Le lendemain du discours de politique général prononcé par François Bayrou le 14 janvier, les réactions sont mitigées. Michele Guénaire, avocat d'affaires et essayiste, revient sur la déclaration d'une heure et demie, abordant les points sensibles.
François Bayrou a prononcé son discours de politique générale devant le Palais Bourbon. Michel Guénaire, avocat et essayiste, ainsi qu’ancien homme politique revient sur la déclaration de l’actuel premier ministre. La déclaration s’adressait à tous les partis politiques, avec des perches tendues à gauche et à droite.
Pour Michel Guénaire, si le financement des retraites a été évoqué, il n’entre pourtant plus dans la liste de priorités des Français. “Tout le monde sait que l’on devrait travailler plus longtemps, et le sujet sur le fond ne fait plus débat. S'il y avait à faire une révision à faire, je pense que ce serait plutôt sur le périmètre des travaux difficiles ou pénibles.”
Il évoque le retard économique que la France a développé par rapport aux autres pays européens en raison de son système de retraite. Ce retard daterait de 1981, date à laquelle François Mitterrand fait passer l’âge moyen de départ à la retraite de 65 ans à 60.
Dans son discours, François Bayrou annonce la création d’une délégation permanente, en lien avec les forces syndicales. Après discussion des deux instances, cela pourrait aboutir à une loi législative. Dans le cas contraire, la loi adoptée par le Parlement en 2024 continuerait de s'appliquer.
Nous sommes extrêmement en retard sur ce sujet par rapport à nos voisins européens.
Michel Guénaire relève la proposition de François Bayrou concernant la création d'un fonds spécial, destiné à relancer des programmes d'action publique. Concrètement, le Premier Ministre cherche à intégrer l’IA dans l’administration des services publics. Cela serait financé par la vente de biens immobiliers appartenant à l’Etat. Cet ajout de l’IA a pour but d’attirer davantage d’investissements locaux.
François Bayrou s'affirme défenseur des partis politiques et des syndicats. Il souhaite qu'il y ait une expression réelle de toutes les forces de l'opinion au sein du Parlement, et propose la représentation proportionnelle. Il propose une “borne de la démocratie” : un financement étatique des campagnes électorales. Une banque octroierait des prêts aux candidats et aux partis pour l’exercice de leur activité.
Voilà les trois choses concrètes que je retiens. Ni plus ni moins.
Pour l'avocat, le premier ministre actuel François Bayrou et l'ancien premier ministre Michel Barnier, portent l’économie par le financement public. Guénaire corrige: "L'économie, ce n’est pas ça. C'est baisser les impôts sur les entreprises, attirer et garder les talents qui créent de la plus-value économique."
La France aurait à ce jour perdu 1000 milliards de dollars d'investissement courant vers les États-Unis en trois mois, en raison du taux d'imposition qui pèse sur les entreprises françaises (jusqu’à 37,5%). Cette imposition permet en partie de rembourser la dette publique. Les États-Unis, quant à eux, imposent leurs entreprises à près de 14%, bientôt 10%, selon les changements apportés par Donald Trump sur l’économie.
Les entreprises françaises sont prises en otage pour la dette publique.
Ce n'est pas ce qu'attendent les Français. Nous sommes dans une situation qui n'a qu'une urgence : le vote d'un budget
Selon l'avocat d'affaire, le pouvoir d’achat et la sécurité sont les deux sujets dont il faut parler en priorité, et qui ne sont pas évoqués. Le but du discours serait pour lui de faire gagner du temps au Premier Ministre. Il précise : “François Bayrou veut créer des structures, et causer l’érosion des blocs d’opposition pour avoir une majorité empirique. Ce que n’a pas Bayrou, c’est une majorité pour gouverner.”
Aucun parti, pour Guénaire, n’est en mesure d’apporter une réponse qui rompt avec la continuité de ce qui se fait à l’Assemblée Nationale. La “thérapie de choc” que suit l’Argentine depuis peu, est un exemple fort de rupture. Pour l'ancien politique, “Ce processus n’est pas faisable en France car nous avons une histoire, et des précautions nées de cette histoire. Il reste qu’en France, on est à bout de souffle. Le système s'effondre.”
La rupture est pour lui le besoin fondamental. Néanmoins, cette rupture ne devrait pas être en opposition avec la culture française. Le modèle des Etats-Unis, par exemple, n’est pas envisageable.
On n'a pas besoin d'être vulgaire pour être profond. On n'a pas besoin d'être grossier pour faire avancer les choses. Mais nous n'avons plus de classe politique disponible pour une telle rupture.
Pour lui, que certaines études démontrent que le discours politique à l’Assemblée Nationale se dégrade, dit quelque chose de notre époque. La rupture pourrait néanmoins venir d’un tiers, à l’heure où l’économie déploie une grande force dans les affaires publiques.
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