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Le film de la semaine : L’Histoire de Souleymane

Un article rédigé par Valérie de Marnhac - RCF, le 9 octobre 2024 - Modifié le 9 octobre 2024
La Chronique cinémaLe film de la semaine : L’Histoire de Souleymane

Sur l’affiche du film, il est écrit qu’il avait « bouleversé le Festival de Cannes ». En quoi L’Histoire de Souleymane, de Boris Lojkine, a-t-il tant marqué les festivaliers ? 

Affiche du film "L’Histoire de Souleymane" / ©DRAffiche du film "L’Histoire de Souleymane" / ©DR

Le bouche à oreille cannois a été incroyable. J’ai présenté le film lundi dernier à Versailles lors d’une avant-première et tous les spectateurs sont très remués par cette histoire intense et poignante. C’est une fiction, l’histoire d’un livreur à vélo guinéen sans papiers, qu’on va suivre pendant les 48h qui précédent son entretien de demande d’asile à l’OFPRA. Et le réalisateur a choisi de le filmer sous la forme d’un thriller.


C’est une véritable course contre la montre, une plongée en apnée dans un Paris hostile et grouillant, 48h d’une tension extrême où chaque rencontre devient un obstacle, ou parfois, miracle !, un moment de fraternité. Ils sont rares sur sa route et offrent des pauses d’autant plus réconfortantes : un vieux monsieur qui lui demande son prénom et d’où il vient, une serveuse qui lui propose un bonbon et même quel parfum il veut, son voisin et ami de dortoir qui le rassure et le conseille.

Ce film est-il politique ou social ? 

On pense évidemment à Ken Loach qui a beaucoup traité ces différents sujets sauf qu’il n’y a ici aucune intention de délivrer de message. Chacun pourra se faire sa propre opinion sur l’issue à donner à cette demande d’asile. Boris Lojkine vient du documentaire et il cherche à nous montrer une réalité d’aujourd’hui: l’anonymat de la ville, le cynisme de ceux qui cherchent à profiter du système. Le film n’est jamais manichéen. C’est un film profondément humaniste, qui nous invite à changer de regard sur notre prochain, et sur un homme qui garde jusqu’au bout sa dignité.

Un cinéma "embarqué

Le film a été tourné « caméra à l’épaule », avec une équipe technique très réduite. L'essentiel des scènes a été tourné sans aucune reconstitution ni figurants. Le cameraman et le preneur de son le suivaient à vélo, au cœur du vrai trafic parisien. La bande son est constituée uniquement des bruits de la ville. Il n’y a aucune musique, ni même sur le générique final. Ce qui le rend encore plus impactant. 

Quasiment tous les acteurs sont des non-professionnels, dont Abou Sangare qui joue le rôle de Souleymane. Il est exceptionnel et sidérant de justesse et d’émotion, notamment dans la dernière scène de l’entretien qui dure 20’, et dans laquelle il a mis beaucoup de son histoire personnelle. Il a reçu un prix d’interprétation masculine à Cannes pour ce rôle. Et je donne une mention à l’actrice Nina Meurisse qui joue l’officier de protection et qui est juste parfaite !

Un autre film à voir cette semaine

C’est Niki de Céline Salette, sur l’artiste peintre Niki de Saint Phalle. On l’a évoqué dans l’émission Effervescence du week-end dernier, mais il sort aujourd’hui en salles. C’est un film lumineux, un formidable chemin de résilience d’une jeune femme, victime, enfant, de viol de la part de son père et qui trouve dans l’art et la sculpture un mode d’expression qui l’a sauvée.

Vous pourrez entendre la réalisatrice interviewée par Stéphanie Gallet dans le prochain épisode d’Effervescence, ce vendredi à 20h.
 

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