L'élection présidentielle américaine est attendue avec anxiété à Bruxelles, aussi bien à l'Union Européenne qu'à l'OTAN. La possible élection de Donald Trump inquiète les Européens qui insistent sur la nécessité de se préparer à des changements profonds dans leur relation avec l'Amérique. Dans son ouvrage "D'où nous venons", Géraldine Schwarz, journaliste franco-allemande vivant à Berlin, se questionne sur la réticence des peuples européens à adhérer à un projet commun face au géant des Etats-Unis et de la Chine.
La mémoire des totalitarismes, des guerres et de la Shoah suffisent-ils encore à fédérer les pays européens ? Non, répond Géraldine Schwarz. Dans son dernier livre, "Les amnésiques", elle s'interroge sur le travail de mémoire en Europe. Au micro de Louis Daufresne, la journaliste souligne l'importance d'une telle réflexion pour prévenir d'éventuelles divisions entre membres de l'Union européenne.
"Nous sommes entrés dans une ère de post-antifascisme, c'est-à-dire que l'antifascisme qui consolidait nos sociétés, qui sont même à l'origine de l'émergence de nos sociétés européennes après la Seconde Guerre mondiale, ne fait plus consensus", détaille Géraldine Schwarz. Pour elle, la fragmentation des peuples européens témoigne de leur hostilité à adhérer à un projet commun. C'était pourtant le cas après la Seconde Guerre mondiale.
L'ignorance de ce passé laisse le champ libre à toute sorte de détournements et de révisionnismes historiques au service d'idéologies sectaires et nationalistes.
Pour la journaliste franco-allemande, ignorer l'Histoire peut conduire à la montée du nationalisme. On peut alors penser à cette célèbre citation de George Santayana : "Celui qui ne connaît pas l'Histoire est condamné à la revivre", maxime rendue célèbre par Winston Churchill. "Il s'agit de faits. Des ruptures mémorielles divisent les Européens entre ceux qui glorifient l'héritage européen et ceux qui le diabolisent. Je pense que nous avons besoin de faits et d'apaisement et de nuances aussi", souligne Géraldine Schwarz. Pour elle, il est nécessaire d'apaiser le débat, et cela, grâce à une meilleure connaissance de l'héritage européen.
"Si on s'attaque à la mémoire, on s'attaque à la démocratie. Et c'est ce que ces partis politiques visent.", pointe Géraldine Schwarz, évoquant les nationalismes qui visent le pouvoir partout en Europe. La perte de mémoire met en péril l'idéal démocratique.
Je pense que tous les partis populistes se mobilisent de manière assez dynamique contre le travail de mémoire. Ce qui montre que ce travail de mémoire est encore efficace.
Ainsi, l'AfD (Friedrich-Ebert-Stiftung) parti populiste, mène une politique mémorielle, et minimisant les crimes commis par les SS.
Pour l'auteure, l'Europe doit éclaircir son identité afin de ressouder les nations. Géraldine Schwarz préconise pour cela le triptyque : "christianisme, capitalisme et liberté. C'est ce qui a nourri les Européens. J'ai essayé de trouver trois mots-clés qui soient spécifiquement européens.
Le christianisme n'est certes pas né en Europe, mais dans son évolution est une religion à proprement parler européenne.
Pour l'auteure, l'histoire du continent européen est imbibé de la cuture judéo-chrétienne, le capitalisme est né en Europe. Enfin, "Quant à la liberté, elle n'est pas spécifiquement européenne, mais la démocratie l'est et la démocratie joue évidemment un rôle très important dans le chapitre consacré aux libertés.".
"Il ne faut pas oublier que l'Union européenne est une grande puissance économique. D'ailleurs, son PIB par habitant est trois fois supérieur à celui des Chinois. De par sa puissance économique et son pouvoir d'achat, elle a une influence dans le monde.". Pour Géraldine Schwarz, l'Europe reste une des premières puissances économiques mondiales.
Sans recourir à des moyens coercitifs, l'Union européenne influence les normes internationales en termes de sécurité, d'environnement et même en termes de protection, par exemple, du travail des enfants. Avec ce soft power, elle arrive à influencer des normes dans le monde entier.
L'influence de l'Union européenne en termes de Soft Power a donc des conséquences positives sur différents éléments indispensables par exemple en ce qui concerne la sécurité.
"Des tensions s'articulent autour de l'opposition entre liberté collective et liberté individuelle, autour aussi de la confusion entre liberté et individualisme." L'auteure évoque une confusion entre la liberté collective et individuelle. Pour Géraldine Schwarz, il ne peut y avoir nation sans liberté collective. La démocratie ne peut exister si ses membres ne sont pas capables de pensée une liberté collective. "C'est que sans liberté collective, sans la liberté d'une nation, il n'y a pas de liberté individuelle. Une démocratie exige que le citoyen soit capable de penser collectif."
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