Au lendemain du second scrutin des législatives, quel regard chrétien porter sur les résultats ? Monseigneur Matthieu Rougé, invité de la matinale par Pierre-Hugues Dubois, partage sa perspective pastorale sur les résultats et souligne la responsabilité des chrétiens dans la quête de la "véritable fraternité" face à une société de plus en plus fracturée.
Ce dimanche 8 juillet, aucun parti politique n'a obtenu la majorité absolue à l'Assemblée nationale. Le paysage politique français est désormais divisé en trois blocs : Le Nouveau Front populaire, le centre, et le Rassemblement national, reflétant une France plus fragmentée que jamais, même au sein des églises.
Lors d'une matinale "spéciale législatives" ce lundi, Pierre-Hugues Dubois a interrogé Monseigneur Matthieu Rougé, évêque de Nanterre et ancien aumônier des parlementaires.
Avec 42% des voix des catholiques pour le Rassemblement national, les élections européennes ont révélé une percée sans précédent de l'extrême droite parmi les catholiques pratiquants. Selon Mgr Matthieu Rougé, "du point de vue des hommes et des femmes de foi, c'est le travail de pensée politique qui est le plus urgent. On a vu s'affronter des visions très différentes, mais aussi parfois des programmes improvisés. Et les questions profondes, les questions anthropologiques, les questions du sens de la personne humaine et du bien commun pour une société, n'ont pas été suffisamment profondément abordées."
Pour l'évêque de Nanterre, il est indispensable que les chrétiens travaillent ensemble au projet de bien commun. Alors qu'un important travail de réconciliation sociale est nécessaire, sur quelles questions les chrétiens devront-ils se concentrer ?
"Il ne faut pas qu'ils se désengagent de la politique. Je pense que quand ils s'engagent en politique, il est important qu'ils se forment vraiment, qu'ils réfléchissent aux conséquences anthropologiques de leur appartenance chrétienne pour pouvoir proposer le chemin de la véritable fraternité. Il ne s'agit pas pour les chrétiens de défendre des valeurs qui leur seraient propres, mais de "contribuer à ce que la dignité humaine soit première dans l'organisation politique", rapporte-t-il.
Dans son discours de victoire hier soir, François Hollande a évoqué la fin de vie. Avec l'arrivée d'une majorité relative du Nouveau Front populaire, craignez-vous que ce soit le retour du projet de loi sur la fin de vie à l'Assemblée ?
"Le rapport à la dignité humaine est toujours une question très importante dans le champ politique. Je pense que la majorité relative qui se dégagera n'a malheureusement pas beaucoup de chance d'être sur ce sujet, plus sensible à nos arguments que la précédente. Mais on va continuer à dire les choses."
"De toute façon, je pense que cela va prendre un certain temps, parce que comme rien n'avait été définitivement voté avant la dissolution, on doit redémarrer à zéro. Il y a un nouveau travail d'audition, de commission. Nous serons évidemment très vigilants sur ce sujet, comme tous les sujets qui concernent la dignité de la personne humaine, le bien commun et la fraternité", explique Mgr Matthieu Rougé.
Le camp présidentiel est désormais en quête d'alliés dans les semaines à venir pour former une majorité. Comment les chrétiens peuvent-ils observer ce monde politique ? Existe-t-il des critères éthiques et moraux pour juger les alliances qui vont avoir lieu ?
"Il y a beaucoup de sujets qui doivent être pris en compte. Le respect de tous, le désir d'avoir un langage politique responsable et pacifique. Une des valeurs cardinales du point de vue des chrétiens, plus largement dans la société, c'est de contribuer à sa paix, son unité et sa sérénité. La société en général vit la chose politique de manière trop électrique. Je pense que la capacité de responsabilité, d'unité et de dialogue respectueux, d'accueil des opinions, tout cela va être très important pour qu'il y ait un gouvernement digne de ce nom." conclue l'évêque de Nanterre.
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