La lutte contre l'antisémitisme, un combat pour la fraternité universelle

Depuis un an, les chiffres indiquent une hausse spectaculaire des actes antisémites. Au premier semestre 2024, près de 900 faits antisémites ont été recensés. C'est une augmentation de 192 % par rapport au premier semestre 2023.

La multiplication des actes antisémites

L'attaque du 7 octobre et les événements dramatiques qui ont suivi ont des répercussions jusque sur le sol européen, selon le Père Christophe Le Sourt. Ces conséquences se manifestent par l'instrumentalisation politique du conflit. "Nous avons encore vu des images saisissantes de ce qui s'est passé dans certaines universités en France. Il est légitime de réclamer un cessez-le-feu et la libération des otages. Mais il est crucial de ne pas tomber dans le piège de l'instrumentalisation politique", souligne le directeur du Service national des relations avec le judaïsme.

Il est légitime de réclamer un cessez-le-feu et la libération des otages. Mais il est crucial de ne pas tomber dans le piège de l'instrumentalisation politique.

Bien que les Juifs représentent moins de 1 % de la population française, les agressions antisémites constituent 57 % des agressions racistes et antireligieuses en France. Haïm Korsia, grand rabbin de France, a déclaré après l'attentat contre la synagogue de La Grande-Motte, le 24 août, que "l'antisémitisme d'ambiance est devenu un antisémitisme de faits". Pour le Père Christophe Le Sourt, ces chiffres reflètent un acharnement contre la communauté juive en France. "L'antisémitisme est polymorphe, c'est un virus mutant. Il prend trois formes : premièrement, les reliquats de l'antijudaïsme chrétien, qui nourrit une détestation pour de pseudo raisons théologiques et spirituelles ; deuxièmement, des raisons raciales, où l'on déteste l'humanité de l'autre ; et enfin, l'islamisme politique radical, qui souhaite la disparition totale d'Israël", analyse le Père Christophe Le Sourt.

Une lutte universelle contre l'antisémitisme

Le 1er février 2021, les évêques de France ont remis au grand rabbin Haïm Korsia une déclaration dans laquelle ils exhortent les catholiques et tous leurs concitoyens à "lutter ensemble contre l'antisémitisme et l'antijudaïsme, qui sera la pierre de touche de toute fraternité réelle." Pour le Père Christophe Le Sourt, cette lutte est le signe d'une fraternité universelle authentique.

Jean-Paul II soulignait qu'il est nécessaire de rencontrer le judaïsme vivant d'aujourd'hui, car les dons et l'appel de Dieu sont irrévocables.

L'année prochaine marquera le soixantième anniversaire de la déclaration Nostra Aetate, qui définit les relations de l'Église catholique avec les autres religions. Le chapitre quatre rappelle le lien spirituel qui unit le catholicisme au judaïsme. "Jean-Paul II soulignait qu'il est nécessaire de rencontrer le judaïsme vivant d'aujourd'hui, car les dons et l'appel de Dieu sont irrévocables", rappelle le Père Christophe Le Sourt. Il conclut : "L'antisémitisme agit comme un sismographe, il alerte sur des séismes potentiels. La montée vertigineuse de l'antisémitisme dans nos sociétés doit être perçue comme un signal alarmant."