Le Rassemblement national a opéré une volte-face stratégique en votant le projet de loi immigration issue de la commission mixte paritaire. Une pirouette tactique qui permet à Marine Le Pen de revendiquer une “victoire idéologique”. L’exécutif tente maintenant d’imposer un autre récit.
Le Rassemblement national a vite appris la dynamique parlementaire. Après avoir toujours indiqué qu’elle voterait contre le projet de loi immigration, la formation politique d'extrême droite a finalement soutenu le texte. Marine Le Pen revendique maintenant une “victoire idéologique” , jugeant que le gouvernement a inscrit dans son projet de loi une forme de “préférence nationale”.
Le RN donne à voir une forme de consensus sur un durcissement du droit du sol.
En cause, le texte voté fin décembre conditionne, pour les étrangers non-européens en situation régulière, les prestations sociales à cinq ans de résidence sur le territoire français. Dans la même veine, une autre mesure prévoit que l’obtention de la nationalité française au nom du droit du sol ne soit plus automatique à la majorité. Les jeunes nés de deux parents étrangers devront engager des démarches auprès de la préfecture pour demander la nationalité à 18 ans Une fragilisation du principe du droit du sol qui reste bien en deçà du programme du RN, mais qui permet encore une fois à Marine Le Pen de crier à la “victoire idéologique”.
“C’est un très beau coup de politique parlementaire de la part du RN même si Marine Le Pen exagère en parlant de victoire idéologique”, analyse Romain Pasquier, directeur de recherche au CNRS et professeur à Science Po Rennes.
En votant ce texte, aux côtés des députés de la majorité “Le RN donne à voir une forme de consensus sur un durcissement du droit du sol”, ajoute-t-il.
“En appelant à voter massivement pour le texte, Marine Le Pen a tendu un piège à Emmanuel Macron pour semer la zizanie dans sa majorité”, confirme Olivier Costa, chercheur au SciencePo Cevipof. “Depuis sept ans le Rassemblement national engrenage les bénéfices politiques des crises successives sans jamais se mêler de rien”, analyse t-il en référence au gilet jaune ou au Covid.
Mais “cette fois Marine Le Pen va encore plus loin puisqu’elle peut revendiquer une victoire politique”. D’ailleurs, “on ne peut lui donner totalement tort, car le texte contient des dispositions qui sont très marquées à droite”, conclut le chercheur.
De son côté, lors de son interview sur France 5, Emmanuel Macron réfute toute notion de “préférence nationale” et toute “rupture de régime” dans le texte de loi. D’autre part, il dénonce “une manœuvre grossière” du Rassemblement national. Dans son argumentaire, l’exécutif dénonce l’hypocrisie et l’opportunisme du parti d’extrême droite qui a également voté dans le texte une mesure de régularisation de sans-papier pour les métiers en tension. Mesure à laquelle le RN s’était pourtant dit opposé.
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