Donald Trump s’entretient aujourd'hui avec Vladimir Poutine. L'objectif du président américain est de convaincre son homologue russe de signer une trêve de 30 jours avec l’Ukraine. De leur côté, les ministres européens des Affaires étrangères étaient réunis hier à Bruxelles. Sont-ils prêts à prendre les armes ? Guillaume Ancel, ancien officier et chroniqueur de guerre, auteur de Petites leçons sur la guerre, comment défendre la paix sans avoir peur de se battre aux Éditions Autrement, analyse la situation géopolitique au micro de Pierre-Hugues Dubois.
Mardi 18 mars, entretien historique entre Donald Trump et Vladimir Poutine. Peut-on s'attendre à un accord de paix très prochainement ? "Oui, probablement, répond Guillaume Ancel ancien officier et chroniqueur de guerre. Parce qu'en réalité, c'est une pièce de théâtre qui a été co-écrite par Trump et Poutine et dont on pense qu'elle a déjà plusieurs semaines, voire plusieurs mois."
Depuis le retour de Donald Trump à la Maison blanche, il n'a cessé de se placer sur tous les fronts, que ce soit l'Ukraine ou Gaza. "Il ne respecte aucune règle, aucun process. Il estime qu'il doit dealer tel un mafieux avec le chef mafieux en face. Une fois qu'ils se sont mis d'accord sur les grandes lignes, personne n'a le droit de revenir dessus", souligne Guillaume Ancel. Il cherche à s'imposer comme négociateur de paix.
Donald Trump estime qu'il doit dealer tel un mafieux
avec le chef mafieux en face
En effet, on se souvient du 12 février dernier lorsqu'il a lancé des négociations immédiates sur l'Ukraine. "Il faut comprendre que celles-ci sont terminées. Elles ont eu lieu à partir de son élection et on pense qu'en novembre ou en tout cas début décembre, Donald Trump avait déjà trouvé un accord-cadre" , explique Guillaume Ancel.
Ces négociations mettent fortement en difficulté les Ukrainiens, qui se sont vu imposer ces dernières. Mais aussi les européens puisque ces accords représentent une forme de trahison. En effet, c'est un accord de paix sans les européens et sans l'Ukraine.
Lundi 17 mars, les chefs de la diplomatie européenne se sont réunis à Bruxelles. "Parce qu'effectivement, ils en ont été totalement exclus", rappelle le chroniqueur de guerre. Ils ont notamment évoqué une stratégie pour revenir dans les négociations autour des questions de paix en Ukraine.
Ils travaillent depuis début décembre sur une force militaire qui serait envoyée en Ukraine afin de sécuriser cet accord. "Vladimir Poutine s'est fait octroyer par Donald Trump 20 % du territoire ukrainien", relate l'ancien officier.
Guillaume Ancel explique que le système de renseignement est extrêmement complexe. Il relie une multitude de satellites, de systèmes d'interception, de communications au sol, en l'air et sur les mers, dans les stations d'analyse.
"Depuis trois ans, vous aurez noté que les Ukrainiens n'ont jamais été surpris par les Russes, alors qu'ils sont en infériorité numérique totale", rappelle le spécialiste de la question. "Notamment, grâce au courage des Ukrainiens, mais aussi grâce au renseignement américain", explique-t-il.
Depuis trois ans, vous aurez noté que les Ukrainiens
n'ont jamais été surpris par les Russes
Le renseignement européen n'est aujourd'hui pas en mesure de "remplacer celui fourni par les américains" car l'armée européenne est dispersée. Elle n'a pas un problème de budget, mais bien de politique. En effet, "elle n'a pas un chef des armées, elle en a 30 qui ne sont pas tous d'accord entre eux".
Cela contribue à affaiblir l'armée européenne. Ainsi, "sur le papier, les budgets de défense, rien que de l'Union européenne, sont déjà trois fois supérieurs à celui de la Russie", relate Guillaume Ancel. Numériquement, "si l'Europe s'unissait politiquement avec un seul chef des armées, elle serait déjà la deuxième armée du monde derrière les Etats-Unis."
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