seraient toujours dans la bande de Gaza. C'est l'espoir de la société israélienne, alors que l'armée de Benyamin Netanyahou frappe chaque jour la Palestine.
Sur des fronts de guerre et de génocide au Rwanda, au Cambodge ou encore en Bosnie dans les années 90, l'ancien officier Guillaume Ancel n'a pourtant "jamais vu ça". L'invité de la Matinale de RCF décrit la bande de Gaza comme un territoire invivable, après 200 jours de guerre entre Israël et le Hamas : "Les Israéliens détruisent toute capacité à vivre collectivement dans la bande de Gaza. Tout est systématiquement détruit. Il n'y a plus d'immeubles, ni de routes ni de réseau d'adduction d'eau. Il n'y a plus d'infrastructure capable d'accueillir une vie humaine." Plus précisément, l'auteur de Saint-Cyr, à l’école de la Grande Muette, estime que "deux tiers des infrastructures", tels que les hôpitaux, immeubles, mosquées et écoles, ont été bombardées.
Avec son attaque incessante sur la bande de Gaza, Benyamin Netanyahou poursuit un objectif qu'il a écrit et publié dans son livre Bibi : My story, selon Guillaume Ancel : "Son intention est de détruire toute la structure de la bande de Gaza. Les Palestiniens n'auront plus la possibilité d'y vivre et donc ils partiront tout seuls." Grâce à cette stratégie implicite, le Premier ministre s'évite l'organisation d'un exode d'une population de plus d'un million d'habitants. "Ce serait un crime contre l'humanité", rappelle Guillaume Ancel.
Leur migration du nord au sud du territoire palestinien est déjà totalement actée pour Israël, a remarqué l'ancien officier : "Des tracteurs commencent à raser le sol de Gaza ville."
Fin février, Libération estimait, grâce aux chiffres du Hamas, à 30 000 le nombre de Gazaouis tués. Un nombre que chiffre plutôt à "60 000" l'ancien gradé de l'armée française aujourd'hui. "On se rapproche du bilan d'Hiroshima", chiffré à 70 000 sur le coup de l'explosion de la bombe atomique. "Plus personne ne peut compter les morts depuis trois mois, et probablement à peu près un tiers des morts sont ensevelis sous les décombres", explique-t-il.
Depuis plus de six mois maintenant, l'armée de Benyamin Netanyahou tire quotidiennement et "vise essentiellement des cibles civiles" : "Sous prétexte qu'un membre du Hamas serait passé dans un immeuble, ils font écrouler l'immeuble avec tous les habitants à l'intérieur", indique Guillaume Ancel.
"Détruire le Hamas" et "libérer les otages" était promis par Benyamin Netanyahou après l'attaque du Hamas le 7 octobre, rappelle l'invité de la Matinale. Et finalement, aucun d'entre eux ne sont remplis aujourd'hui.
Parmi les 133 personnes retenues en otage, une quarantaine seulement seraient aujourd'hui en vie, annonçait le Hamas il y a deux semaines. Plus "un enjeu pour la société israélienne que pour Netanyahou", le sort des otages serait "un prétexte" pour continuer d'attaquer la bande de Gaza, jusqu'à Rafah, dans le sud, où sont réfugiés plus d'1 million de personnes aujourd'hui, selon Guillaume Ancel.
Comme poursuivre une armée d'ombres
Une stratégie pour détruire le Hamas ? Pas vraiment réussie puisque "le Hamas n'a jamais été aussi présent", affirme-t-il. La faute à la constitution à la manière dont s'est construit le Hamas : "Ce n'est pas du tout une armée comme le Hezbollah". "Ce sont des civils qui, à un moment, prennent une arme et à un autre, vont la laisser. Essayer de détruire une armée de miliciens, c'est comme poursuivre une armée d'ombres." Une ombre qui planera probablement sur Israël.
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