Belgique
Le pape François a confirmé son souhait d'effectuer un voyage en Asie et en Océanie du 2 au 13 septembre 2024. Au cours de ce déplacement le souverain pontife a prévu de se rendre en Indonésie, en Papouasie-Nouvelle-Guinée, au Timor oriental et à Singapour. Pourquoi ce déplacement alors que l'on dit sa santé fragile ? Réponses Thomas Oswald, journaliste à l'Aide à l'Église en détresse (AED).
Le pape François effectuera une grande tournée en Asie et en Océanie du 2 au 13 septembre 2024. Il s'agit de son 45e voyage hors d'Italie depuis 2013 et de son premier déplacement en Océanie. Son voyage en Indonésie était déjà dans son agenda en 2020, mais il avait dû l'annuler en raison de l'épidémie de Covid. Au cours de cette tournée de onze jours aux "périphéries", il sera question de dialogue interreligieux, de réconciliation et d'écologie. Un déplacement qui sera sans doute éprouvant pour le pape François à la santé fragile.
Lors de sa tournée en Asie et Océanie, le pape a prévu de faire escale en Indonésie, en Papouasie-Nouvelle-Guinée, au Timor-Oriental et à Singapour. Des destinations et réalités chrétiennes très différentes. Prenons l'Indonésie. Cet archipel de près de 280 millions d'habitants abrite la plus grande population musulmane au monde. Les chrétiens sont minoritaires, 10,7% de la population, dont un peu plus de 3% de catholiques.
Une minorité dont les libertés sont aujourd'hui menacées. “Traditionnellement, l'Indonésie était un pays avec un islam très ouvert aux autres religions parce que ça faisait partie de l'histoire du pays”, explique Thomas Oswald, journaliste à l'aide à l'église en détresse. “Ces choses-là sont en train de changer” ajoute-t-il, “L'ancien président Jokowi a été remplacé par le président Prabowo Subianto. Ce dernier a une filiation très claire avec l'ancien dictateur Suharto. Il l'assume complètement, et il dirige le pays vers un modèle beaucoup plus autoritaire, beaucoup moins démocratique que ce qu'il a pu être par le passé et ce changement risque de se faire aux dépens des chrétiens."
Thomas Oswald observe que "l'application de lois anciennes comme la loi anti-blasphème qui n'était jamais appliquée, s’applique à présent". Le journaliste de l’Aide à l’Église en détresse précise que les réalités sont très diverses en Indonésie. “Lorsque l’on est à Florès dans une île très majoritairement catholique, la réalité n'est pas du tout la même que lorsque l’on est à Jakarta, à Java, où des groupes extrémistes musulmans imposent le port du voile à tout le monde et mettent une pression constante sur les chrétiens.”
Thomas Oswald évoque une autre région d'Indonésie encore plus particulière, la Papouasie occidentale, sous contrôle indonésien. "Les chrétiens sont complètement dépossédés de leur terre. Les chrétiens là-bas ce sont les papous, qui sont exactement les mêmes que ceux de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, où le pape va aussi se rendre. Mais ces chrétiens-là sont en train de devenir minoritaires sur leur propre terre et voient tous leurs droits être bafoués les uns après les autres par le gouvernement indonésien."
Rappelons que cette île est coupée politiquement en deux. La partie occidentale appartenant à l'Indonésie et la partie orientale, indépendante depuis 46 ans. La Papouasie, Nouvelle-Guinée est une île composée à 90% de chrétiens, 64% de la population est protestante et 26% disent appartenir à l'église catholique romaine. Une église jeune, elle est le fruit des missions catholiques et protestantes qui se sont établies il y a plus de 130 ans.
"Toute cette Nouvelle-Guinée est peuplée par les Mélanésiens, qui s'appellent eux-mêmes les Papous”, explique Thomas Oswald. “Ils sont devenus chrétiens en assez peu de temps. L'évangélisation a entre 100 et 150 ans, suivant les régions de cette grande île. Le christianisme s'est imposé partout, avec une acculturation qui est passionnante. "
Les Papous se disent authentiquement chrétiens, aiment leur religion, ils font des processions magnifiques, avec le costume traditionnel papou et la Bible brandie bien haut. C'est la beauté de cette nouvelle religion en Nouvelle-Guinée qui va être célébrée par le voyage du pape.
Le pape François a prévu de se rendre au Timor oriental où 98% du million et demi d'habitants sont catholiques. La visite du pape se fera sous le signe de la réconciliation, 25 ans après "le génocide" perpétré par l'armée indonésienne et ses milices. "Le Timor oriental, explique Thomas Oswald, a failli connaître le sort de la Papouasie occidentale, c'est-à-dire être annexé par l'Indonésie." Le journaliste rappelle que "ce pays a vécu sous la domination de l'armée indonésienne et a subi des horreurs sans nom. L’actuel président Prabowo, a d’ailleurs participé au carnage qui a eu lieu au Timor oriental."
Mais ce pays est devenu encore plus chrétien qu'il ne l'était auparavant, par réaction au gouvernement indonésien, qui s'est comporté de la pire des façons possibles.
Le Timor oriental a obtenu son indépendance grâce au changement du gouvernement indonésien, et grâce aussi à la pression internationale qui a joué à plein pour que les Timoriens puissent s'autodéterminer. En revanche, on attend toujours qu'une chose semblable arrive aux Papous de Papouasie occidentale.
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