Paris 2024 : l'évolution des cérémonies d'ouverture des JO, avec l'historien Sylvain Bouchet

Un article rédigé par Manon Muller - RCF, le 25 juillet 2024 - Modifié le 27 juillet 2024

Ce vendredi soir, la Seine se transforme en scène spectaculaire pour la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques. Une centaine d'embarcations et près de 7 000 athlètes défileront devant les monuments emblématiques de Paris. Cet événement planétaire est attendu par plus d'un milliard de téléspectateurs. Pour en savoir plus sur l'évolution des cérémonies d'ouverture, Jean-Baptiste Labeur a interrogé Sylvain Bouchet, historien des JO. 

©Laure Boyer/HansLucas.©Laure Boyer/HansLucas.

Y a-t-il toujours eu des cérémonies d'ouverture ? 

Initiée par Pierre de Coubertin, le rénovateur des Jeux olympiques, les cérémonies d'ouverture des Jeux sont une tradition ancrée depuis 1896. Dès les premiers JO de l'ère moderne à Athènes cette même année, Coubertin a souhaité inclure une cérémonie d'ouverture et de clôture pour marquer le début et la fin de cet événement exceptionnel.

Cette initiative visait à distinguer les Jeux olympiques des autres compétitions sportives émergentes à l'époque. "Comment se distinguer par le prestige par rapport aux autres évènements sportifs ? Il y a eu l'idée de créer une cérémonie d'ouverture avec un rituel en invitant les chefs d'État", explique Sylvain Bouchet, historien, spécialiste des Jeux olympiques et enseignant en dramaturgie à l’ENSAT.

"Au-delà de cette exception, c'est aussi montrer qu'on entrait dans une temporalité exceptionnelle.  C'est  un événement rare, unique, puisque les Jeux olympiques, c'est tous les quatre ans. Alors il faut créer un spectacle, une mise en scène", observe-t-il. 

Comment ces cérémonies ont-elles évolué depuis le XIXe siècle ?

À leurs débuts, les cérémonies d'ouverture étaient avant tout protocolaires et militaires et incarnaient la rigueur de leur époque. Au fil du temps, elles ont évolué pour incorporer des éléments artistiques et culturels. Les premières tentatives d'intégration artistique étaient souvent réduites à des représentations folkloriques.

Sylvain Bouchet analyse qu'avec l'essor des médias de masse, en particulier la télévision, ces cérémonies ont progressivement adopté des spectacles de plus en plus élaborés.

"Le tournant, ce sera dans les années 80. Je pense évidemment à Los Angeles en 1984, la Californie avait l'habitude de monter des spectacles grâce à Hollywood", précise-t-il.

Un véritable tournant avec les JO d'hiver d'Albertville en 1992 

Pour les Jeux d'hiver d'Albertville en 1992, la cérémonie d'ouverture a marqué un tournant majeur avec une conception entièrement nouvelle : Philippe Decouflé, le chorégraphe, et son costumier Philippe Guillotel, ont orchestré cette cérémonie en intégrant une réflexion esthétique complète pour la première fois.

La cérémonie s'était déroulée de nuit dans un théâtre métallique provisoire en forme d'arc, en utilisant des effets lumineux et des projections pour créer des illusions, comme sur une scène de théâtre.

"Dans toute l'histoire des cérémonies françaises, il y a toujours une volonté d'innover, de sortir d'un lieu  traditionnel lié à une infrastructure sportive", observe l'historien.

L'innovation de Paris 2024  

Pour Paris 2024, la cérémonie d'ouverture des jeux d'été se tiendra pour la première fois en dehors d'un stade, entièrement sur la Seine. Ce n'est pas totalement inédit, car Séoul en 1988 avait déjà inauguré ses Jeux avec un prélude sur un fleuve.

"Il y avait quand même 500 bateaux 2000 figurants à Séoul donc c'est même plus en termes de volume que pour Paris 2024. Sauf qu'une partie du spectacle arrivait ensuite dans un stade. À Paris, tout se déroule exclusivement sur le fleuve", précise Sylvain Bouchet. 

La cérémonie, conçue pour la télévision, utilisera les monuments parisiens comme décors naturels, avec 12 tableaux successifs illustrant des moments clés de l'Histoire de France et de Paris. "C'est une sorte de livre d'histoire, d'urbanisme, d'architecture qui va en quelque sorte structurer le rythme de la cérémonie de ce soir", poursuit-il. 

Qui sera le dernier relayeur de la flamme olympique ? 

Le mémorable allumage de la vasque olympique à Atlanta en 1996 par Mohamed Ali, alors atteint de la maladie de Parkinson, est gravé dans l'histoire des Jeux olympiques. 

28 ans plus tard, qui pour reprendre le flambeau ? Parmi les candidats pressentis, l'athlète Marie-Josée Pérec se distingue par ses exploits sportifs et son histoire personnelle " Ce serait une sorte de revanche vis-à-vis de son éternelle rivale, Cathy Freeman. Elle avait allumé les Jeux de Sydney en 2000", note l'historien. 

D'autres noms circulent, comme celui du célèbre footballeur Zinedine Zidane. Mais pour le moment, l'identité du dernier porteur de la flamme reste un secret très attendu. 

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