Depuis 2003, le 15 octobre est la journée nationale du deuil périnatal. L’occasion de mettre la lumière sur un sujet tabou qui touche plus de 7 000 familles chaque année en France : la perte d’un enfant avant, pendant ou après la naissance.
Difficile d’imaginer la douleur que représente la perte d’un enfant pour un couple. Pourtant, ce deuil qui, au sens strict du terme ne renvoie qu’aux pertes ayant lieu entre quatre mois et demi de grossesse et sept jours de vie, impacte la vie de 7 000 à 7 500 couples tous les ans en France, dans un mutisme qui frôle l’indifférence coupable. Au sein de l’association l’Enfant Sans Nom – Parents Endeuillés, les groupes de parole sont ouverts plus largement aux parents ayant perdu un enfant au cours d’une interruption médicale de grossesse, d’une FIV échouée ou d’une fausse couche. Mais quelle que soit la raison du décès, le tabou est toujours le même, oppressant pour les parents. Paulette Souchon Champagne, membre de l’association et écoutante de couples touchés par le drame pendant dix ans, attribue ce silence à la typicité de ce deuil qui touche « à la chair de sa chair » : « les parents qui perdent leurs parents sont veufs, les conjoints touchés par le deuil sont veufs mais des parents qui perdent leur enfant, cela n’a pas de nom ».
Pour les associatifs, cette journée nationale du deuil périnatal est donc importante dans ce qu’elle apporte aux parents. « Sur le temps long, le pire pour les parents est de taire l’enfant. Beaucoup de mamans me disaient « même ma mère ne me parle plus de mon enfant » » détaille Paulette Souchon Champagne. Un silence « dramatique » autour de ce deuil dont l’annonce peut parfois être brutale et accompagnée de remarques désobligeantes de la part des soignants : « Vous êtes jeunes, vous en aurez d’autres s’entendent parfois dire les parents ». Pourtant, des progrès sont constatés dans l’accompagnement des parents, « certains services commencent à se former dans l’accompagnement de ces parents, des professionnels savent orienter vers des psychologues et je voudrais honorer ici les équipes funéraires qui habillent et préparent l’enfant après son décès. C’est une délicatesse souvent soulignée par les parents ».
Depuis le 30 novembre 2001, une loi reconnaît l’existence d’un bébé mort entre 22 et 28 semaines de gestation. Une avancée importante pour l’association qui tenait son nom de l’absence de reconnaissance. Mais le travail à accomplir reste immense pour Paulette Souchon Champagne. « On a commencé à prendre en compte les soins corrects de l’enfant il y a trente ans donc par rapport aux bébés mort-nés, on a encore beaucoup de chemin à faire. Ne serait-ce qu’isoler les mamans dans les services de maternité pour qu’elles n’entendent pas les cris des autres bébés. Mais il y a de très beaux gestes qui sont faits de la part de soignants. »
A Lyon, une marche des Anges au départ de l’avenue Leclerc et en direction de Parc de Gerland est organisée dans l’après-midi du 15 octobre 2024.
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