Mercosur, mauvaises récoltes, complexité administrative : les agriculteurs reprennent leur mobilisation. Des actions ont lieu partout en France, notamment dans le Cher. Le président de la FNSEA était dans le département, à Blancafort ce lundi 18 novembre.
Le début d'année avait été marqué par le grand mouvement de mobilisation des agriculteurs. La situation n'est pas apaisée, et ils sont de retour dans les rues pour l'acte 2 de la mobilisation. Arnaud Rousseau, le président de la FNSEA, était à Blancafort ce lundi pour lancer le mouvement. Cette petite commune du Berry devrait voir son abattoir de dinde fermer ses portes en mars 2025, avec 116 suppressions d'emplois. Cela mettra aussi en difficulté une cinquantaine d'éleveurs du secteur. Dans le département, mais aussi dans toute la France, les agriculteurs sont en souffrance : « Quand vous avez ce contexte politique national, mais aussi international avec le Mercosur et que vos outils industriels ferment à proximité... Vous vous questionnez sur votre avenir » alerte Arnaud Rousseau. « Nos demandes sont toujours les mêmes. Comment on fait pour avoir un espace de commerce qui nous protège ? Comment on simplifie la vie des agriculteurs et des agricultrices de ce pays ? Et puis, il y a le sujet central du revenu. »
La situation financière des agriculteurs est particulièrement tendue en ce moment, après une année marquée par d'importantes précipitations qui ont entraîné des récoltes mauvaises, voire désastreuses. « On est en pleine période de semis et les terres sont inondées, c'est très difficile. Dans notre métier, on fait de l'agriculture de précision, mais aujourd'hui, on fait de l'agriculture de débrouillardise... On massacre tout et on ne fait pas du travail très propre » s'inquiète Béranger Ferrand, céréalier et Secrétaire général des Jeunes Agriculteurs du Cher. La pression augmente sur les exploitants : « L'urgence absolue est d'activer les solutions de trésorerie » explique Denis Jamet, Président de la FDSEA du Cher. « Avec des prêts bancaires garantis par l'État et des taux bonifiés pour nous permettre de passer ce très mauvais cap. On nous les avait promis en mars dernier, mais ce n'est toujours pas arrivé. Il faut impérativement que ce soit dans les semaines à venir ». Sans soutien de l'État, les syndicats agricoles craignent des fermetures d'exploitations.
Sur le terrain, c'est un ras-le-bol général pour les agriculteurs : « On voit des distorsions de concurrence mondiale et européenne. On nous parle à longueur de temps de souveraineté alimentaire, mais finalement, on ne respecte pas la loi Egalim. On se rend compte qu'on importe quand même 60 % de notre alimentation en France. On a de vrais problèmes de trésorerie... On joue avec des sommes qui sont importantes, même si à la fin on ne se paye qu'un Smic ! » dénonce Béranger Ferrand. Le mouvement des agriculteurs va continuer. Il devrait s'arrêter avant les fêtes de Noël a précisé Arnaud Rousseau. Dans le Cher, les tracteurs convergeront ce mardi matin, direction Bourges, où ils se retrouveront place de l'Europe à la mi-journée.
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